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paru dans l'édition du 07 mai 2009 Israël mis en cause
à Gaza par l'ONU NEW YORK (NATIONS
UNIES) CORRESPONDANT Un rapport d'enquête
de l'ONU, partiellement publié mardi 5 mai, tient le gouvernement israélien
pour "responsable" de la mort de dizaines de civils qui,
durant la guerre à Gaza, en janvier, avaient trouvé refuge dans des écoles et
un dispensaire des Nations unies. Contredisant les arguments avancés par
Israël pour justifier ces frappes, le document affirme "qu'aucune
activité militaire n'a été menée depuis les enceintes de l'ONU" par
le Hamas ou d'autres groupes palestiniens. Israël a immédiatement rejeté ces conclusions, jugées "partiales",
accusant le Hamas d'avoir "intimidé" les habitants de Gaza
et ainsi "dupé les enquêteurs, l'ONU et l'opinion publique". Commandé par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, le
rapport revient sur l'attaque du 6 janvier, à proximité immédiate de l'école
de l'Unrwa (agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens), à
Jabaliya, qui avait fait entre 30 et 40 morts. Contrairement à ce qu'avaient
affirmé les autorités israéliennes, il n'y a eu, selon les enquêteurs, "aucun
tir" de mortier par le Hamas depuis l'enceinte de l'école, ni "aucun
explosif" stocké sur place. La commission, dont le mandat se limitait aux pertes
occasionnées dans les enceintes de l'ONU, n'a pas pu "conclure"
si des mortiers avaient tiré contre Tsahal depuis "les
alentours" de l'école. Elle précise toutefois que "la
majorité" des témoignages indique que "cela n'a pas été le
cas". Les coordonnées GPS de l'établissement avaient par ailleurs
été communiquées à l'armée israélienne. Evoquant l'attaque du 17 janvier contre l'école de Beit Lahia,
également gérée par l'Unrwa, et où deux enfants âgés de 5 et 7 ans avaient
péri, les enquêteurs estiment que le tir par Tsahal de "projectiles
contenant du phosphore blanc" (une substance incendiaire) "s'apparentait
à un mépris irresponsable pour les vies et la sécurité de ceux qui avaient
trouvé refuge dans l'école". DÉDOMMAGEMENTS Au total, la commission "a conclu que le gouvernement
israélien (était) responsable des morts et blessures occasionnés dans
les enceintes de l'ONU" dans six des neuf incidents étudiés, y
compris l'incendie des entrepôts du siège de l'organisation à Gaza, le 15
janvier. Seuls les dommages occasionnés à un hangar du Programme
alimentaire mondial (PAM) sont attribués à "une faction
palestinienne, probablement le Hamas". L'utilisation par les
militants palestiniens de roquettes artisanales révèle, précise le rapport,
une "intention de causer des pertes humaines civiles". Le rapport recommande à l'ONU d'exiger qu'Israël rétablisse la
vérité, en reconnaissant que le Hamas n'a pas opéré depuis les enceintes de
l'ONU. Il préconise que l'Etat juif paye des dédommagements (estimés à plus
de 8 millions d'euros). Ban Ki-moon a toutefois rejeté les recommandations
visant à établir une commission au mandat élargi pour, notamment, enquêter
sur l'utilisation par l'armée israélienne de munitions au phosphore blanc,
prohibées dans les zones densément peuplées. Philippe Bolopion |
Réaction
dans LeMonde.fr L'ONU met Tsahal en
cause, Le ministère des affaires étrangères israélien a violemment
réagi, mardi 5 mai, à la publication du rapport de l'ONU qui met en cause la
responsabilité de l'armée israélienne dans six incidents ayant provoqué des morts,
blessures ou dégâts dans les installations de l'UNRWA (l'agence de l'ONU pour
l'aide aux réfugiés palestiniens) à Gaza. Estimant que le texte était
"tendancieux et manifestement biaisé", il reproche à la commission
d'enquête indépendante mise sur pied par l'ONU de jouer le jeu du Hamas. Le porte-parole du ministère, Ygal Palmor, a déclaré au Jerusalem Post que les enquêteurs avaient ignoré les faits
tels qu'ils ont été présentés par Israël à la commission. Les preuves et les
documents fournis comportaient notamment des vidéos, des photographies
aériennes et des témoignages attestant de l'implication de l'organisation
islamiste dans ces incidents. Pour Ygal Palmor, le Hamas a délibérément
utilisé des bâtiments civils et fait pression sur la population gazaouie pour
l'empêcher de dire la vérité. Dans un communiqué, le ministère israélien des affaires
étrangères fait également valoir qu'une enquête indépendante israélienne,
rendue publique il y a deux semaines, démontre que Tsahal n'avait pas
intentionnellement visé les sites de l'ONU pendant l'opération "Plomb
durci" dans la bande de Gaza. "Nous avons l'armée la plus morale du
monde", a renchéri le ministre de la défense, Ehoud Barak, cité par YnetNews.com. Le président israélien, Shimon Pérès, actuellement en visite
aux Etats-Unis, doit bientôt rencontrer le sécrétaire général de l'ONU, Ban
Ki-moon. Il "a lui aussi été recruté pour mener la bataille diplomatique
contre le rapport", explique YnetNews.com. D'après le quotidien Haaretz,
les répérations demandées par l'ONU pourraient atteindre 11 millions de
dollars (8,2 millions d'euros). Les négociations entre Israël et
l'organisation internationale devraient commencer dans les semaines à venir. Pour en savoir plus: - L'avis de l'ONG
israélienne B'tselem sur l'enquête publiée le 22 avril par la commission d'enquête
israélienne. |
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