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Article paru le 17 Septembre 2009 page 11
Israël sous la menace de la Cour
pénale internationale
Gaza. Sur la défensive, les dirigeants israéliens tentent de disqualifier le rapport de la mission de l’ONU qui accuse leur armée d’avoir commis des crimes de guerre et contre l’humanité. Par crainte de voir ses dirigeants politiques et les chefs militaires de l’opération « plomb durci » à Gaza (27 décembre 2008-18 janvier 2009) traduits devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et contre l’humanité, les dirigeants israéliens ont fait feu de tout bois, hier, contre le rapport de la mission d’enquête de l’ONU rendu public la veille (l’Humanité du 16 septembre). « Nous mobiliserons nos amis à l’ONU, notamment les États-Unis et divers pays européens, pour que ce rapport soit purement et simplement enterré », avance Danny Ayalon, vice-ministre des Affaires étrangères israéliens. « Nous allons faire tout notre possible pour empêcher qu’il y ait des suites juridiques à ce rapport en démontrant qu’il est malhonnête et politiquement biaisé », a renchéri l’ambassadrice israélienne à l’ONU, Gabriela Shalev. « Meurtres délibérés »
Certains médias israéliens ont carrément qualifié le - rapport de « nauséeux ». « Il s’agit d’antisémitisme classique sous couvert de respect des droits de l’homme : on nomme une commission hostile et l’on trouve un juif obséquieux (le juge sud-africain Richard Goldstone) pour la présider… », écrit l’éditorialiste du journal Maariv. Le rapport de l’ONU, un document de 575 pages rédigé par une commission de quatre membres, dont le juge Goldstone, indique qu’ils sont en possession de « preuves de crimes de guerre commis par les deux côtés (Israël et le - Hamas) ». Toutefois, le document accable bien davantage Israël que le Hamas [1]. « Nous sommes arrivés à la conclusion, sur la base des faits que nous avons réunis, qu’il y a de solides preuves établissant que de nombreuses violations du droit international, à la fois humanitaire et des droits de l’homme, ont été commises par Israël lors des opérations militaires à Gaza » et qu’ils pouvaient « constituer des crimes de guerre et, peut-être, dans une certaine mesure, des crimes contre l’humanité », déclarait avant-hier le chef de la mission onusienne. Le rapport cite « les meurtres délibérés », « la volonté de causer de grandes souffrances à des personnes protégées » et critique « la politique délibérée des forces armées israéliennes de cibler des sites industriels, des installations d’eau » et de faire « usage de civils palestiniens comme boucliers humains ». Pour étayer son rapport, la mission a enquêté sur 36 faits ayant eu lieu lors de l’opération « plomb durci » qui ne sont pas liés à des décisions prises dans le feu du combat mais à des politiques et des décisions délibérées. Ainsi en est-il du bombardement de cette mosquée lors d’une prière, ayant tué quinze personnes, au motif qu’elle aurait servi de sanctuaire à des groupes armés. Rien ne justifie, « selon le droit humanitaire international, des tirs de mortiers contre la mosquée lors d’un service religieux », indique le rapport. Il accuse également Israël d’avoir « ignoré l’inviolabilité des - locaux des Nations unies » quand son armée avait bombardé le 14 janvier dernier l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés (UNRWA). Le document onusien épingle également les combattants palestiniens, qualifiant les tirs de roquettes d’attaques aveugles et délibérées contre une population civile, qu’à ce titre, ces tirs « constituaient des crimes de guerre ». Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, tente néanmoins de tirer la couverture à lui en qualifiant ce rapport de « preuve irréfutable que l’occupant sioniste a commis des crimes contre l’humanité ». En conclusion, la mission d’enquête demande au Conseil de sécurité qu’Israël lance des enquêtes indépendantes concernant les crimes qui ont été commis par son armée et de transmettre les résultats dans les six mois. Si - Israël refuse ou si les enquêtes ne sont pas indépendantes, le rapport recommande au Conseil de sécurité de transmettre le dossier au procureur de la Cour pénale internationale de La Haye. Réagissant à la publication du document, le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valéro, a estimé hier que « les faits exposés » étaient « d’une extrême gravité et méritaient la plus grande attention » et il a indiqué que la France étudiait « le document dans le détail, ainsi que ses - recommandations ». Sur lesquelles, a-t-il cependant précisé, il serait « encore trop tôt pour se prononcer ». Hassane Zerrouky http://www.humanite.fr/Israel-sous-la-menace-de-la-Cour-penale-internationale |