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Article paru dans l’édition du 3 Novembre2009 – page 7 A Jérusalem, Hillary Clinton officialise un recul sur la
colonisation
Par
Laurent Zecchini Son visage épanoui
était éloquent : le premier ministre israélien, Benyamin
Nétanyahou, n'a pas boudé son plaisir, dimanche 1er novembre,
au lendemain de la visite de Hillary Clinton
à Jérusalem, au cours de laquelle la secrétaire d'Etat américaine a
clairement soutenu la position israélienne et pris ses distances avec celle
défendue par Mahmoud
Abbas, le président de l'Autorité palestinienne."La preuve est faite, s'est félicité Danny Ayalon,
vice-ministre israélien des affaires étrangères, que les Etats-Unis sont
nos meilleurs amis et que l'attitude ferme d'Israël sur ses positions est
payante." Prenant le contre-pied du point de vue palestinien, pour
qui un gel total de la colonisation juive dans les territoires occupés doit
précéder la reprise des pourparlers de paix, Mme Clinton a estimé
que l'arrêt de la construction "n'a jamais été une précondition ;
cela a toujours été une question faisant partie des négociations". Reprenant l'expression
employée par M. Nétanyahou d'une simple "limitation" de la
colonisation, elle a estimé qu'en annonçant qu'il n'y aurait pas de nouveaux
permis de construction, le premier ministre israélien avait fait une
concession "sans précédent" dans un contexte de pré-
négociations. Cette position, qui a provoqué déception et colère chez les
Palestiniens, confirme une volte-face de l'administration américaine sur ce
sujet, tout en assombrissant davantage les perspectives d'une relance du
processus de paix. "BARRE TRÈS HAUT" Dès son entrée à la Maison Blanche,
le président Barack
Obama avait insisté sur un gel total de la colonisation en Cisjordanie et
à Jérusalem-Est, condition sine qua non, selon lui, d'une relance du
processus de paix. La secrétaire d'Etat américaine avait explicité cette
position le 27 mai : "Le président a été très clair avec M.
Nétanyahou : il veut qu'il y ait un arrêt de la colonisation. Pas quelques
colonies, pas d'avant-postes (les implantations sauvages), pas
d'exceptions pour la croissance naturelle (démographique)"
des colons, avait-elle martelé. Puis, la position
israélienne demeurant inflexible, le discours américain a évolué : le "gel"
s'est transformé en "limitation" de la colonisation. Fin
août, un représentant du département d'Etat expliquait que l'administration
avait "placé la barre très haut" et qu'il s'agissait de
savoir "jusqu'où on peut s'approcher de ce but", l'essentiel
étant la reprise des négociations. C'est ce message que Mme
Clinton a réaffirmé à Jérusalem. Dans toute négociation,
a-t-elle expliqué, "il y a toujours des demandes qui ne sont pas
complètement réalisées". La secrétaire d'Etat avait rencontré
Mahmoud Abbas samedi, à Abu Dhabi et cet
entretien s'est mal déroulé. "Le président Abbas a informé Mme
Clinton de son refus absolu d'une reprise des négociations avec Israël"
sans un gel préalable de la colonisation, a indiqué le principal négociateur
palestinien, Saëb
Erakat. Alors que M. Nétanyahou a
affirmé que l'Autorité palestinienne utilisait la question de la colonisation
comme "prétexte" pour ne pas reprendre les négociations, le
porte-parole de M. Abbas, Nabil Abou Roudeina,
a estimé que les négociations "sont paralysées", ajoutant : "Le
résultat de l'intransigeance israélienne et du rétropédalage de l'Amérique
est qu'il n'y a pas d'espoir de reprise à l'horizon." "Faire pression sur
les Palestiniens pour qu'ils fassent davantage de concessions, afin
d'accommoder l'intransigeance d'Israël n'est pas la réponse", a ajouté M. Erakat. La
position adoptée par Mme Clinton illustre d'une certaine façon le
pragmatisme diplomatique américain : ayant fait le constat que l'exigence
d'un gel de la colonisation menait à une impasse, l'administration Obama
appelle désormais à une reprise sans conditions des négociations. Ce virage devrait avoir
pour effet de conforter la détermination de M. Nétanyahou à ne pas accepter
un compromis, ainsi que l'encourage le puissant lobby des colons. Il place M.
Abbas dans une situation difficile, en l'incitant à l'intransigeance : très
critiqué dans son camp en raison des concessions qu'il avait acceptées pour
conserver le soutien des Etats-Unis, le président de l'Autorité palestinienne
ne peut plus se permettre d'apparaître en position de faiblesse. La division entre le Fatah,
qui contrôle l'Autorité palestinienne, et le Hamas est désormais critique, et
les récents affrontements qui se sont déroulés à Jérusalem à l'appel de
mouvements radicaux, musulmans et juifs, nourrissent un sentiment
d'inquiétude, tant du côté palestinien qu'israélien. |