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Article paru dans l'édition du
29 Septembre 2009- page 6
Israël donne une chance
à de nouvelles sanctions, mais doute de leur efficacité
Avant l'arrêt de toutes les
activités, dimanche 27 septembre, lié à la fête juive de Yom Kippour, les
autorités israéliennes ont eu le temps d'exprimer leur satisfaction de voir
la communauté internationale les rejoindre sur l'urgence à donner un coup
d'arrêt au programme nucléaire militaire de l'Iran. Le ministre israélien des
affaires étrangères, Avigdor
Lieberman, l'a résumée à sa façon : "Il est à présent clair que
le nucléaire iranien, c'est le problème du monde entier, et pas seulement
d'Israël. Sans perdre de temps, il faut oeuvrer au renversement du régime fou
de Téhéran." Israël, cela a été amplement
souligné par la presse, n'ignorait rien de l'existence d'une deuxième usine
d'enrichissement de l'uranium en Iran et a participé à la collecte des
preuves qui ont permis aux présidents Barack Obama et
Nicolas
Sarkozy, ainsi qu'au premier ministre britannique, Gordon Brown,
de faire à ce sujet une annonce solennelle. Au-delà, la satisfaction
israélienne repose sur un triple constat. En accaparant l'attention
de la communauté internationale, la question iranienne, considérée ici comme
primordiale, éloigne les projecteurs du processus de paix israélo-palestinien,
pour lequel, en dépit de l'affichage d'une bonne volonté de principe, M.
Nétanyahou n'est pas prêt à faire des concessions. Depuis quelque temps,
d'autre part, les autorités israéliennes nourrissaient des craintes quant à
la détermination de M. Obama de poursuivre une politique intransigeante
envers Téhéran. Bombardements préventifs L'idée selon laquelle
l'Iran pourrait être autorisé à poursuivre ses activités d'enrichissement de
l'uranium à des fins civiles, mais sous haute surveillance internationale, en
échange de la levée des sanctions déjà en place, faisait son chemin à
Washington, assurent certains experts israéliens, pour qui ces révélations
devraient mettre un terme à ce qui est considéré comme une dérive. Celles-ci
pourraient enfin renforcer, sinon la légitimité, du moins une relative
tolérance internationale, de bombardements israéliens préventifs, si
d'aventure l'Etat juif décidait de retarder de quelques années le potentiel
nucléaire de l'Iran par des frappes sélectives. Selon un tel scénario,
l'armée israélienne n'aurait pas l'ambition de détruire tout le potentiel
nucléaire iranien, mais de gagner un répit. Celui-ci pourrait être mis à
profit pour amener les autorités iraniennes à la raison, ou favoriser un
changement de régime à Téhéran. Israël espère que les trois pays dont
l'utilisation de l'espace aérien pourrait se révéler utile à
l'accomplissement de la mission des chasseurs-bombardiers israéliens
fermeront davantage les yeux avec ces nouvelles preuves du
"mensonge" iranien. Il s'agit de l'Arabie
saoudite, de la Turquie et de l'Irak, c'est-à-dire, indirectement, des
Etats-Unis. Lorsque, il y a quelques jours, le président russe, Dmitri Medvedev,
avait cru devoir annoncer que le président Shimon Pérès
lui avait donné l'assurance qu'Israël n'attaquerait pas l'Iran, il s'était
attiré une réplique immédiate du vice-ministre israélien des affaires étrangères
: "Nous n'avons certainement pas abandonné cette option",
avait souligné Danny
Ayalon. Le gouvernement israélien a
reconnu tardivement que M. Nétanyahou avait bien effectué une visite secrète
à Moscou le 7 septembre, laquelle était liée aux efforts déployés par Israël
pour convaincre la Russie de ne pas livrer à l'Iran de missiles sol-air
S-300, susceptibles d'offrir une parade face aux avions israéliens. Dans
l'immédiat, les autorités israéliennes sont décidées à offrir une dernière
chance aux efforts diplomatiques déployés par l'administration américaine et
les Européens, sans trop y croire. Les experts militaires
savent ce que pourraient être des représailles iraniennes en cas de frappes
israéliennes. Tout en sachant que celles-ci seront douloureuses pour la
population israélienne, ils estiment que Tsahal dispose de la puissance
militaire pour en contrer l'essentiel, et ne croient pas au scénario d'un
embrasement généralisé du Proche-Orient. Laurent Zecchini |