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  Le Monde.fr                                    Article paru dans l’édition du 7 Novembre2009 – page 6

A Ramallah, Mahmoud Abbas dit ne pas souhaiter se représenter à la présidentielle

 

Laurent Zecchini

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2009/11/06/a-ramallah-mahmoud-abbas-dit-ne-pas-souhaiter-se-representer-a-la-presidentielle_1263655_3218.html

 

La décision de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, de ne pas se représenter lors de l'élection présidentielle annoncée pour le 24 janvier 2010 ouvrirait - si elle était confirmée et si l'élection a lieu -, une dangereuse période d'incertitude pour le mouvement palestinien.

Dans une intervention télévisée, jeudi 5 novembre, M. Abbas a annoncé au comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et au comité central du Fatah, mouvement qui contrôle l'Autorité palestinienne, qu'il "ne souhaite pas se présenter à la prochaine élection" présidentielle. Il a expliqué cette décision qui, a priori, ne concerne pas ses responsabilités à la tête de l'OLP et du Fatah, en mettant en cause le soutien des Etats-Unis à la position du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, sur l'arrêt de la colonisation juive dans les territoires palestiniens occupés.

"Nous nous sommes félicités et nous avons été optimistes lorsque le président Barack Obama a annoncé la nécessité d'un arrêt complet des colonies (...). Nous avons été surpris de voir (les Américains) pencher en faveur de la position israélienne", a déclaré M. Abbas, en faisant ainsi implicitement référence à la volte-face américaine, confirmée lors de la récente visite de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, à Jérusalem.

Conscient de ce que sa propension à menacer de démissionner risque de provoquer un certain scepticisme sur ses intentions véritables, M. Abbas a ajouté : "Cette décision n'a rien à voir avec quelque marchandage ou manoeuvre." Selon cette interprétation, M. Abbas chercherait ainsi à faire pression sur les Américains, afin qu'ils exigent d'autres concessions d'Israël sur la colonisation.

Les présidents égyptien, Hosni Moubarack, et israélien, Shimon Pérès, le roi Abdallah de Jordanie, et le ministre israélien de la défense, Ehoud Barak, ont appelé M. Abbas pour lui demander de revenir sur sa décision. La réaction de Washington a été ambivalente : le porte-parole de la Maison Blanche a semblé prendre acte de ce choix en soulignant que M. Abbas "a été pour les Palestiniens un dirigeant important et historique, et pour les Etats-Unis un vrai partenaire", tout en précisant : "Quelle que soit sa décision, nous comptons continuer à travailler avec lui."

Déshérence

Alors que le comité exécutif de l'OLP a "rejeté à l'unanimité" la décision de M. Abbas, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a conseillé à l'intéressé "de dire franchement au peuple palestinien que la voie des négociations (avec Israël) a échoué". Le président de l'Autorité palestinienne a été obligé de se déjuger, sous la pression américaine, à propos du rapport Goldstone sur la guerre de Gaza. Humilié aux yeux de son propre camp, confronté à l'absence de perspective du processus de paix, il n'est pas exclu qu'il ait tout simplement décidé de jeter l'éponge.

Mais l'annonce de sa démission est, dans une certaine mesure, dénuée de fondement : comme l'a souligné, mercredi, Saëb Erakat, principal négociateur palestinien du processus de paix, tenir des élections le 24 janvier est très improbable depuis le refus du Hamas d'y participer. " On ne peut avoir des élections sans Gaza, car on ne peut avoir d'Etat palestinien sans Gaza", a-t-il déclaré, ajoutant qu'un scrutin sans la participation des Gazaouis "mènerait à une séparation totale entre la Cisjordanie et Gaza".

Si Mahmoud Abbas s'en va, aucun autre leader du Fatah ne paraît en mesure de s'imposer. Lors du congrès, en août à Bethléem, M. Abbas a paru désigner Mohammed Ghaneim comme successeur potentiel. Mais cet homme de 72 ans a passé une grande partie de sa vie hors de Palestine et est opposé aux négociations avec Israël. Le seul qui ait un vrai charisme est Marwan Barghouti, mais il est emprisonné en Israël. Reste le premier ministre Salam Fayyad, apprécié de la communauté internationale mais sans grand soutien au sein de l'appareil du Fatah. Or une déshérence à la tête du mouvement palestinien ferait le jeu de l'extrémisme.

 

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