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L'épuisement de la méthode d'Oslo entre Israéliens et
Palestiniens Une coalition de droite et d'extrême droite dirigée par
Benyamin Nétanyahou ne saurait être une bonne nouvelle pour le processus de
paix israélo-palestinien. Selon la presse israélienne, citant un ancien
ambassadeur des Etats-Unis à Tel-Aviv, Daniel Kurtzer, proche de Barack
Obama, l'administration américaine et le responsable de la diplomatie
européenne, Javier Solana, auraient déjà discrètement exprimé leurs réticences
face à une telle combinaison. Les plus optimistes mettront en avant le fait que le chef du
Likoud avait signé pendant son premier passage au pouvoir, de 1996 à 1999, un
plan de partage de la ville palestinienne d'Hébron au grand dam de la droite
et des colons radicaux qui s'y sont enkystés. Les plus réalistes se
souviendront que "Bibi" Nétanyahou avait contribué à briser la
dynamique des accords israélo-palestiniens d'Oslo auxquels il s'était
violemment opposé au moment de leur signature, en 1993. Avec une nouvelle équipe ancrée à droite, la perspective d'un
règlement du dossier palestinien s'estompe définitivement au profit de la
gestion, selon des critères sécuritaires, des territoires palestiniens. L'émergence du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) et
sa rivalité avec le Fatah de Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité
palestinienne, avaient déjà porté un coup sérieux au cadre politique qui
prévalait jusqu'à présent pour le dossier israélo-palestinien. Avec un
premier ministre israélien otage de factions radicales toutes hostiles à un
partage de Jérusalem et dont certaines nient la légitimité même d'un éventuel
Etat palestinien, l'illusion de poursuivre comme si de rien n'était se
dissipe. Quinze ans après le début d'un processus de paix fondé sur une
politique de "petits pas" et des échéanciers rarement respectés, il
appartient aux parrains politiques (les Etats-Unis) et financiers (les
Européens) de dresser le bilan d'une méthode qui n'a pas produit les
résultats escomptés. La possibilité de créer un Etat palestinien à Gaza et en Cisjordanie
est maintenant ouvertement discutée, en Israël comme dans les territoires
palestiniens. Elle demeure pourtant l'objectif de la communauté
internationale, comme l'a rappelé vendredi 20 février Susan Rice, la nouvelle
ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, après la désignation de M.
Nétanyahou. Les parrains internationaux du processus israélo-palestinien
doivent donc trancher entre deux alternatives. Soit accepter le statu quo
qu'ils entretiennent en grande partie par le soutien financier à l'Autorité
palestinienne. Soit forcer à la paix deux camps trop faibles pour parvenir
par leurs propres moyens à un accord de paix. Gilles Paris |