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Déclarations
de Nabil EL HAGGAR L’Europe est coupable, deuxième partie 9 mars
2009 Par Nabil El-Haggar, Universitaire, Quand la vérité n’est pas
libre, la liberté n’est pas vraie Prévert Dans
la première partie de ce texte, nous
avons rappelé que la classe politique européenne était informée et avons tenté de montrer sa
complicité dans le massacre qui a détruit Gaza et enlevé la vie à des milliers de palestiniens. Dans cette
deuxième partie, nous nous intéresserons à l’opinion publique européenne et
ses responsabilités envers un peuple palestinien en souffrance, abandonné
seul face à une machine coloniale qui se considère au-dessus du droit et de
tout autre considération. Les blocages de l’opinion publique
européenne
Il est important autant pour les victimes
palestiniennes que pour nos concitoyens de situer, à la veille des élections européennes,
la place qu’occupe l’opinion publique dans cette systématicité politique
complice avec Israël. Pour évoquer l’injustice commise à l’égard des
Palestiniens et chercher le soutien de l’opinion publique à leur juste cause,
il faudrait d’abord répondre aux questions suivantes : Pourquoi cette
opinion, des décennies durant, a-t-elle été inconditionnellement favorable
aux thèses israéliennes ? Pourquoi, encore aujourd’hui, même quand
l’évidence interpelle leur conscience et leur sens moral, un grand nombre
d’Européens ont-ils tant de difficultés à critiquer Israël et refusent de le
condamner ? En effet, dans
le regard que l’on porte sur le conflit, israélo-arabe d’abord,
israélo-palestinien ensuite, la vérité a toujours été occultée par le
mensonge. Quand elle n’était pas simplement niée, elle était systématiquement
écartée. Quatre
raisons au moins ont permis que le mensonge direct ou indirect par le
non-dit puisse triompher aussi longtemps : -
Le clivage
spontané et culturel Il est évident que les démocraties
occidentales, malgré leurs efforts, restent entachées d’un passé colonial peu
glorieux. Encore aujourd’hui, l’européocentrisme et une certaine culture
néocoloniale peuvent influencer le regard que l’on porte sur l’autre,
cet autre, lointain, inconnu ou mal connu, que l’on ignore ou que l’on
méprise autant qu’on peut et que l’on déteste s’il le faut. Bien entendu, il n’est pas question de
faire croire que l’autre est plus respecté en Orient, et que le regard que
l’on porte sur lui est plus ouvert. Bien au contraire, l’Orient
arabo-musulman, lui non plus, ne se prive pas de
porter un regard déformé sur l’Occident et sans doute aurait-il beaucoup à
apprendre de l’expérience démocratique occidentale. Si on ne peut, en toute
rigueur, parler d’orientalo-centrisme, en revanche, on devrait
regarder de très près le développement des différentes forces, très
populaires dans le monde arabo-musulman, engendrées par une
instrumentalisation effrénée de l’Islam, et les conséquences qui en
découlent. Une vision binaire du monde domine le discours de l’Islam
politique radical qui puise notamment sa force dans la faiblesse du monde
dont il est issu et dans la domination d’un Occident qui excelle dans
l’exercice, au niveau des relations internationales, du principe de deux
poids, deux mesures. La Palestine est à la
fois au centre de ce discours islamiste et une victime permanente de la
politique de deux poids, deux mesures. Il n’en reste pas moins que la cause
palestinienne est bien victime d’un clivage, spontané et culturel, que
l’inconscient collectif européen situe entre le Nous et le Eux.
Un clivage entre le "ici" et le "là-bas". Le
Palestinien fait partie d’Eux, de l’autre alors que l’Israélien
est d’ici, il fait partie de Nous. Quand on lit chez un
grand philosophe européen, Habermas, dans le journal Le Monde[1] :
« … aucun Européen ne peut remettre en cause l’existence de l’État
d’Israël ... », on comprend à quel point ce clivage est réel. Le
plus remarquable dans ce propos est moins l’affirmation elle-même que
l’absence du Palestinien dans le propos. Habermas arrive à faire
abstraction totale des Palestiniens, alors que, bien évidemment, il est non
seulement bien informé de leur existence, mais, sans doute, sensible à leur
souffrance. Cela ne l’empêche pas, sur le plan éthique et intellectuel, de
porter un regard sur Israël et sa politique, en tant qu’une affaire
européo-israélienne ! La question se pose donc : comment un philosophe
de cette envergure peut-il être aussi
spontané et simpliste dans une analyse politique ? -La mauvaise conscience occidentale
L’Europe a enfanté l’anti-judaïsme puis l’a
transformé en antisémitisme. Elle a enfanté le nazisme. Elle est responsable
de siècles de discrimination envers sa population juive, considérée
d’abord en peuple déicide, en peuple paria ensuite. Il y a un peu plus de
soixante ans, elle a envoyé des millions de Juifs à la mort. Dans ce cas,
avoir mauvaise conscience est plutôt rassurant. Néanmoins, c’est cette même
mauvaise conscience qui sera instrumentalisée par le sionisme et l’État
d’Israël et qui, entre autres, permettra le durable aveuglément que l’on
connaît. Israël est né en Europe, il est son prolongement, il en fait partie.
