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Article
paru dans l’édition du 7 Novembre2009 – page 6 A Ramallah, Mahmoud
Abbas dit ne pas souhaiter se représenter à la présidentielle
Laurent
Zecchini La décision de Mahmoud Abbas,
président de l'Autorité palestinienne, de ne pas se représenter lors de
l'élection présidentielle annoncée pour le 24 janvier 2010 ouvrirait - si
elle était confirmée et si l'élection a lieu -, une dangereuse période
d'incertitude pour le mouvement palestinien. Dans une intervention
télévisée, jeudi 5 novembre, M. Abbas a annoncé au comité exécutif de
l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et au comité central du
Fatah, mouvement qui contrôle l'Autorité palestinienne, qu'il "ne
souhaite pas se présenter à la prochaine élection" présidentielle.
Il a expliqué cette décision qui, a priori, ne concerne pas ses
responsabilités à la tête de l'OLP et du Fatah, en mettant en cause le
soutien des Etats-Unis à la position du premier ministre israélien, Benyamin
Nétanyahou, sur l'arrêt de la colonisation juive dans les territoires
palestiniens occupés. "Nous nous sommes
félicités et nous avons été optimistes lorsque le président Barack Obama a
annoncé la nécessité d'un arrêt complet des colonies (...). Nous avons été
surpris de voir (les Américains) pencher en faveur de la position
israélienne", a déclaré M. Abbas, en faisant ainsi implicitement
référence à la volte-face américaine, confirmée lors de la récente visite de
la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton,
à Jérusalem. Conscient de ce que sa
propension à menacer de démissionner risque de provoquer un certain
scepticisme sur ses intentions véritables, M. Abbas a ajouté : "Cette
décision n'a rien à voir avec quelque marchandage ou manoeuvre."
Selon cette interprétation, M. Abbas chercherait ainsi à faire pression sur
les Américains, afin qu'ils exigent d'autres concessions d'Israël sur la
colonisation. Les présidents égyptien, Hosni Moubarack,
et israélien, Shimon
Pérès, le roi Abdallah de
Jordanie, et le ministre israélien de la défense, Ehoud Barak, ont
appelé M. Abbas pour lui demander de revenir sur sa décision. La réaction de
Washington a été ambivalente : le porte-parole de la Maison Blanche
a semblé prendre acte de ce choix en soulignant que M. Abbas "a été
pour les Palestiniens un dirigeant important et historique, et pour les
Etats-Unis un vrai partenaire", tout en précisant : "Quelle
que soit sa décision, nous comptons continuer à travailler avec lui." Déshérence Alors que le comité
exécutif de l'OLP a "rejeté à l'unanimité" la décision de M.
Abbas, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a conseillé à l'intéressé "de
dire franchement au peuple palestinien que la voie des négociations (avec
Israël) a échoué". Le président de l'Autorité palestinienne a été
obligé de se déjuger, sous la pression américaine, à propos du rapport
Goldstone sur la guerre de Gaza. Humilié aux yeux de son propre camp,
confronté à l'absence de perspective du processus de paix, il n'est pas exclu
qu'il ait tout simplement décidé de jeter l'éponge. Mais l'annonce de sa
démission est, dans une certaine mesure, dénuée de fondement : comme l'a
souligné, mercredi, Saëb Erakat,
principal négociateur palestinien du processus de paix, tenir des élections
le 24 janvier est très improbable depuis le refus du Hamas d'y participer.
" On ne peut avoir des élections sans Gaza, car on ne peut avoir
d'Etat palestinien sans Gaza", a-t-il déclaré, ajoutant qu'un
scrutin sans la participation des Gazaouis "mènerait à une séparation
totale entre la Cisjordanie et Gaza". Si Mahmoud Abbas s'en va,
aucun autre leader du Fatah ne paraît en mesure de s'imposer. Lors du
congrès, en août à Bethléem, M. Abbas a paru désigner Mohammed
Ghaneim comme successeur potentiel. Mais cet homme de 72 ans a passé une
grande partie de sa vie hors de Palestine et est opposé aux négociations avec
Israël. Le seul qui ait un vrai charisme est Marwan
Barghouti, mais il est emprisonné en Israël. Reste le premier ministre Salam Fayyad,
apprécié de la communauté internationale mais sans grand soutien au sein de
l'appareil du Fatah. Or une déshérence à la tête du mouvement palestinien
ferait le jeu de l'extrémisme. |