|
|
|
Article paru dans l'édition du 9 Septembre 2009 – page 8La Maison Blanche en difficulté sur la question
israélo-palestinienne
Selon les spécialistes américains du Proche-Orient, les manœuvres du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, pour repousser l'exigence du président américain, Barack Obama, d'un "gel total" de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés ne font que rendre plus décisive la définition des grandes lignes d'un plan de paix que M. Obama est supposé délivrer fin septembre. Les réactions enregistrées
depuis trois jours sont les plus outrées entendues depuis longtemps à
Washington, mais elles sont conjoncturelles. L'essentiel se jouera dans le
dialogue avec le gouvernement israélien, qualifié par Washington d'"intense"
et de "très ouvert", et que l'envoyé spécial américain au
Proche-Orient, George
Mitchell, reprendra à partir du 12 septembre. Viendront ensuite les
conclusions qu'en tirera la Maison Blanche
avant que M. Obama ne fasse connaître sa vision de la paix au Proche-Orient. UNE EXPANSION "ILLÉGITIME" Pour le moment, la
présidence s'est contentée de juger "non conforme" aux
engagements de l'Etat juif la décision de M. Nétanyahou d'autoriser des
constructions de bâtiments dans les colonies déjà existantes, Jérusalem-Est
incluse. Il s'agit là d'un rappel
des obligations inscrites dans la "feuille de route" du Quartet
(Etats-Unis, ONU, Union européenne, Russie). Ce document, adopté fin avril
2003, stipule l'arrêt de la colonisation. Israël a officiellement adopté ce
texte (avec des réserves), mais il n'a jamais trouvé un début d'application. Robert Gibbs, porte-parole
de la Maison-Blanche, a précisé que "les Etats-Unis n'acceptent pas
la légitimité de la poursuite de l'expansion des colonies et exigent qu'elle
cesse". C'est la première fois que cette exigence est formulée en
termes aussi abrupts. En aparté, des diplomates américains laissent entendre
que la relation américano-israélienne se dégrade. Sous couvert d'anonymat, un
officiel du département d'Etat a déclaré à l'agence Associated
Press (AP) que la dernière rencontre de M. Mitchell, à Washington, avec
l'envoyé spécial du premier ministre israélien, Yitzhak Molcho,
qui était accompagné de Michael Herzog,
le chef de cabinet du ministre de la défense, définie comme "une
bonne rencontre" dans le communiqué officiel, s'est en réalité "mal
passée". Le New York Times
évoque "une course vers une collision". Mais beaucoup, aux
Etats-Unis, s'interrogent sur la marge de manœuvre dont disposent les deux
parties, chacune vis-à-vis de l'autre. Jusqu'où M. Nétanyahou peut-il
"tirer sur la corde" sans subir des pressions discrètes mais
efficaces (la non-fourniture de certains matériels militaires de pointe, par
exemple) ? A l'inverse, compte tenu des difficultés que connaît le président
américain sur ses principaux chantiers – réforme de l'assurance-santé et
engagement en Afghanistan –, nombre d'analystes jugent que la Maison Blanche
préférera reporter ses ambitions de paix israélo-palestiniennes plutôt que de
prendre le risque d'un enlisement et de subir un grave échec sur ce dossier. Sylvain Cypel |