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Article paru dans l’édition du 21 Octobre 2009 – page 12 Pour Jacques Attali,
l'antisémitisme en France est un "non-problème"
Par
Stéphanie Le Bars Zéro,
bullshit, peanuts" : est-il besoin de traduire en bon français les
propos de Jacques
Attali qualifiant dans le journal israélien Haaretz du 16
octobre l'ampleur de l'antisémitisme en France ? Au cours de cet entretien,
l'ancien conseiller de François
Mitterrand s'agace de l'insistance du journaliste à l'entreprendre sur un
sujet qu'il considère pour sa part comme un "non-problème". "Ce n'est pas un
problème au niveau national. C'est un mensonge. Je pense qu'il s'agit de
propagande, de propagande israélienne", assure M. Attali, récusant l'idée d'une immigration
massive des juifs de France vers Israël. "Des juifs français achètent
des appartements en Israël comme des Anglais achètent une maison dans le sud
de la France, pour les vacances." Ces propos, confirmés par
M. Attali, ont "choqué" l'Union des étudiants juifs de
France (UEJF) qui, avec le Conseil représentatif des institutions juives de
France (CRIF), veille à la dénonciation de tout acte antisémite. "S'il
est important de dire que la France n'est pas antisémite, nous considérons
que l'antisémitisme est un problème. Nous allons lui proposer de rencontrer
des victimes d'antisémitisme", nous a déclaré Arielle Schwab,
la nouvelle présidente de l'association étudiante, qui devrait croiser M.
Attali cette semaine lors d'un colloque à Jérusalem. Celui que le journal
israélien présente comme "un intellectuel juif français arrivé
d'Algérie à l'âge de 12 ans" insiste : "Ces dix dernières
années, les Israéliens se sont installés dans une sorte d'auto-conviction que
la situation en France est un désastre. C'est une propagande très
dangereuse. C'est ridicule. Je suis un exemple que cela n'est pas vrai. Je
suis parti de rien et j'y suis arrivé", défend M. Attali,
aujourd'hui président de PlaNet Finance,
une organisation à but non lucratif développant le microcrédit. "Survie d'Israël" En 2004, mettant en avant "un
antisémitisme déchaîné", Ariel Sharon,
alors premier ministre israélien, avait appelé les juifs français à immigrer
en Israël. Après une hausse observée au début des années 2000, le nombre de
Français faisant leur aliya (montée en Israël) est stable, voire en
légère baisse. S'établissant aux environs de 2 000 personnes par an (dont une
grande partie de retraités et d'étudiants), ce chiffre ne prend pas en compte
les retours. Décidément en porte-à-faux
avec une opinion répandue dans la communauté juive française, M. Attali
rejette également l'idée d'un "antisémitisme musulman" en
France. "Bien sûr qu'ils sont contre la politique israélienne dans
les territoires (palestiniens occupés). Bien sûr, que vous ne pouvez pas dire
qu'il n'y a aucun problème. Mais ce n'est pas un problème politique." Enfin, au risque de choquer
l'orthodoxie juive, M. Attali défend l'idée de faciliter les conversions au
judaïsme. "La survie d'Israël nécessite 200 millions de juifs à
travers le monde", juge-t-il. Ils sont aujourd'hui quelque 13
millions. |