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Edito du Monde Dernier espoir Barack Obama veut
avancer sur le dossier israélo-palestinien. Il l'a signifié au premier
ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qu'il recevait à la Maison Blanche,
le 18 mai. Le président américain ouvrait, à cette occasion, une séquence
diplomatique au cours de laquelle il s'entretiendra à Washington avec le président
égyptien, Hosni Moubarak, puis avec le président de l'Autorité palestinienne,
Mahmoud Abbas, avant de prononcer au Caire, le 4 juin, un discours attendu à
l'attention du monde arabo-musulman. Cette volonté
américaine de réengagement est la bienvenue, tant les deux principaux
protagonistes de ce vieux conflit semblent incapables aujourd'hui d'avancer
par leurs propres forces vers un règlement équitable. De même est salutaire
le souci de la nouvelle équipe à la Maison Blanche d'assumer à nouveau le
rôle d'arbitre et de rompre avec la politique de M. Bush qui consistait à
sous-traiter le dossier à son indéfectible allié israélien. En dépit de sa
grande prudence, M. Obama prend pourtant le risque de créer une attente. Car
le dossier palestinien s'est transformé en machine infernale depuis quinze
ans. Les rendez-vous ratés n'ont pas manqué, à commencer par le processus
d'Oslo, qui devait s'achever en 1999. Les promesses non honorées non plus,
comme la création d'un Etat palestinien annoncée par la "feuille de
route" (un plan de paix international) en 2005, puis en 2008 avec la
conférence d'Annapolis. Le processus de paix
israélo-palestinien a perdu de ce fait tout crédit, rongé sur le terrain par
des dynamiques qui démentent chaque jour les discours officiels. Comme la
colonisation, qui se poursuit inexorablement, sur sa lancée, au rythme
d'environ 12 000 nouveaux habitants par an. Cette inertie fait
que le temps est compté. Viendra bientôt le jour où le partage de la terre
n'aura plus de sens et où il ne se trouvera plus personne, côté palestinien,
pour accepter de donner le nom d'Etat à un ensemble géographiquement
disparate et à la viabilité économique hypothétique. Au cours des
dernières années, les parrains internationaux du processus de paix
israélo-palestinien ont fait tacitement le choix de la gestion du conflit
plutôt que celui du règlement. S'il s'est gardé jusqu'à présent d'en dire
plus sur les moyens qu'il entend mettre au service de son projet, M. Obama
semble décidé à faire aboutir la deuxième option. Un échec emporterait, à
coup sûr, les fondements chancelants d'un espoir de paix. |