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Accueil très réservé
Les
désaccords persistent à propos des colonies, Aucune caméra n'était présente,
lundi 9 novembre, pour filmer la poignée de main entre le président
américain, Barack Obama, et le premier ministre israélien, Benyamin
Nétanyahou, dans le bureau Ovale. Lors de leur première rencontre, le 18 mai,
les deux hommes avaient passé plusieurs heures ensemble et partagé un
déjeuner de travail. Une conférence de presse commune avait été organisée,
mais elle avait surtout souligné leurs divergences. Quand Benyamin Nétanyahou
disait « Iran », Barack Obama répondait « gel des colonies » de peuplement. Six mois plus tard, le paysage a
nettement changé. De lui-même, le porte-parole de la Maison Blanche, Robert
Gibbs, a mentionné l'Iran parmi les sujets qui seraient abordés en priorité
pendant l'entretien. Le communiqué publié par la Maison Blanche à l'issue de
la rencontre est laconique. « Le président a fait part de la force de notre
engagement à l'égard de la sécurité d'Israël », indique-t-il. Le texte ne
fait pas mention du gel des colonies, même si, dans la journée, le
porte-parole a démenti toute inflexion à ce sujet. « La politique du
gouvernement des Etats-Unis, depuis des décennies, c'est la fin de la
colonisation ; ce n'est pas une nouveauté de cette administration », a-t-il
dit. M. Nétanyahou se trouvait à
Washington pour participer à la conférence des fédérations juives d'Amérique
du Nord. Il y a tenu un discours des plus conciliants, appelant les
Palestiniens à « saisir le moment historique » et à « commencer immédiatement
les pourparlers ». « Assez de négociation sur la négociation, a-t-il lancé.
Allons de l'avant. » L'entretien avec M. Obama n'a
été annoncé qu'après son arrivée dans la capitale fédérale. Il avait été fixé
à 19 heures, mais M. Gibbs a assuré qu'il ne fallait pas voir, dans l'heure
tardive et l'absence de publicité, le signe que le président américain
battait froid à l'homme qui a opposé une fin de non-recevoir à ses demandes.
Il se trouve simplement que Barack Obama est débordé et qu'il a ses
priorités, a-t-il dit Mais il est désormais de
notoriété publique que les deux dirigeants ont une relation difficile.
L'équipe Obama reproche au premier ministre israélien d'avoir, par son
attitude, « porté atteinte au crédit » du président américain dans le monde
arabe, analyse Steve Clemons, de la New America Foundation. M. Obama a peut-être aussi
souhaité ne pas afficher une trop grande proximité avec le dirigeant
israélien, après le faux pas de la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton.
Pendant son récent voyage dans la région, Mme Clinton avait appelé les
Palestiniens à accepter un retour sans conditions à la table des
négociations. Aux côtés d'un Benyamin Nétanyahou ravi, elle avait félicité le
gouvernement israélien pour les concessions « sans précédent » qu'il avait
accepté de faire - neuf mois de suspension de la colonisation mais excluant
Jérusalem. Le monde arabe y avait vu la preuve qu'il attendait sur la
partialité américaine dans le conflit. Pendant plusieurs jours, Mme
Clinton s'est employée à corriger l'effet de ses propos, aussi bien au Maroc
qu'en Egypte, où elle est allée expliquer sa position dans un voyage imprévu.
Elle a multiplié les entretiens aux médias arabes (Al-Jazira, Al-Hurra...) en
essayant de calmer les esprits : « Tout le monde devrait faire une pause et
se souvenir de quel est notre but. Mettre fin à une centaine de colonies ? Ou
est-ce un Etat palestinien ? » Le voyage n'a pas été un succès. Avec Hosni
Moubarak, le président égyptien, elle n'a même pas obtenu que l'opposant
Ayman Nour soit autorisé à se rendre à une conférence du Council on Foreign
Relations de New York, où il avait été invité. Le dépit est grand côté
américain. Un commentateur aussi versé sur la question que Tom Friedman, du
New York Times - un partenaire de golf de Barack Obama -, a conseillé de
laisser les parties à un statu quo qui ne doit pas être si « intolérable »
puisqu'elles s'y tiennent. Et de reprendre le mot d'ordre de James Baker,
l'ancien secrétaire d'Etat : « Quand vous serez sérieux, passez-nous un coup
de fil. » C'était l'état d'esprit de George Bush en commençant son mandat,
avant que la violence ne le force à s'impliquer. Corine Lesnes |