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Article paru le 3 août 2009 http://www.humanite.fr/2009-08-03_Cultures_Un-photographe-bresilien-saisit-la-Palestine culture Un photographe
brésilien saisit la Palestine Argentique . Photographe brésilien, Rogério
Ferrari a entamé un travail de longue haleine, politique autant
qu’artistique, centré sur « les peuples qui luttent pour leur
terre ». Projet qu’il a présenté aux Éditions le Passager clandestin.
Rien d’étonnant donc que le premier recueil de cette série qui en comportera
cinq (à paraître, les Indiens du Chiapas, les Saharouis, les Sans-terre du
Brésil et les Kurdes) s’intitule Palestine (1). Ferrari s’est rendu dans les
territoires occupés et dans les camps de réfugiés de Jordanie et du Liban.
Militant communiste, Rogério Ferrari est allé vivre au milieu des Zapatistes
puis est retourné dans son pays combattre avec les sans-terre. « Je fais
des photographies pour montrer les luttes populaires à partir du point de vue
des organisations et des gens », dit-il. Il revendique « une
perspective politique, engagé mais pas comme un tract. Il y a l’art et le
discours politique mêlé. ce n’est pas spécialement quelque chose de
conceptuel ». Le résultat est là. À commencer
par la couverture de ce bel ouvrage. Un plan sur les mains croisées dans le
dos d’un Palestinien qu’on devine jeune. Il tient des pierres. Au fil des
pages on accompagne ce peuple palestinien, contraint de marcher avec des
bagages sur une plage, en position de combat, cagoulé, fusil en main. Mais
aussi, parce qu’il s’agit de la vie, un gros plan sur une clé, symbole de la
Nakba (la catastrophe de 1948), un chahid (martyr) dont le visage est ceint
du keffieh noir et blanc popularisé par Yasser Arafat, ou encore des maisons
détruites devant lesquelles se tiennent des femmes et des enfants. Ferrari n’utilise que le noir et
blanc. « C’est plus direct », prétend-il. De même, il privilégie
l’argentique (les photos papier) au numérique. « Le noir et blanc fait
éclater le réalisme. C’est plus beau ». De fait, la vision du
photographe, son sens du cadrage, cette façon d’inscrire dans le cadre une
histoire humaine, ou, à défaut, un fragment, tisse peu à peu la réalité de ce
peuple qui lutte pour sa terre. Une lutte de sang, de pleurs mais aussi de
rire et d’espoir. De la pierre au fusil, de l’enfant au vieillard. La
gestuelle d’un peuple qui ne cesse de tendre vers l’occupant les images des
enfants martyrs. (1)
Palestine. Photographies de Rogério Ferrari. Texte Leïla Khaled. Pierre Barbancey |