Il aura fallu que des Européens
programment et exécutent un génocide à l’encontre des Juifs européens, qu'un
grand nombre de survivants deviennent, souvent malgré eux, des colons dans une Palestine soumise à une
conquête coloniale, pour qu’enfin l’Europe considère ses Juifs comme des
Européens à part entière. Il aura fallu que l’Europe transforme les
survivants de ses Juifs en colons, malgré eux, sur une terre choisie, confisquée,
prise et quasiment vidée de ses autochtones pour y construire un nouveau
pays, pour considérer enfin les Juifs d’Israël, à plus de 4000 km de
l’Europe, comme des Européens, et traiter l'Etat d'Israël nouvellement créé
comme bastion avancé de l'Europe.
L’instrumentalisation de l’horreur
antisémite aura été un des principaux piliers, à la fois, du discours pro
israélien et de la confiscation du judaïsme par le sionisme. La facilité avec
laquelle l’opinion se fige devant le mal que fait Israël aux Palestiniens
pourrait laisser croire qu’il appartient aux Palestiniens de payer le prix
des crimes antisémites commis en Europe. Les amis européens des Palestiniens
se sentent obligés de prendre nombre de précautions avant de relater, ne
serait ce que les effets historiques du conflit. Ils ont pour obligation, en
guise d’introduction, à toute expression favorable aux Palestiniens et
défavorable à Israël, de rassurer sur leur bonne foi et prouver leur
innocence du crime d'antisémitisme. La facilité avec laquelle la mauvaise
conscience européenne se montre efficace dans l’abandon du Palestinien dans
ses souffrances oblige à répéter des évidences, rappelant que les
Palestiniens ne sont pour rien dans les crimes antisémites et que les
gendarmes qui ont procédé aux rafles des juifs dans le métro parisien, en
1942, pour les envoyer dans les camps de la mort, s’appelaient Jean, Pierre,
François, Alain… Que les directeurs d’écoles qui ont livré, à la Gestapo, les
listes d’enfants juifs inscrits dans leurs écoles, avant même qu’on le leur
demande, étaient des Français !. En même temps, la Shoah est
singularisée, l’horreur est hiérarchisée. Comme s'il incarnait la seule
réponse capable de compenser la souffrance juive, considéré comme le dernier
refuge du peuple juif, Israël est considéré comme une exception et par là
même, la souffrance palestinienne devient secondaire. Un blanc-seing est
ainsi donné à Israël, ce qui l'exonère de tout critique. Plus grave est cette
perversion que l’on fait subir à la Raison, induite par la volonté de
justifier le statut d’exception ainsi octroyé à Israël. Pour ce faire, on
exige de mettre de côté notre Raison, la bannir et l’obliger à s’incliner
devant l’exception. Tout en oubliant qu’à chaque fois que l’on accepte une
exception, on enterre le principe fondateur de cette même exception !
L’acceptation de l’exception israélienne a enterré le principe du droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes. De plus, quand il s’agit de la question
israélo-palestinienne, l’atteinte à la Raison qui est pourtant le socle de
notre civilisation et le fondement de notre modernité, nous conduit à mettre
entre parenthèses notre éthique politique, en acceptant son annulation devant
« la puissance de l’exception israélienne » ! Céder aux
exceptions exigées par ce politiquement correct conduit à notre
acceptation de la catastrophique politique de Deux poids, Deux mesures.
