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paru dans l'édition du 07 mai 2009 Compte rendu La "nouvelle
voie" israélienne Après Rome et Paris,
le ministre des affaires étrangères israélien, Avigdor Lieberman, devait
poursuivre à Prague, mercredi 6 mai, une première tournée en Europe destinée
à présenter les prémices de la diplomatie que le nouveau gouvernement
israélien entend promouvoir. Cette politique, qui fait de la menace iranienne
une priorité absolue, sera dévoilée le 18 mai lors d'une visite à Washington
du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. A Paris, M.
Lieberman s'est tout d'abord entretenu avec son homologue, Bernard Kouchner,
puis avec le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant. Au Quai d'Orsay,
le ministre israélien, jugé "articulé et vif" par ses
interlocuteurs, a justifié la nécessité d'une nouvelle approche du dossier
palestinien à l'aune des échecs enregistrés depuis le lancement du processus
de paix en 1993. Il a demandé à ses
interlocuteurs de "faire crédit" à la nouvelle équipe pour
chercher une "nouvelle voie" privilégiant la sécurité (par
le renforcement des services de sécurité de l'Autorité palestinienne) et
l'amélioration de l'économie palestinienne en Cisjordanie. Un processus
politique ne serait envisagé qu'après une période de stabilisation qui
pourrait s'étendre sur "cinq à sept ans", de source
israélienne. M. Lieberman a répété que le règlement du problème iranien était
cependant prioritaire et qu'il faciliterait celui de la question
palestinienne, et non l'inverse. Ces propositions
sont très éloignées des principes privilégiés par l'Union européenne et les
Etats-Unis qui défendent la création au plus vite d'un Etat palestinien et
qui souhaitent que le gouvernement israélien s'inscrive dans le principe des
deux Etats, ce qu'il rechigne à faire depuis son entrée en fonctions. "Sur
le fond, il n'y a pas énormément de sujets d'entente", a reconnu une
source israélienne, ce qu'a confirmé l'entourage du ministre français, qui a
évoqué "deux monologues". "PASSER DES
MESSAGES" Hostile à la relance
de négociations indirectes avec la Syrie, M. Lieberman n'a pas non plus donné
suite aux demandes françaises d'ouvertures sur Gaza, toujours soumis à blocus
israélien. Le ministre israélien a envisagé au contraire "l'asphyxie"
du Hamas qui contrôle l'étroite bande de terre dans un entretien au Jerusalem
Post. Selon l'entourage de
M. Kouchner, "si Lieberman ne fixe pas la politique étrangère
d'Israël puisque c'est la tâche du premier ministre, il reste utile pour
faire passer des messages, à commencer par celui de notre détermination".
Pour la France, il n'est d'ailleurs pas question de déconnecter la relation
entre Israël et l'Union européenne du processus israélo-palestinien comme le
souhaite ouvertement le gouvernement de M. Nétanyahou. Ce dernier a reçu des
messages similaires, mardi, de la part du vice-président des Etats-Unis, Joe
Biden, qui a choisi le congrès de l'American Israel Public Affairs Committee
(Aipac), le plus puissant groupe de pression pro-israélien américain, pour
réaffirmer les convictions de la nouvelle administration américaine. "Israël doit
travailler à une solution à deux Etats", a assuré M. Biden avant d'ajouter : "Vous
n'allez pas beaucoup aimer ce que je vais vous dire, mais arrêtez de
construire de nouvelles colonies, démantelez les avant-postes existants et
accordez leur liberté de mouvement aux Palestiniens." Gilles Paris |