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Le pape a déçu les Israéliens Après une dernière grande messe célébrée, jeudi 14 mai, à Nazareth,
en Galilée, la région israélienne où vit la plus grande partie des Arabes
chrétiens du pays, puis un entretien avec le premier ministre Benjamin
Nétanyahou, le pape devait achever vendredi matin, à Jérusalem, son séjour
d'une semaine en Jordanie, en Israël et dans les territoires palestiniens
occupés. Ce voyage à hauts risques, dans une région où chaque mot et
chaque silence sont sujets à interprétation, n'a pu éviter tous les écueils,
mais Benoît XVI a respecté un programme particulièrement dense. Des moments historiques - l'entrée, inédite pour un pape, dans
le Dôme du Rocher, sur l'esplanade des Mosquées (le mont du Temple, pour les
juifs) à Jérusalem - et des gestes symboliques - le recueillement d'un pape
allemand au mémorial de Yad Vashem ou la prière au Mur occidental, lieu saint
du judaïsme - ont ponctué un "pèlerinage" fortement imprégné de
politique. L'étape palestinienne, mercredi, à Bethléem, en Cisjordanie,
en a été l'illustration la plus aboutie. Plaidant pour la création d'un Etat
palestinien alors même que les négociations entre les deux parties sont au
point mort, Benoît XVI n'a éludé quasiment aucun des sujets attendus par ses
hôtes. La légitimité d'un Etat palestinien donc, mais aussi la question des
réfugiés, des prisonniers, les problèmes de déplacement et d'accès aux lieux
saints, les destructions de maisons, la situation de Gaza et la construction
par Israël du "mur" en Cisjordanie, qu'il a jugée "tragique". Côté israélien, la polémique sur son passé dans les Hitler
Jugend et la faiblesse ressentie de son discours à Yad Vashem ont en partie
éclipsé la volonté du pape de "dépasser
les obstacles à la réconciliation entre juifs et chrétiens". Nombre
d'Israéliens se sont déclarés déçus, comme si Benoît XVI n'avait eu ni le
geste ni les mots susceptibles d'emporter leur sympathie. Le dialogue interreligieux et la protection des chrétiens de
Terre sainte, qu'il a promus tout au long de son séjour, resteront comme des
appels méritoires à la coexistence dans un contexte toujours tendu. Stéphanie Le Bars |