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Article paru dans l'édition du 15 Septembre 2009La renaissance fragile de A première vue, le rapport du Fonds monétaire international
(FMI) rendu public dimanche 13 septembre brosse un tableau prometteur de la situation
économique en Cisjordanie, avec un état des lieux nettement plus préoccupant
à Gaza. Une croissance économique qui pourrait atteindre 7 % en 2009, un
chômage en baisse, une reprise de l'investissement et du tourisme, une
gestion financière et fiscale prudente de l'Autorité palestinienne, qui
conduit des réformes institutionnelles courageuses... Le gouvernement israélien, qui n'a de cesse de prouver que sa
stratégie d'une "paix économique" en Cisjordanie donne des
résultats, pourrait donc en tirer argument pour retarder davantage
l'ouverture politique attendue par les Palestiniens et la communauté
internationale : à quoi bon, en somme, se lancer dans un processus de
négociations aléatoire, alors que, sur le terrain, les choses bougent dans la
bonne direction ? Le rapport rédigé sous la direction d'Oussama Kanaan,
représentant du FMI à Jérusalem, est cependant plus contrasté : s'il dresse
la liste des résultats positifs, il souligne que ceux-ci seront limités et de
courte durée, faute d'être soutenus par des avancées politiques et
institutionnelles significatives. Les progrès engrangés depuis un an reposent sur deux facteurs
: la gestion réformatrice du premier ministre palestinien Salam Fayyad, et
les allégements des restrictions sécuritaires imposées par l'armée
israélienne, lesquels ont favorisé la liberté de circuler, et donc le
commerce. Si, depuis la fin de 2008, le niveau de vie des Palestiniens
s'est globalement amélioré, la maîtrise des dépenses publiques et le paiement
d'arriérés de l'Autorité y ont contribué, de même que les réformes dans le
secteur du maintien de l'ordre : les forces palestiniennes déployées dans
plusieurs villes de Cisjordanie ont nettement accru les conditions de
sécurité, et favorisé l'investissement. "Un bol d'air" Le FMI estime que, "pour
la première fois depuis 2005, il existe une chance réaliste que la tendance
négative du niveau de vie des Palestiniens soit inversée dans un avenir
proche". Ces perspectives favorables ne concernent guère
Gaza. Si le blocus de la bande de Gaza est davantage allégé afin de
permettre, par exemple, l'entrée de matériaux de reconstruction, la
croissance du produit national brut (PNB) pourrait atteindre 1 %. Sauf que,
compte tenu d'une croissance démographique de 3 % à 4 %, le PNB par habitant
va continuer à décliner. Pour le premier semestre 2009, le chômage est estimé à 18 % en
Cisjordanie, mais à 37 % à Gaza. D'autre part, alors que la plupart des
Palestiniens vivant en Cisjordanie ont bénéficié de la diminution des
barrages routiers et des "check-points", ceux vivant à
Jérusalem-Est ont été davantage isolés du reste des Territoires avec la
progression de la "barrière de sécurité" (qui y prend la forme d'un
mur de béton), y compris sur le plan économique. Ce constat du FMI est un instantané. Pour que la croissance
économique perdure et s'accentue, les restrictions à la libre circulation des
personnes et des biens doivent continuer à être levées. Ce qui est en jeu,
c'est le rétablissement durable de la confiance des petits investisseurs palestiniens.
Mais la condition sine qua non du décollage de l'économie palestinienne,
c'est son ouverture vers le monde extérieur, via des ports et des aéroports,
seuls instruments de nature à dynamiser le commerce. L'amélioration de la situation économique de la Cisjordanie
est donc réelle, mais relative : si le PNB progressait de 7 % de 2010 à 2012
(ce qui n'est pas acquis), le revenu réel par habitant en 2012 serait encore
de 20 % inférieur à ce qu'il était en 2000. La démonstration des bienfaits
d'une "paix économique" prônée par Israël reste donc limitée. "Il faudrait pour cela une
croissance soutenue. Or dans aucun pays au monde, celle-ci n'est possible
sans commerce extérieur", souligne un expert. "Il s'agit donc d'un répit, ajoute-t-il,
d'un bol d'air économique." Laurent Zecchini |