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                                                                            Article paru le 26 juin 2009 – page 2

 

L'alliance est un combat, par Gilles Paris

 

Tout premier ministre israélien se doit de respecter trois principes : 1. Ne pas se brouiller avec les Etats-Unis ; 2. Surtout ne pas se brouiller avec les Etats-Unis ; 3. Surtout ne jamais se brouiller avec les Etats-Unis. Pendant les deux mandats de George Bush, ce dogme était facile à respecter à propos du dossier palestinien, tant les idées qui avaient cours dans l'administration américaine et au sein du gouvernement israélien étaient peu ou prou les mêmes.

 Cette situation laissait du temps, lors des rencontres bilatérales, au principal conseiller d'Ariel Sharon, Dov Weissglass, pour exercer ses talents d'amuseur public. La plus grande mansuétude prévalait à propos de la poursuite de la colonisation israélienne dans les territoires conquis en 1967. Washington se contentait de regretter l'annonce de chaque nouveau projet, sur un ton très laconique.

Tout a changé avec Barack Obama. L'indéfectible allié américain a décidé de tester Benyamin Nétanyahou sur un point sensible : le gel de toutes les activités de colonisation, prévu par un plan de paix accepté par Israël il y a six ans, la "feuille de route". Il se trouve que l'inspirateur de cette disposition, George Mitchell, n'est autre que l'actuel émissaire américain pour le Proche-Orient et que M. Obama dispose en la personne du secrétaire général de la Maison Blanche, Rahm Emmanuel, d'un expert des arcanes israéliens.

La position américaine a été réitérée par Barack Obama dans son discours du Caire, le 4 juin, et, dix jours plus tard, Benyamin Nétanyahou a répété qu'il devait "permettre aux habitants de ces localités de mener des vies normales, aux mères et aux pères d'élever leurs enfants comme partout ailleurs", c'est-à-dire de construire autant que nécessaire.

Dans le Washington Post, les anciens de l'administration Bush, l'ex-conseiller de la Maison Blanche, Elliott Abrams, et l'ex-ambassadeur américain à Tel-Aviv, Daniel Kurtzer, se sont allégrement déchirés à propos d'un feu vert tacite prêté en 2004 au prédécesseur de M. Obama pour qu'Israël puisse justement continuer de bâtir dans les colonies les plus importantes vouées à être annexées. L'ancien président avait estimé que les "nouvelles réalités sur le terrain", à savoir les "centres de population israéliens", rendaient "irréaliste" le strict retour aux frontières de 1967 réclamé par les Palestiniens.

Depuis, les acteurs "périphériques", principalement les Palestiniens et les Européens, suivent avec attention les ballons d'essai lancés par le gouvernement israélien, via la presse, à propos de compromis possibles. Le premier ministre devait croiser à cet effet George Mitchell, à l'occasion de sa visite à Paris, jeudi 25 juin, mais la rencontre a été annulée, mercredi 24 , pour éviter un échec. Par les temps qui courent, l'alliance israélo-américaine est surtout un combat.

 

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/06/25/l-alliance-est-un-combat-par-gilles-paris_1211293_3232.html

 

 

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