Quand on cumule ainsi
le clivage culturel et la mauvaise conscience, l’irrationnel prend le dessus
et des grands penseurs se diminuent, ne serait ce que le temps d'écrire un
texte sur le conflit israélo-palestinien. - Le clivage politique
Israël est
politiquement un allié naturel de l’Occident. Économiquement, culturellement,
scientifiquement, et surtout militairement, il est non seulement l’enfant
prodige, mais aussi l’allié sur lequel on peut compter en toutes
circonstances. Aussi honorables soient les sympathies que des hommes
politiques puissent avoir à l’égard des Palestiniens, rares sont ceux qui
sont capables d'opérer une rupture avec Israël. Leur propre connaissance de
la question palestinienne frôle parfois l’ignorance et, victimes spontanées
du clivage culturel et de la mauvaise conscience, menacés par le déferlement
de l’inquisition sioniste, la classe politique européenne, dans sa majorité,
n’a ni l’envie, ni les moyens de prendre des décisions qui mettent en cause
Israël. La tergiversation du Parlement européen lors du renouvellement des
accords scientifiques entre l’Europe et Israël montre l’exemple de ce
blocage. L’abstention de certains pays européens, lors du vote de l’Assemblée
Générale de l’O.N.U. concernant la question du Mur en est un autre. Pire
encore, on pourrait se demander pourquoi le Ministre français des affaires
étrangères a éprouvé le besoin d’envoyer au Tribunal international (T.P.I.),
un mémorandum, faisant la démonstration que la question du Mur est politique
et non juridique ! En d’autres termes, en quoi une éventuelle
condamnation d’Israël par le TPI dérangeait-elle la France et l’Europe, alors
qu’elles se sont déclarées contre le Mur ? Prenons encore
l’anecdote du sondage fait auprès de l’opinion publique européenne en
décembre 2003. A la question : quel pays serait
le plus dangereux pour la paix dans le monde ? Une majorité avait désigné Israël. Certes, ce n’est qu’un
sondage avec toutes les limites des conclusions que l’on pourrait en tirer,
néanmoins, le Président de la Commission Européenne, Prodi, a éprouvé le
besoin d’adresser une lettre de justification au Premier ministre israélien,
l’assurant du non-antisémitisme des peuples européens et de l’amitié
de l’Europe envers le peuple d’Israël ! Nous sommes, dans ce cas, face au
comble de l’absurde, de l’hypocrisie et de l’amalgame. Dans un autre genre, François
Mitterrand, Président de la République française, fraîchement élu, a effectué
sa première visite à l’étranger en Israël, ce qui a est en soi une expression
de son amitié à Israël. Mais, plus symbolique et plus grave, s’adressant aux
députés israéliens, à la Knesset, il exprime l’honneur qui est le sien de
s’adresser aux représentants du peuple juif depuis plus de deux mille ans ! Plus récemment, suite à une affaire
crapuleuse d’enlèvement et de meurtre d’un jeune juif français[2],
Nicolas Sarkozy[3],
ministre de l’intérieur de la France, a tenu à l’Assemblée Nationale un
propos pour le moins étonnant : « les
perquisitions ont permis de découvrir des documents de soutien au Comité de Bienveillance et de Secours aux
Palestiniens[4], ainsi que des prescriptions de caractère salafiste ». Nous
ne discutons pas de la question qui avait animé, à juste titre, les médias et
scandalisé la classe politique, concernant le caractère antisémite du
meurtre. Ce qui pose question dans le propos du Ministre, citant la Palestine
dans une affaire crapuleuse et de plus antisémite, est le fait que le
ministre a éprouvé le besoin de rapporter la présence de ce tract. Un tel propos fait forcément croire que la présence d’un
tel document, en rapport avec la Palestine, vient étayer la thèse antisémite
et que « Palestine » et « salafiste » sont des mots qui
vont ensemble. C’est tout simplement scandaleux et totalement injuste. Le
ministre de la République serait-il, du haut de la plus importante et la plus
symbolique des tribunes, lui aussi victime de ses préjugés sur la question
palestinienne? A-t-il, ne serait ce que le temps d’une intervention, perdu la
raison pour laisser exprimer l’émotion ? Ce qui n’est pas scandaleux en
soi, un ministre est un homme qui peut parfois se laisser à
l’émotion, auquel cas, nous aurions appris de
quelle source, concernant la question palestinienne, se nourrit l’émotionnel
de Monsieur Sarkozy. En revanche, sachant que l’antisémitisme fait partie de
la culture politique des Salafistes, on comprend sans difficulté l’intérêt de
la citation des prescriptions de caractère salafiste. Avec les excuses de
Prodi, comme avec le discours de Mitterrand, l'homme politique européen
reconnaît, très officiellement et solennellement, dans l'État-nation Israël
une continuité de la présence juive antique en Palestine. Dans ce cas,
s’agirait-il d’une confusion, d’une caricature politique, qui relèverait de
