Article paru dans
l'édition du 24novembre 2009.
Israël-Palestine : vingt ans de destructions et
de désolation
Jérusalem
Correspondant
C'est avec le "cœur lourd", de l'avis de sa
directrice, Jessica Montell, que B'Tselem, l'organisation israélienne de
défense des droits de l'homme, a fêté, dimanche 22 novembre, son vingtième
anniversaire. Les raisons de ce constat morose sont nombreuses, mais un
chiffre les synthétise : au cours des deux dernières décennies, 8 900
Palestiniens et Israéliens ont été tués au cours du conflit.
Le bilan dressé par B'Tselem intervient alors que le
"processus de paix" est plus que jamais dans l'impasse. Cette
absence de perspective nourrit toutes les supputations, notamment le risque
d'une troisième Intifada. Dans une interview à la BBC, Mahmoud Abbas, le
président de l'Autorité palestinienne, a appelé samedi à la "résistance
populaire" (non violente), contre l'occupation israélienne.
Fondée en 1989 par un groupe d'universitaires, d'avocats, de
journalistes et de parlementaires, B'Tselem peut se targuer d'avoir réussi
son pari : ses rapports réguliers sur les violations des droits de l'homme
dans les territoires palestiniens provoquent souvent l'irritation des
autorités israéliennes, mais la notoriété acquise par l'organisation repose
sur la crédibilité de ses informations.
B'Tselem relève au moins un motif de satisfaction : "Il
y a vingt ans, note Jessica Montell, des milliers de Palestiniens
étaient systématiquement torturés au cours des enquêtes. Grâce aux efforts de
la communauté des droits de l'homme, cette pratique de la torture a
cessé." Ainsi, en novembre 1989, 1 794 Palestiniens étaient en "détention
administrative", c'est-à-dire sans procès, alors qu'ils sont 335
dans ce cas aujourd'hui.
Les autres statistiques ne vont pas dans le même sens : 7 398
Palestiniens, dont au moins 1 537 mineurs, ont été tués depuis vingt ans par
les forces israéliennes, l'année 2009, avec la guerre de Gaza (décembre
2008-janvier 2009), ayant été la plus meurtrière, avec 1 033 Palestiniens
tués. Au cours de la même période, les Palestiniens ont tué 1 483 Israéliens,
dont 139 mineurs, 488 d'entre eux étaient des membres des forces de l'ordre
et 995 des civils.
A titre de punition
B'Tselem fait également le compte des démolitions de maisons
dans les territoires palestiniens occupés : 4 300 maisons ont été détruites
parce que leur propriétaire ne possédait pas de permis de construire, ou à
titre de punition. A ce total, il faut ajouter quelque 3 540 maisons, qui ont
été rasées dans le cadre d'opérations militaires israéliennes.
L'organisation de défense des droits de l'homme donne, d'autre
part, des chiffres sur la progression de la colonisation juive dans les
territoires occupés. En 1989, 68 000 colons vivaient en Cisjordanie, et 118
100 à Jérusalem-Est. Aujourd'hui, plus de 300 000 Israéliens vivent de
l'autre côté de la "ligne verte" (ligne de démarcation datant de
l'armistice de 1949), et plus de 190 000 résidents à Jérusalem-Est.
Laurent Zecchini
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