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Sans honte, Sarkozy reçoit Netanyahou
Proche-Orient . Le premier ministre israélien est à Paris
aujourd’hui. Il poursuit la colonisation, parle de l’Iran. L’Europe se tait. Benyamin Netanyahou
est à Paris aujourd’hui, deuxième étape de sa tournée en Europe, débutée hier
à Rome. En le recevant, Nicolas Sarkozy ne fait qu’encourager la politique
menée par ce premier ministre israélien. D’autant qu’aucune pression n’est
exercée sur Israël. Comment en serait-il autrement puisque les capitales
européennes, tout comme Washington, n’ont voulu retenir de son discours
prononcé il y a dix jours à l’université Bar-Ilan
de Tel-Aviv, que son accord à la création d’un État palestinien ? En
réalité, Netanyahou a mis des conditions telles que
les Palestiniens ont immédiatement dénoncé ce double langage. aucune concession sur les colonies Que dit le chef du gouvernement
israélien ? Cet État palestinien ne pourra pas posséder d’armée et ne
contrôlera ni ses frontières terrestres, ni son espace aérien, ni ses accès
maritimes ! C’est ce qu’il appelle « une formule gagnante pour la
paix » parce que les Palestiniens « devraient avoir tous les
pouvoirs pour se gouverner eux-mêmes mais pas le pouvoir de menacer
Israël ». Les Palestiniens doivent également
reconnaître le caractère juif d’Israël, ce qui reviendrait tout bonnement à
renoncer au droit au retour des réfugiés, pourtant l’objet d’une résolution
des Nations unies. Surtout, pour Netanyahou, les
Palestiniens devraient se trouver une autre capitale. Comme il l’a dit lors
d’un entretien accordé à la télévision publique italienne, la RAI, « les
activités de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est doivent être
regardées séparément parce que Jérusalem est une partie inséparable
d’Israël ». En réalité, il n’est pas prêt à plus de concessions
concernant la colonisation, jouant sur la fausse distinction entre
développement des colonies et expansion naturelle visant à tenir compte de
l’accroissement « naturel » de la population. Alors qu’en réalité,
les plans cadastraux établis par l’administration israélienne d’occupation
dans les territoires palestiniens montrent que chaque colonie possède un
périmètre très large, souvent encore vide, dont la caractéristique est de
toujours toucher le périmètre d’une autre colonie. Ce qui, à terme, permet de
créer une continuité territoriale suffisamment importante pour qu’Israël
puisse réclamer l’annexion de ces blocs. Ce qui ne l’empêche pas, dans cette
même interview, en inversant les rôles, d’être on ne peut plus clair :
« Plus nous passons de temps à argumenter à ce propos, plus nous perdons
du temps, au lieu d’aller vers la paix ! » La chose semble donc entendue pour ce
dossier, même si, à en croire Franco Frattini,
ministre des Affaires étrangères, l’Italie avait l’intention de demander à Netanyahou « un moratoire sur l’expansion de ses
colonies existantes », ainsi que « la naissance d’un État
palestinien à brève échéance ». Le ministre de Berlusconi tient sa
réponse : le ministre israélien de la Défense, Ehoud
Barak, vient d’approuver un plan de construction de centaines de maisons dans
une colonie sauvage en Cisjordanie occupée. « C’est la deuxième fois au
cours des derniers mois que le ministre de la Défense, Barak, approuve
l’extension de colonies existantes ou de nouvelles colonies », affirme Alon Cohen-Lifshitz, un
responsable de l’ONG israélienne Bimkom.
« Cela prouve que Barak n’a pas l’intention de geler la construction
dans les colonies existantes, ni même d’empêcher d’en construire de
nouvelles », poursuit-il. Le dossier iranien sur la table Netanyahou, en revanche, va surtout évoquer le dossier iranien. « Les scènes de violence et de répression de ces derniers jours ont permis d’arracher le masque de ce régime sanguinaire qui n’hésite pas à faire tirer sur des manifestants non armés », a fait dire un conseiller du premier ministre israélien. Comme si, dans le passé, Israël avait pu être gêné de soutenir le régime sanguinaire du shah ou d’armer l’Iran des mollahs (la fameuse Irangate) lors de la guerre contre l’Irak. Ce conseiller vend la mèche. Selon lui, « avec ce qui se passe actuellement en Iran, les mots et les condamnations verbales ne suffisent plus, il faut que le monde se décide à prendre des mesures beaucoup plus dures pour empêcher le régime iranien de se doter de l’arme nucléaire ». Ce qui n’empêche pas le chef du Mossad (les services de renseignements extérieurs israéliens), Meir Dagan, un expert en la matière, de prévenir doctement : « Si le candidat réformiste Moussavi avait gagné, Israël aurait eu un problème beaucoup plus sérieux, parce qu’il aurait eu besoin d’expliquer au monde le danger de la menace iranienne. » Pierre Barbancey
http://www.humanite.fr/2009-06-24_International_Sans-honte-Sarkozy-recoit-Netanyahou |