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Les motifs de friction se
multiplient entre la France et Israël Bernard Kouchner annule une visite en
Israël, officiellement pour des raisons de calendrier Bernard Kouchner ne se rendra pas en Israël
et dans les territoires palestiniens à l'occasion de sa visite dans la
région, prévue initialement du 23 au 25 octobre. Le porte-parole du Quai
d'Orsay a expliqué, mardi 20 octobre, que ce report est dû à « des raisons de
construction du programme [ministériel], de compatibilité d'horaires de
rendez-vous, etc. » « Les étapes israélienne, palestinienne et syrienne sont
reportées », a-t-il ajouté, ce qui signifie que le ministre français des
affaires étrangères ira seulement au Liban. Cette explication est succincte. M. Kouchner
avait l'intention de profiter de sa visite en Israël pour aller à Gaza, afin
de donner le coup d'envoi de la réhabilitation de l'hôpital Al-Qods,
partiellement détruit lors de la guerre de l'hiver 2008. Pour ce projet de
caractère humanitaire, le président Sarkozy avait obtenu l'accord personnel
du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. De là à laisser M. Kouchner se rendre dans
la bande de Gaza, territoire contrôlé par le Hamas, il y a un pas que les autorités
israéliennes ont du mal à franchir. D'autant qu'elles ne sont pas sûres de la
nécessité de « reconstruire » cet hôpital. De source israélienne, on affirme
que le bâtiment n'a été que partiellement endommagé par un feu qui s'est
propagé depuis un immeuble voisin, lui-même détruit par les bombardements. Il semble d'ailleurs que les diplomates
français aient autant de mal à entrer à Gaza qu'à... en sortir. Cela fait
plusieurs semaines que le vice-consul de France à Gaza, Majdi Shakoura, qui
souhaite se rendre en France pour des raisons médicales, attend en vain que
les autorités israéliennes lui délivrent un permis de sortie. La position française à propos du rapport du
juge Richard Goldstone, qui a stigmatisé les « crimes de guerre » commis,
notamment par Israël à Gaza a, d'autre part, fortement déplu à Jérusalem.
Sont en cause à la fois le fait que la France a choisi de ne pas participer
au vote du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, qui a entériné ce rapport
le 16 octobre, et la lettre que Nicolas Sarkozy a cosignée avec le premier
ministre britannique, Gordon Brown, enjoignant à M. Nétanyahou de créer une
commission d'enquête « indépendante et transparente » sur la guerre de Gaza. « Ultimatum » L'attitude de Paris a provoqué de
l'irritation. « Nous avons été très déçus que la France ait choisi de ne pas
soutenir Israël dans un moment aussi important », indique-t-on de source
autorisée. S'il n'a pas été question, officiellement, d'annuler un
rendez-vous de Bernard Kouchner avec M. Nétanyahou, c'est uniquement,
ajoute-t-on, parce que la visite du ministre français a été elle-même
annulée. « Le ton de cette lettre était un langage
d'ultimatum, et cela a beaucoup agacé dans l'entourage du premier ministre.
Cette démarche était surtout destinée à l'opinion publique internationale »,
insiste un haut fonctionnaire israélien, qui ajoute : « On a évité
l'incident, puisque M. Kouchner ne vient pas, mais ceci montre une certaine
tension. » Côté français, on reconnaît que le contexte de la visite de
Bernard Kouchner en Israël n'était « pas très porteur ». Le Quai d'Orsay, indique un diplomate
israélien, a expliqué que M. Kouchner était obligé d'annuler sa visite en
raison de la réunion des ministres européens des affaires étrangères. Il est
vrai que la tournée de M. Kouchner dans la région devait s'achever le 25, et
qu'il est attendu par ses homologues européens, à Luxembourg, pour le dîner
du... 26 octobre. Laurent Zecchini |