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Naplouse : plus que jamais
mobilisation et solidarité
A propos d’un article de Benjamin Barthe dans
« Le Monde »
« Le Monde », daté du 2 juillet 2009, dans
un article de Benjamin Barthe, fait état de « l’amorce timide d’une « renaissance » à Naplouse », et indique à cet effet
que « prenant acte du déploiement massif des policiers palestiniens
l’armée israélienne lève le siège imposé depuis 2000. » Nous sommes trop attentifs au travail de Benjamin Barthe, l’un des
rares journalistes à rendre compte, avec rigueur et honnêteté, de la réalité
palestinienne, pour ne pas prendre en considération ce qu’il écrit. Nous
disons ceci d’autant plus fort que cette rigueur intellectuelle lui a valu
des attaques innommables de la part de fanatiques du colonialisme israélien. Ce qu’il indique, en particulier la plus grande sécurité dans
Naplouse, correspond parfaitement aux
informations recueillies par l’AFPS Nord-Pas de Calais, depuis
le printemps 2008. Plusieurs comptes-rendus de réunions, y compris du comité
de pilotage du jumelage en ont fait état. Il est possible de les retrouver
sur le site de l’AFPS Nord-Pas
de Calais (http://nord-palestine.org/).
C’est d’ailleurs cet élément qui avait conduit une délégation de la municipalité
de Lille à se rendre à Naplouse été 2008, et à rencontrer les représentants
de la municipalité naplousie,
élue en 2005, représentée par le maire adjoint, que l’autorité palestinienne
vient d’arrêter. Elle correspondait à une demande formulée par le mouvement
de soutien au peuple palestinien. Cependant, même si « trois des principaux barrages qui prenaient
la ville en tenaille » ont été démantelés, la réalité à Naplouse est
conforme à ce qui se trouve dans les communiqués des 1er et 29 juin : agressivité criminelle des
colons, progression de la colonisation, raids de l’armée d’occupation
israélienne, arrestations de militants, attaque contre la responsable du
centre culturel français. Ceci alors que le sort des Naplousis,
s’aggrave : ·
Chômage massif. Rêver d’un
développement économique tant que l’occupation persiste n’est pas sérieux ·
Situation sanitaire difficile,
malgré le travail remarquable d’associations comme Help doctors,
au moment où l’autorité palestinienne se désengage de l’assistance médicale
gratuite ·
Apparition de la malnutrition il y a un an, alors que les
moyens existent pourtant pour nourrir toute la population. Au vu des derniers évènements vécus à Naplouse et ses abords, par les
victimes de l’occupation israélienne, à la veille d’un voyage d’une
délégation municipale, une demande de réunion du comité de pilotage du
jumelage est formulée. Elle est plus que jamais valable, et nécessaire. Lille le 3 juillet 2009 AFPS Nord-Pas de Calais Article
paru dans l'édition du 02 juillet 2009 – page 5 L'amorce
timide d'une "renaissance" à Naplouse Prenant acte du déploiement
massif des policiers palestiniens, NAPLOUSE ENVOYÉ SPÉCIAL Les posters de martyrs, baromètres des violences
israélo-palestiniennes, disparaissent doucement des rues de Naplouse. Au plus
fort de l'Intifada, ces affiches, qui tiennent lieu d'avis de décès,
enveloppaient la ville comme un immense linceul. Jaunies sous le soleil,
déchiquetées par le vent, elles sont remplacées aujourd'hui par des panneaux
publicitaires et des enseignes flambant neuves, qui attestent de la timide
renaissance de la capitale du nord de la Cisjordanie. La plus inattendue de ces enseignes se croise sur la
façade du gigantesque vaisseau de pierre, mi-parking, mi-centre commercial,
érigé à l'entrée de la vieille ville. Les lettres rouges et noires qui
dessinent les mots "Cinema City" ne
mentent pas. Naplouse, bastion des têtes brûlées du Fatah, cité rebelle,
porte étendard de l'Intifada et de ses dérives, longtemps surnommée "l'usine
à terroristes" par les porte-parole israéliens, vient de se doter
d'un cinéma. Cent soixante-quinze sièges molletonnés, un projecteur 35
