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Article paru le 12 mars 2009 http://www.humanite.fr/Salah-Hamouri-Lettre-du-fond-de-ma-prison
Salah Hamouri
: "Lettre du fond de ma prison" Salah Hamouri
témoigne des conditions de détention "Dans ma première
lettre, je vous ai parlé des premiers mois passés en prison pendant l’épreuve
de l’interrogatoire. Je vais vous parler
maintenant de la « deuxième période : la vie quotidienne en
prison », qui laisse des marques sur la vie des prisonniers et sur leur
futur. Je suis en cellule avec
sept autres prisonniers, dont certains ont déjà passé plus de vingt ans
derrière les barreaux. Il y a en prison toute une
organisation et des lois intérieures, mais ce qui est important, c’est le
développement du mouvement des prisonniers. En effet, les changements dans
l’organisation de la vie en prison ont demandé beaucoup de temps, d’efforts
et de sacrifices. Avant l’année 1992, l’oppression était forte en prison,
malgré la résistance et la solidarité des détenus. 1992 marque l’année d’une
lutte où les prisonniers ont organisé un mouvement de résistance en faisant
une grève de la faim afin d’obtenir le minimum vital et leurs droits. Cette
grève a duré dix-sept jours. La rue palestinienne était solidaire, malgré les
difficultés et la répression israélienne. Les prisonniers ont gagné cette
bataille. Ils ont réussi à obtenir quelques améliorations dans leur quotidien
difficile, par exemple ils ont eu le droit d’avoir un contact quelques
minutes avec leurs enfants pendant les visites, de faire rentrer couvertures
et vêtements apportés par les familles, de pouvoir étudier à l’université par
correspondance, de regarder la télé afin de ne pas être coupé du monde
complètement. Ces
« victoires » ont eu une influence sur la vie des prisonniers et
leur ont donné du courage. En prison, il y a une vie très
structurée, chaque prisonnier, chaque organisation politique connaît ses
droits et ses devoirs. Chaque groupe politique est représenté dans des
comités, un prisonnier élu par les autres représente l’ensemble des détenus
devant l’administration quand il y a un problème, une réclamation, etc. Le but de l’occupation
israélienne est d’isoler les prisonniers, mais notre organisation nous permet
de rester forts, solidaires, de faire respecter nos droits, pour lesquels il
nous faut toujours lutter, malgré les tentatives de l’autorité israélienne de
nous casser. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs tentatives pour nous
rendre la vie plus difficile. La première étant de nous
interdire les livres que nos familles pouvaient nous apporter en nombre
limité. C’est une manière de nous tuer culturellement, la lecture étant notre
occupation principale. La seconde est de nous faire payer des amendes si nous
n’obéissions pas au règlement. Il est fréquent aussi que
des détenus soient mis en isolement et privés de visites. En effet, nos familles
peuvent nous rendre visite deux fois par mois pendant 45 minutes, nous savons
que, pour elles, c’est difficile, certains ont des parents âgés ou malades
qui supportent mal les trajets et l’attente dehors. Mais nos familles sont
solidaires malgré les difficultés. Pendant la visite, nous sommes séparés de
nos parents par une vitre épaisse et on peut se parler avec un interphone. Le
temps passe vite, je dois déjà m’arrêter d’écrire…" Salah, Prison de Guilboa, le 20
février 200 |