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Der Spiegel 29/2009 du 13 juillet 2009 Fraude sur les étiquettes par Ralf Beste
et Christoph Shult Le conflit du Proche-Orient préoccupe un tribunal des
finances allemand : L’Union européenne peut-elle pénaliser la politique contestée
de colonisation israélienne ? La
colonie israélienne Ma’ale Adumim trône comme une forteresse au sommet d’un
plateau de roche rouge. Dans la Bible, on appelait la route qui mène à ce
plateau, « la route rouge escarpée ». 40 000
personnes vivent dans la plus grande colonie israélienne située en
Cisjordanie palestinienne et leur nombre augmente chaque semaine. A sa
périphérie, des bulldozers font de la place pour de nouvelles maisons. Aucune
autre colonie ne s’est développée aussi rapidement ces dernières années que
celle de Ma’ale Adumim.. A
l’orée de la zone industrielle, se trouve l’usine de l’entreprise Soda-Club.
Son portail métallique a été peint en bleu et vert pour être assorti au logo
moderne de l’entreprise. Une caméra enregistre quiconque s’approche de la
porte. L’usine fabrique des appareils de table pour gazéifier l’eau plate, comme ceux
utilisés dans les cuisines en Allemagne. Et pour ceux qui préfèrent un goût
plus sucré, Ma’ale Adumim fournit aussi le sirop. Les
visites de journalistes ne sont pas désirées. Le directeur du marketing, Asaf
Snear, prétend au téléphone qu’il s’agit d’une protection contre l’espionnage
industriel. Mais
il existe une autre raison à cette crainte par rapport aux médias : les
produits de Soda-Club sont au cœur d’un litige avec la république Fédérale
d’Allemagne qui pourrait bien durcir considérablement le débat actuel sur la
politique israélienne de colonisation. Le
tribunal des Finances de Hambourg doit maintenant décider si les appareils de
Soda-Club fabriqués à Ma’ale Adumim peuvent être importés dans l’Union
européenne, exemptés de droits de douane, comme tous les autres produits
industriels israéliens. Ou bien si, selon Bruxelles, ils n’entrent pas dans
cette catégorie car fabriqués dans les colonies israéliennes, situées dans
les territoires occupés. La
vraie question est donc : Ma’ale Adumim fait-elle partie d’Israël ?
L’UE n’a pas officiellement reconnu les prétentions d’Israël sur Ma’ale
Adumim comme sur les autres colonies. Mais en pratique, elle a fait peu de
chose. Mais
cela pourrait maintenant changer. Le tribunal de Hambourg a pris contact avec
la Cour européenne de Justice pour obtenir une « décision
préliminaire » qui réglerait la question d’une manière contraignante
pour les 27 Etats membres de l’Union européenne. On s’attend à ce que la
décision soit rendue dans les prochains mois. Si les droits de douane peuvent
être prélevés, cela équivaudra à un verdict de culpabilité contre la
politique israélienne de colonisation. La question délicate qui est posée est
celle-ci : l’Allemagne et l’UE doivent-elles accepter la façon dont
Israël traite les territoires occupés, ou doivent-elles utiliser leur arme la
plus décisive, à savoir les sanctions économiques. Formellement,
les juges sont appelés à rendre une décision seulement sur une somme de 19 155,46 €. La
société allemande Brita GmbH, a
importé des appareils à gazéifier l’eau et du sirop de Ma’ale Adumim. La
société a également classé ces marchandises comme des produits « Made in
Israël » et prétendu qu’ils devaient dès lors être exonérés de droits de
douane. Mais
le bureau principal des douanes du port de Hambourg n’a pas voulu laisser
passer les choses. Les douaniers
allemands ont demandé à leurs homologues israéliens où les produits avaient
exactement été fabriqués. La réponse contenait qu’ils avaient été fabriqués
dans une zone « sous administration des douanes israéliennes ».
Les douaniers de Hambourg ont demandé, sans céder, si les produits avaient
été fabriqués dans des colonies israéliennes, ils n’ont eu aucune réponse.
Alors, les Allemands ont décidé de prélever un droit sur les marchandises. Brita
GmbH a porté plainte. L’affaire a atteint rapidement d’autres sphères. La
Commission européenne a exprimé sa satisfaction. Elle veut faire de ce litige
avec l’entreprise Soda-Club un exemple contre ’Israël. Dans une note interne,
elle a sollicité le « soutien » des Etats membres.. Le
ministre allemand des Affaires étrangères suit ce « cas hautement
explosif » avec intérêt, et une
certaine sympathie. L’UE
est prête à la confrontation quand il
s’agit d’un nouveau gouvernement israélien nationaliste de droite. Les 27
ministres des Affaires étrangères de l’UE ont mis provisoirement en attente
le « réhaussement » diplomatique prévu des relations avec Israël. Aujourd’hui,
l’Europe veut se servir de ce différend douanier pour exercer de nouvelles
pressions sur Israël. L’UE est le deuxième marché le plus important pour les
produits israéliens, après les Etats-Unis. En 2008 , les entreprises
israéliennes ont exporté 12 milliards d’euros
de marchandises vers l’Europe. On estime qu’un tiers de ces
marchandises a été fabriqué, totalement ou partiellement, dans les
territoires occupés. La plupart d’entre elles sont arrivées en Europe
exonérées de droits de douanes: un fonds israélien de dédommagement créé pour
les exportations soumises aux droits de douane n’a guère été utilisé au cours
de l’année dernière. Sous
le pression de l’UE, Jérusalem a signé un accord en 2005 demandant à tout
exportateur israélien de fournir à l’agence des douanes le lieu et le code
postal de l’usine où chaque produit a été fabriqué. Mais quand les
exportateurs israéliens déclarent délibérément une fausse adresse, les
douaniers n’ont pas les moyens de réagir. Le
gouvernement britannique plaide depuis longtemps au sein des 27, pour que les
consommateurs sachent exactement d’où proviennent les marchandises
israéliennes. Les Israéliens
réagissent piqués au vif. Cela veut-il dire dorénavant en Europe :
« N’achetez pas chez les juifs » ? Précisément
pour les Allemands, c’est une question très sensible. Ce qui est d’autant
plus étonnant, c’est la façon directe dont
le gouvernement allemand s’exprime sur l’affaire Soda-Club. A une
question des Verts au Bundestag, le gouvernement a déclaré qu’il ne saurait y
avoir d’exonération de droits de douanes pour des « marchandises
venant de territoires occupés ». En
attendant, la société Soda-Club fait exactement ce que font beaucoup
d’Israéliens quand il s’agit du conflit palestinien : elle ignore le
problème. A la question posée à Soda-Club, comment elle réagit aux critiques
de produire dans une colonie, le directeur du marketing, Snear, répond :
« Soda-Club est une entreprise apolitique. »’ traduit de l’allemand par Françoise Diehlmann http://wissen.spiegel.de/wissen/dokument/dokument.html?titel=Schwindel+mit+dem+Etikett&id=66055467&top=SPIEGEL&suchbegriff=%22ralf+beste%22&
quellen=%2BSP%2CALME%2CSTAT%2C%2BMEDIA&qcrubrik=artikel |