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De sa cellule, Marouane
Barghouti prêche la réconciliation
Par Al-Oufok le 19 Novembre 2009 http://www.aloufok.net/spip.php?article1086 Le processus de paix avec Israël s’est soldé par
un échec et les Palestiniens doivent se réconcilier pour obtenir l’Etat dont
ils rêvent, estime Marouane Barghouti, le leader du Fatah emprisonné à vie en
Israël. Dans une interview accordée à Reuters de sa
cellule, via ses avocats, le "Nelson Mandela palestinien" estime
indéfendable la scission politique entre le Hamas, qui contrôle la bande de
Gaza, et le Fatah, qui administre la Cisjordanie. Agé de 50 ans, l’instigateur de la seconde
intifada, est considéré par Israël comme le "cerveau" des Brigades
des martyrs d’Al Aksa, qui ont revendiqué nombre d’attentats meurtriers
contre des Israéliens au début des années 2000. Le leader palestinien, qui jouit d’une grande
popularité dans les territoires occupés, estime que, face au ’sur-place’ de
la diplomatie américaine au Proche-Orient, le Hamas et le Fatah ont le devoir
de se réconcilier. "Je ne vois pas de divergences politiques de
fond entre le Fatah et le Hamas", affirme Barghouti, qui purge sa peine
de perpétuité depuis 2004 pour cinq chefs d’assassinat. Avant sa capture, sa condamnation et son
incarcération, Barghouti était considéré comme un successeur possible de
Yasser Arafat, mort le 11 novembre de la même année. C’est au numéro deux officiel de l’OLP et du
Fatah, Mahmoud Abbas, qu’échoira in fine la succession du leader
charismatique de la cause nationale palestinienne. Abbas a annoncé récemment
son intention de ne pas briguer un nouveau mandat à la tête de l’Autorité
palestinienne. Mahmoud Abbas n’a pas de successeur évident et son
mandat devrait être prolongé exceptionnellement par le Conseil central de
l’OLP, faute de possibilité d’organiser des élections présidentielle et
législatives simultanément à Gaza et en Cisjordanie. Mais le nom de Barghouti revient systématiquement
comme son successeur potentiel au cas où Israël le gracierait ou le
libérerait dans le cadre d’un échange de prisonniers. "Compte tenu de l’échec des négociations et
de l’absence de partenaire israélien pour la paix, la stratégie indispensable
consiste d’abord a mettre fins aux divisions et à rétablir l’unité
nationale", déclare Barghouti. "Il n’y a pas d’excuse possible pour empêcher
une telle réconciliation nationale, notamment à la lumière des derniers
développements et de l’horizon bouché pour les négociations",
ajoute-t-il. Il presse le mouvement islamiste de signer le
projet d’accord de réconciliation inter-palestinienne mis au point par
l’Egypte après des mois de négociations laborieuses. Ce projet, accepté par Abbas, lequel a aussi
incité le Hamas à le signer, prévoit la tenue des présidentielle et législatives
en juin prochain, à la fois en Cisjordanie et à Gaza. Le mandat du Conseil
législatif palestinien, où le Hamas est majoritaire, expire fin janvier. Prié de dire s’il se présenterait à ce scrutin
présidentiel, Barghouti, répond : "Quand la réconciliation
nationale sera réalisée et qu’il y aura accord sur la tenue d’élections, je
prendrai la décision opportune." Tout retour de Barghouti sur la scène politique
palestinienne dépend d’Israël, avec lequel le leader palestinien est partisan
de négocier, contrairement au Hamas. Mais, souligne-t-il, "parier sur les seules
négociations n’a jamais été notre choix". "J’ai toujours appelé à
une combinaison constructive de négociations, de résistance et d’action
politique, diplomatique et populaire." Ainsi invite-t-il aujourd’hui les Palestiniens à
une "campagne populaire" contre les activités de colonisation
juive, la "judaïsation" de Jérusalem-Est, le blocus israélien de
Gaza, les expropriations foncières des Palestiniens et la construction du
"mur de séparation raciste" entre Israël et la Cisjordanie. En cela, Barghouti s’inscrit dans la stricte ligne
politique du Fatah, dont le congrès, cet été, a prôné une campagne de
désobéissance civile de préférence à une violence organisée de type
’troisième intifada’. |