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Article paru le 10 Septembre 2009 – page 17
Les armes qui poussent Israël au crime
Tel-Aviv a multiplié par neuf l’an dernier
ses achats d’armes américaines, surtout des avions de combat : pour
quelle nouvelle guerre ? Qui arme Israël et le Hamas ? La paix pass(é)e par les armes ? de Patrice Bouveret, Pascal Fenaux, Caroline Pailhe et Cédric Poitevin. publié par le GRIP, l’Observatoire des armements et Amnesty International, 134 pages, 9,90 euros. On ne sera pas étonné, en lisant cette très sérieuse étude que viennent de rendre publique le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité de Bruxelles (GRIP) et l’Observatoire des armements de Lyon, de la confirmation qu’ils apportent des liens quasiment fusionnels en matière de défense qui existent entre les États-Unis et Israël. On sait que la coopération militaire entre les deux pays est si étroite qu’ils développent ensemble des programmes aussi sophistiqués que celui des missiles. Washington est de loin et depuis longtemps le premier fournisseur d’armes à Israël (son deuxième client après l’Arabie saoudite) et y ajoute une aide financière substantielle. Depuis 1998, à la demande de Benyamin Netanyahou qui était alors déjà premier ministre, cette aide est destinée à financer les achats d’armes et augmente de 60 millions de dollars par an. En 2007, Bush va encore plus loin en l’augmentant de 25 % jusqu’en 2018, portant la subvention annuelle accordée à l’armée israélienne de 2,4 à 3,1 milliards par an. Une aide inconditionnelle, accordée aveuglément et sans contrôle de l’utilisation de ces armes qui ont notamment servi massivement à l’écrasement de la population de la bande de Gaza en décembre et janvier derniers. Certaines - comme les DIME(1) -, aux effets terrifiants, étaient utilisées pour la première fois, faisant des Palestiniens des cobayes d’une nouvelle arme d’extermination. Tout un chapitre du livre est consacré aux crimes de guerre commis lors de cette guerre et aux enquêtes et témoignages qui les prouvent. Ce qui inquiète dans les révélations apportées, c’est le caractère massif des derniers achats d’armes effectués par Israël en 2008 et leur nature. Ils ont été multipliés par neuf par rapport à 2007 et concernent surtout des avions de combat Joint Strike Fighter : vingt-cinq commandes fermes et cinquante autres prévues. Leur rayon d’action permet à Israël d’aller directement bombarder Téhéran et ils sont accompagnés de six cents bombes Bunker Buster permettant de percer les plus épais bunkers souterrains. Cette fois, ce ne sont pas les tunnels de contrebande de Gaza que l’aviation israélienne envisage d’avoir en ligne de mire… Préoccupant également est le fait que le président Obama, qui a toujours soutenu comme sénateur « le droit d’Israël à l’autodéfense », n’ait pas jugé bon de remettre en question une politique qui encourage le bellicisme historique des dirigeants de Tel-Aviv. L’Europe et la France sont également épinglées : l’étude montre qu’il y a loin des principes vertueux qu’ils clament à leur pratique mercantile. (1) Cet explosif pénètrent dans les corps et continuent de se disperser dans l’organisme. Françoise Germain-Robin |