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Article paru le 25 juin 2009 – page
7 Rafic Husseini : "Sans aide internationale, l'Autorité
palestinienne s'effondrera"
Rafic Husseini, en visite à
Paris lundi 22 et mardi 23 juin, est le directeur de cabinet de Mahmoud Abbas,
chef de l'Autorité palestinienne. Après le discours du président
américain, Barack Obama, au Caire, le
4 juin, et celui du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou à Tel-Aviv, le 14 juin, le temps n'est-il
pas venu pour les Palestiniens de s'exprimer à leur tour ? Nous avons déjà fait entendre notre voix et
notre message est très clair : la solution des deux Etats, un Etat
palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale. Ce
message est accepté par la communauté internationale. M. Nétanyahou
s'est exprimé d'une manière qui condamne l'Etat palestinien en excluant le
droit au retour (des réfugiés), le droit sur Jérusalem-Est, et en
refusant le gel de la colonisation. Quelles sont vos propres conditions
pour une reprise des négociations avec Israël ? Nous ne parlons pas de conditions,
mais des obligations auxquelles a souscrit Israël, dont le gel de la
colonisation. C'est un point fondamental. Si on accepte les stratagèmes des
Israéliens, la croissance naturelle, ou le fait que les constructions
d'aujourd'hui sont le fruit de contrats signés par le passé, il n'y aura tout
simplement plus d'espace pour un Etat palestinien. Les Etats-Unis comprennent
cela. Dans les circonstances actuelles, des négociations bilatérales avec les
Israéliens ne peuvent mener nulle part, les positions de départ des uns et
des autres sont trop éloignées. Pour l'instant, wait
and see, les
Etats-Unis veulent se réengager, avec une nouvelle politique. La vision de M.
Nétanyahou est à l'opposé de la leur. Il faut voir
comme cela va se régler. L'Autorité
palestinienne se trouve dans une situation financière catastrophique, comment
peut-elle y remédier ? Il n'est pas possible de bâtir une
économie sous occupation. C'est plus que jamais le cas aujourd'hui avec 640
barrages en Cisjordanie, le blocus de Gaza et le "hub"
économique historique rassemblant Ramallah, Jérusalem et Bethléem coupé en
morceaux. Ce qui fait que pour les salaires de nos fonctionnaires nous
dépendons des donateurs. On note aujourd'hui une "fatigue" de leur
part, que l'on peut expliquer par le contexte politique, l'absence de
perspectives avec le nouveau gouvernement israélien. Sans doute la crise
économique mondiale joue-t-elle aussi un rôle. Mais sans l'aide
internationale, l'Autorité palestinienne s'effondrera, est-ce que c'est ce
que veulent les Etats-Unis, les Européens, ou les pays arabes ? En juillet, les deux principaux
mouvements palestiniens, le Fatah et le Hamas, se retrouvent au Caire pour
tenter de trouver un terrain d'entente. Compte tenu des échecs des tentatives
précédentes, est-ce possible ? C'est un objectif essentiel, car nos
divisions sont utilisées par les Israéliens pour justifier le statu quo. Il y
a eu des progrès ces derniers temps au cours de réunions organisées en
Cisjordanie et à Gaza. Le président Mahmoud Abbas, lors de sa récente visite à Damas, a constaté que les Syriens étaient prêts à jouer
un rôle positif. Et les différences politiques avec le Hamas, qui se dit prêt
à accepter un Etat palestinien dans les frontières de 1967, ont tendance à se
réduire. Propos
recueillis par Gilles Paris |