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L’«ère Lieberman»
a commencé Les Palestiniens
d’Israël, otages de l’extrême droite
A la fin
mars, le dirigeant d’extrême droite Avigdor Lieberman a accédé aux postes de
vice-premier ministre et de ministre des affaires étrangères d’Israël.
Lorsque Jörg Haider et ses amis du Parti libéral (FPÖ) entrèrent, en 2000,
dans le gouvernement autrichien, l’Europe protesta quasi unanimement. Ce que,
curieusement, elle n’a pas fait cette fois. Pourtant, conformément à la ligne
de son parti, Israël Beitenou («Israël, notre maison»), le leader d’origine
russe a multiplié, tout au long de la campagne électorale, les déclarations racistes
envers les Palestiniens d’Israël. On aura surtout retenu, en Occident, les
premières déclarations du nouveau chef de la diplomatie jetant aux orties
tous les accords signés précédemment par son pays, y compris la conférence
purement médiatique d’Annapolis. De fait, elles ont provoqué un premier clash
avec l’administration de M. Barack Obama, en quête de détente au
Proche-Orient. Mais, en matière de politique intérieure, la remise en cause
par M. Lieberman de la citoyenneté des Palestiniens d’Israël et sa
proposition de les «transférer» à terme risquent d’alimenter d’autres clashs,
sanglants ceux-là, entre citoyens juifs et arabes. Par Joseph Algazy et
Dominique Vidal
Son leitmotiv : loyauté envers l’Etat. Mais il ne
l’explicite jamais. Si bien qu’avant de le quitter nous lui demandons :
«Imaginons que vous vous trouviez en Allemagne du temps du nazisme. A qui
irait votre loyauté ? — A l’Etat», rétorque-t-il sans ciller. Cette
réponse, formulée en plein Parlement, à Jérusalem, laisse pantois. D’autant
que notre interlocuteur nous a raconté comment son père quitta le Reich dès
l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir. Comprenne qui pourra... Vice-président du Parlement sortant, pressenti pour
diriger la nouvelle commission des lois, l’avocat David Rotem passe pour un
proche de M. Avigdor Lieberman, le leader du parti Israël Beitenou, dont il
rabâche les récents discours électoraux. «Qu’il soit juif, musulman ou
chrétien, un citoyen doit se montrer loyal à l’égard de l’Etat. Sinon ce
n’est pas un citoyen.» Et de s’en prendre, d’une même tirade, au rabbin Meyer
Hirsch, coupable d’avoir rencontré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad ,
comme aux députés arabes qui ont osé manifester contre le massacre perpétré à
Gaza. D’où la proposition du parti : que chaque Israélien prête
serment au drapeau (qui comporte le bouclier de David, symbole du judaïsme),
chante l’hymne national (qui évoque l’«âme juive») et accomplisse, le cas
échéant sous forme civile, son service militaire (auquel les Arabes, à
l’exception des Druzes et de certains Bédouins, mais aussi les
ultra-orthodoxes, ne sont pas astreints). Son mot d’ordre électoral en dit long : «Seul Lieberman
parle arabe». Commentaire de l’historien Shlomo Sand : «Dans sa Moldavie
natale, il exerçait le métier de videur de boîte de nuit. Maintenant, ce sont
les Arabes qu’il veut vider.» Cette boutade néglige toutefois une spécificité
du parti russe : le projet officiel de ce mouvement consiste non à expulser
les Palestiniens — comme en 1948 —, mais à rattacher au futur Etat
palestinien les territoires où ils se concentrent, en particulier le nord du
Triangle, Oum Al-Fahm et ses environs. En échange, Israël annexerait les
blocs de colonies de Cisjordanie, (...) Retrouvez
la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique
de mai 2009. |