mm aux standards européens, un café au design branché pour l'après ou l'avant-film. "C'est un retour à la civilisation,
s'exclame Raja Al-Taher, la responsable des
relations publiques. Cela fait plus de vingt ans que nous étions privés de
cinéma." Dans les années 1960 et 1970, Naplouse disposait de
trois salles, dont le Granada, un palais de 1 300 places, avec balcons et
moulures, sans équivalent dans la région. Les familles s'y pressaient le soir
pour savourer la crème des comédies égyptiennes avec le chanteur Abdel Halim Hafez, chéri de ces dames. Mais en 1988, au début
de la première Intifada, les cinémas avaient dû fermer sous la pression des
militants. Interdit de rire quand la Palestine s'embrase. Pendant le
processus de paix, plusieurs projets de relance avaient avorté, faute de
finances. Il a fallu attendre la fin de la seconde Intifada pour qu'un homme
d'affaires, Marwan Masri,
issu d'une des lignées patriciennes de la ville, décide de ranimer le
septième art à Naplouse. "La situation s'est un peu stabilisée,
dit-il. J'avais envie de tenter ce pari." Ce nouveau climat est principalement dû à la levée du
siège imposé à la ville depuis l'an 2000. Prenant acte du déploiement en
masse de policiers palestiniens et de la mise au pas des groupes armés opérés
par le premier ministre Salam Fayyad, l'armée
israélienne a démantelé trois des principaux barrages qui prenaient la ville
en tenaille : Beit Iba à
l'ouest, Wadi Badhan à
l'est et Assira Al-Chamaliya
au nord. Au sud, le check point de Huwara est
toujours en place mais les procédures de contrôle y ont été allégées. Chose
inimaginable il y a encore six mois, les habitants des villages alentour peuvent désormais traverser ce barrage au volant de leur
véhicule privé alors qu'auparavant ils devaient utiliser des taxis
collectifs. Autre nouveauté : les Naplousis de plus
de 50 ans sont autorisés à sortir de la ville en voiture. "C'est un
pas dans la bonne direction, dit Adli Yaïsh, le maire élu sur une liste du Hamas. Coupé des
villages, Naplouse agonisait. Le retour en force de la police palestinienne a
été déterminant." Dans les discussions, les habitants se plaisent à
énumérer les indices du changement. "Chaque samedi, par exemple, des
milliers d'arabes israéliens affluent en bus pour faire leurs emplettes",
raconte Ayman Chaka'a, le
directeur d'un centre social. Bénéfice en vingt-quatre heures : l'équivalent
de 400 000 euros, selon le gouvernorat. Les fêtes de mariage qui s'achevaient
prudemment au coucher du soleil, se poursuivent désormais jusqu'en fin de soirée.
Mahdi Abou Ghazaleh, un ex-caïd des Brigades des
martyrs Al-Aqsa, une milice issue du Fatah, a
récemment célébré le sien. "Pas un coup de feu n'a été tiré en
l'air", s'étonne un invité. Les responsables de la chambre de
commerce ont mené une étude. Sur les quatre cents boutiques, entreprises et
ateliers qui avaient fermé du fait du bouclage, une centaine a rouvert ces
derniers mois. Des Naplousis qui travaillent à
Ramallah et qui étaient partis y vivre pour ne pas perdre des heures dans le
taxi sont revenus habiter dans leur ville d'origine. "Par rapport à
l'année dernière, l'amélioration est nette, dit Amjad
Chaka'a, le patron d'un magasin de meubles. Mais
ce n'est qu'un début. Les fonctionnaires ne sont jamais sûrs de toucher leur
salaire à la fin du mois. Pour acheter les meubles de leur maison, ils s'y
reprennent à trois fois." Le soir, à la fin de la séance de 20 heures, Bachir, le gérant du Cinema
City, se glisse parmi les spectateurs. "Ils sortent avec le sourire,
dit-il. Pour beaucoup d'entre eux, c'est la première fois qu'ils vont au
cinéma." A l'affiche, la dernière pochade en date de Mohammed Heneïdi, le roi du gag égyptien. En dépit du prix
relativement élevé du ticket (environ 5 euros), la salle est souvent pleine. "Notre
situation ressemble à la période d'Oslo, dit Bachir.
Ça bouge, mais c'est fragile. Au moindre pépin, tout peut
s'écrouler." Benjamin Barthe |