la traditionnelle langue de bois des politiques ? Nous ne le
pensons pas. Il s’agit bel et bien, d’une conviction que l’on se
fabrique à partir d’un irrationnel contraire au fondement de la modernité
européenne. Pour justifier l’injustifiable, on se convainc qu’Israël
l’européen, est une continuité de la Judée et de la Samarie bibliques. Par
cela même, cette conviction, autorisant Israël à transcender
l’histoire, légitimant la conquête sioniste coloniale de la Palestine, en la
transformant en reconquête humaine, justifierait l’injustice commise
contre les Palestiniens et dans laquelle l’Europe a une responsabilité
historique. L’exemple de Sarkozy est intéressant dans la mesure où il montre
les préjugés dans le discours politique. Quant
à l’évocation, ci-dessus, de l’hypothétique aspect émotionnel, elle aura du
moins l’intérêt d’intégrer à juste titre l’émotionnel, souvent mis de côté
dans l’analyse des convictions qui font les décisions politiques. En effet, le champ émotionnel des politiques se nourrit,
comme pour tout un chacun, d’un ensemble complexe d’éléments socio-culturels
propre à l’histoire des individus. Tout laisse à croire que l’histoire de
l’antisémitisme européen, rejointe par celle de l’européo-centrisme et du
clivage culturel, a conduit à une ignorance, consciemment ou inconsciemment
entretenue, qui forge un émotionnel naturellement anti-palestinien. De plus
cet émotionnel conforte le politique européen qui a besoin d'arguments pour
justifier, voire se justifier de son inconditionnel soutien politique actuel
à l’État d’Israël, mais aussi pour se donner des explications éthiques et
historiques qui justifieraient une conquête immorale éthiquement,
inacceptable d'un point de vue politique et rationnellement injustifiable au
temps de la décolonisation et de la repentance ! - L’ignorance et l’absence de réflexion
Dans la culture de
l’Européen ordinaire, la Palestine n’est, à double titre, qu’une abstraction.
Elle est un pays lointain qu’on ne connaît pas et qu’on ne cherche pas à
connaître. Elle est biblique et l’on préfère ainsi la garder mythique, ce qui
permet de ne pas supporter la réalité physique d’une Palestine peuplée
d’Arabes et de Musulmans. D’ailleurs, on ne sait pas, ou on l’oublie, que la
Palestine est aussi chrétienne et juive, que le premier Chrétien de la terre
était palestinien ! L’histoire contemporaine de la Palestine
est rarement connue. C’est la guerre d’indépendance de l’État d’Israël qui
est enseignée à l’école. On n’arrête pas de répéter tantôt qu’il s’agit d’un conflit
israélo-arabe, tantôt d’un conflit judéo-arabe héréditaire, tantôt d’une
question de frontières, de guerres entre pays, d’incompréhension entre
peuples ou d’intérêts économiques. Peu,
trop peu nombreux sont les Européens qui connaissent les principales vérités
soigneusement et longuement écartées dont celle relative à la manière dont la
création d’Israël a eu lieu en 1948. Celle qui apprendrait aux jeunes et
moins jeunes que la Palestine était un pays peuplé par ses habitants, les
Palestiniens qui vivaient en société organisée du haut en bas, avec ses
riches et ses pauvres, ses intellectuels et ses ouvriers, ses citadins et ses
paysans. Que l’Hamlet de Shakespeare a été joué, en arabe et, entre autres,
par une femme sur une scène de théâtre à Haïfa, en 1931, que l’Union Générale
des Etudiants de Palestine, l’Union Générale des Ouvriers de Palestine, comme
celle des Femmes de Palestine sont nées à la fin des années vingt, que le
parti communiste palestinien est né avant le parti communiste chinois. Que
simplement les Palestiniens n’ont jamais cessé de constituer une société et
aspiraient à construire leur propre modernité, que les Palestiniens ont subi
une injustice effroyable, une expulsion forcée, une humiliation, une
expropriation et des massacres. On oublie qu’un véritable génocide social a
été programmé afin de déstructurer et détruire la société palestinienne. Pourquoi
serait-il immoral de rappeler qu’en 1948, il s’est agi du rapt, du vol d’un
pays tout entier, avec la complicité de l’Europe, des Etats-Unis et du monde
civilisé ? Très peu nombreux
sont ceux qui connaissent l’horreur dont Israël est capable à l’égard des
Palestiniens, que la société coloniale israélienne, comme toutes les sociétés
humaines, est capable de faire mal à l’autre, d’autant plus que cet autre, le
Palestinien, est considéré comme une menace, qu’Israël, même peuplé par les
descendants des victimes de la Shoah et capable de produire de la démocratie,
de la technologie et de la culture, mais aussi d’engendrer de la barbarie au
quotidien et que ce quotidien est subi par les Palestiniens. En
guise de conclusion Ça serait une erreur de croire que l’Europe est une complice
forcée d’Israël. Qu’elle aurait capitulé comme l’ont écrit certains
spécialistes français du Moyen-Orient.
