Article paru le 30 Septembre 2009 pages 14-15
Le rapport sur l’agression de Gaza en débat à l’ONU
Proche-Orient . Le Conseil des droits de
l’homme examinait, hier, le texte de la mission d’enquête.
Après près de sept mois
d’investigations, la mission d’enquête des - Nations unies sur le conflit de
Gaza en début d’année a finalement sorti son rapport. Ce travail d’enquête
était hier en discussion devant l’instance commanditaire, le Conseil des
droits de l’homme (CDH) de l’ONU. À noter que, comme à d’autres occasions,
Israël a refusé de participer ou d’apporter son aide à cette mission.
L’enjeu, jugé d’importance par des diplomates, était de taille : comment
le rapport serait-il reçu par le Conseil ? Le camp occidental allait-il
endosser ses recommandations ? En effet, la mission d’enquête, présidée
par le juge sud-africain Richard Goldstone, un ancien des tribunaux pour
l’ex-Yougoslavie, estime avoir clairement relevé une série de « crimes
de guerre » et de « violations du droit humanitaire » de la
part des deux camps.
Elle recommande, dès lors, l’envoi du
rapport au Conseil de sécurité (l’organe exécutif) de l’ONU. À charge pour
celui-ci d’exiger des « deux parties », aussi bien d’Israël que de
l’Autorité palestinienne de Gaza (Hamas), de mener dans un délai de six mois
des investigations sérieuses - supervisées par des experts indépendants - et
d’entamer des poursuites à l’encontre des responsables des crimes et
violations. En cas d’absence de « bonne foi » ou de volonté des
parties d’avancer dans cette voie, le rapport demande que l’affaire soit
alors déférée devant le Tribunal pénal international.
« La communauté internationale
doit montrer qu’elle veut la justice et la fin de l’impunité dans cette
région du monde. À mon expérience, il ne peut y avoir de paix sans justice et
vérité », a plaidé le juge Goldstone devant le Conseil. « La
légitimité et la crédibilité du système international et de ses institutions
sont à ce prix », ajoutaient les pays en faveur des recommandations du
rapport. Ainsi, les pays arabes, l’Organisation des États islamiques, le
groupe des pays africains et les non-alignés - plus quelques pays du camp
occidental comme la Suisse ou la Norvège - espèrent reprendre, dans une
résolution au nom du Conseil, les recommandations du rapport. De leur côté,
les pays européens (et surtout le nouveau membre du CDH, les États-Unis - qui
doutent de « l’impact pour la paix ») semblent préférer en rester
là avec ce rapport. « C’est un rapport sérieux qui demande une réponse
sérieuse », concédait le représentant de la Suède au nom des pays de
l’Union européenne. Sans s’engager plus loin pour le moment… Les grandes ONG
des droits et de l’humanitaire (FIDH, Amnesty international, Human Rights
Watch…), en revanche, appuient, elles, les recommandations. « Ne pas
suivre celles-ci affaiblirait la légalité internationale et la crédibilité du
Conseil de sécurité », affirme la présidente de la FIDH, Souhayr
Belhassen. « Plus important encore, cela reviendrait à refuser une
chance historique de voir la justice contribuer à la paix »,
affirme-t-elle.
Ramine Abadie
http://www.humanite.fr/2009-09-30_International_Le-rapport-sur-l-agression-de-Gaza-en-debat-a-l-ONU
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