L’Europe politique n’a pas capitulé devant Israël, elle soutient Israël, et
elle l’aime. Elle est une alliée fidèle et consciente d’Israël. D’ailleurs, il convient de faire remarquer
que le rapprochement entre la vision européenne de « la paix dans le
monde » et celle des Etats-Unis s’opère chaque jour. Une véritable
alliance européo israélo américain se construit sous nos yeux, grandit, se
transforme et s’harmonise pour le plus grand plaisir d’Israël et son puissant
lobby américain. Comment et pourquoi ? Le
Président de la République vient d’annoncer, le 27 février, que la France
réintégrerait[5] le Haut Commandement
militaire de l'Otan lors du prochain Sommet de l'Organisation à
Strasbourg, le 4 avril prochain. Le Premier ministre François Fillon a
annoncé qu'à l'occasion du débat le 17 mars prochain à l'Assemblée nationale
sur le retour de la France dans la structure militaire intégrée de l'OTAN, il
entendait engager la responsabilité de son gouvernement. L’abandon de la
position française initiée par le Général De Gaulle en 1966 et le virage atlantiste
de la France seront ainsi complets ! Par
ailleurs, des liens très forts ont toujours animé les relations entre l’Otan
et Israël depuis la création de ce dernier. À ses débuts, cette relation se
voulait discrète. Depuis la fin de la
guerre froide, Israël occupe une place de choix entre les Etats-Unis et les
anciens pays de l’Est, d’une part, et, d’autre part, entre les Etats-unis et
l’Europe. Aujourd’hui, Israël est un membre associé à l’Otan et à ce titre,
il occupe une place stratégique pour le maintien de « la paix dans le
monde ». Une paix dont l’accomplissement passe par la guerre sans
merci contre le terrorisme. À sa création, Israël était chargé d’être le
bastion contre la barbarie. Aujourd’hui, il s’agit de confier à Israël la
tête du combat contre « une nouvelle barbarie » : le
« terrorisme au Moyen-Orient. Ce
combat exige un soutien sans faille des alliés : les Etats-Unis et
l’Europe. L’envoi
de la frégate française "Germinal"[6]
qui a procédé pendant deux semaines à des actions de surveillance dans les
eaux internationales au large de la Bande de Gaza en est l’illustration. Nous avons tous suivi, pendant le massacre de Gaza, la
mobilisation des chefs d’Etats européens auprès de l’Egyptien Mobarak, le
président Sarkozy, le Britannique Brown, l’Espagnol Zapatero, l’Allemande
Merkel. Ces chefs d’Etats engageaient certes leurs pays et une grande partie
de l’Europe. Mais l’essentiel de cet événement prend son sens dans
l’inauguration de leur présence au Moyen orient en tant que membres actifs de l’Otan. L’Europe politique a été conquise à la vision
israélo–américaine, une vision d’un monde binaire : le monde du bien et
celui du mal. Ce
qui veut dire que désormais, ce n’est plus l’Europe qui s’exprimera lorsqu’il
s’agira du conflit israélo-palestinien mais la partie européenne de l’Otan.
L’Europe est coupable ! Décidément, il est plus qu’urgent que les peuples de l’Europe se
mêlent de politique ! |
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[1] Jürgen Habermas, "Dans la pratique, l'antisionisme est désormais discrédité" in Le Monde, 31 janvier 2004
[2] Il s’agit de la tragique affaire de l’enlèvement et du meurtre d’Ilan Halimi, un jeune juif de 23 ans dont le corps dénudé et meurtri, par une bande de meurtriers et kidnappeurs qui se nome « les Barbares » a été retrouvé le 13 février dernier près de la gare de Sainte-Geneviève des Bois (Essonne).
[3] Le ministre de l’intérieur intervenait après que les enquêteurs sur le meurtre en question aient déclaré que l’accusation pense que le caractère juif de la victime n’est pas étranger à son assassinat.
[4] Le Comite de Bienveillance et de Secours aux Palestiniens est une ONG française d’obédience islamique.
[5] La France est sortie du commandement intégré de l’Otan sur décision du Général De Gaulle en 1966
[6] permis de tuer (3), l’Europe coupable, première partie, notre article