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jeudi 10 décembre 2009 http://www.lexpress.fr/actualites/1/refugies-palestiniens-au-liban-nous-survivons-a-defaut-de-mourir_834386.html
Réfugiés
palestiniens au Liban : « nous survivons, à défaut de mourir »
D’après AFP BORJ EL-CHEMALI (Liban)
- En quittant la Palestine en 1948 à l’âge de 12 ans, Hassan Rhayyel ne se
doutait pas qu’il allait passer les 60 prochaines années de sa vie dans un
camp de misère au Liban. Un jeune palestinien joue au ballon dans un camp de réfugiés Comme des milliers
de ses compatriotes réfugiés, il se sent prisonnier à perpétuité.
"L’avenir, on le voit en noir", lance cet homme aux cheveux blancs
dans sa maison de 70 mètres carrés où il a élevé huit enfants, dans le camp
de Borj el-Chemali (sud). A l’intérieur des
12 camps palestiniens du Liban, où s’entassent plus de 250.000 réfugiés, les
enfants grandissent dans des dédales de ruelles crevassées aux odeurs
nauséabondes, jouent dans les cimetières et parmi les déchets et abandonnent
l’école bien avant l’âge de 18 ans Les logements
anarchiques sont tellement collés les uns aux autres qu’il est parfois
impossible d’apercevoir le ciel. A Borj el-Chemali,
le nombre de réfugiés est passé en cinq décennies de 7.000 à 20.000
personnes, sur une même superficie : un kilomètre carré. "Comment
est-il possible que, depuis 62 ans, les Palestiniens restent enfermés dans
ces camps ?", déplore Mahmoud al-Joumaa, président de "la
Maison des enfants de la résistance", qui s’occupe de l’épanouissement
des tout-petits. Avec le processus
de paix israélo-palestinien au point mort et le refus d’Israël d’entendre
parler du droit au retour, l’espoir de revoir la terre natale s’amenuise de
génération en génération. Le souvenir même de
la Palestine s’estompe : seuls 10% des réfugiés se rappellent encore
l’exode. "Quand
j’observais les combats entre les juifs et les nôtres du toit de notre maison
dans la vallée de Hula (nord d’Israël), je ne me rendais pas compte que je
perdais une patrie", se souvient Hassan. "On pensait
qu’on allait revenir dans deux jours, on a fini par construire ce camp au
Liban", ajoute le vieil homme. "Ce camp, c’est ma Palestine". Les jeunes des
camps ne se font pas non plus d’illusions. "La Palestine,
ce n’est qu’un concept", affirme Hiba Idriss, 23 ans. "Nous sommes
nés réfugiés, nous mourrons réfugiés", ajoute cette jeune fille qui a
décroché une licence en gestion des technologies de l’information d’une université
libanaise grâce à une bourse de l’agence de l’ONU pour les réfugiés
palestiniens (UNRWA). Mais ce diplôme est
loin de lui donner des perspectives d’avenir, la loi libanaise interdisant
aux Palestiniens d’exercer la plupart des métiers. "Rien ne nous
appartient, dit Hiba. Nous vivons au jour le jour parce que c’est sans
issue". Une Palestinienne sur son balcon dans un camp de Beaucoup de jeunes
désœuvrés passent leur temps à fumer le narguilé ou à sillonner les ruelles
en mobylette. Elle se souvient de
son grand-père dont le départ de la région de Safad, en Galilée, a pesé sur
sa conscience. "Il n’a pas pris les armes. Comme beaucoup, il a eu vent
du massacre de Deir Yassine (en 1948, par des combattants sionistes). Il est
parti pour protéger sa famille". "Il se sentait
coupable de la situation dans les camps et répétait +ça aurait été mieux de
mourir là-bas, dans la dignité+", se rappelle cette brune voilée. Elle se souvient
aussi de la première fois où elle est sortie du camp : "je ne
savais pas qu’il y avait un monde extérieur, je pensais que la vie, c’était
le camp". Pour beaucoup,
c’est surtout le sentiment d’avoir été abandonné à leur triste sort qui
blesse. "Ils sont sept
millions (d’Israéliens) à se préoccuper de (Gilad) Shalit (le soldat
israélien enlevé en 2006 par le Hamas, ndlr) alors que 300 millions d’Arabes
se moquent bien du sort de centaines de milliers de Palestiniens",
s’indigne Walid Taha, dans le camp de Chatila (banlieue sud de Beyrouth). Cet homme maigre
envie ses demi-frères en Israël, dont l’un, Wassel Taha, est député au
Parlement. "Ici, je gagne
à peine 100 dollars en un mois. Nous survivons, à défaut de mourir",
résume cet ouvrier, père de six enfants. 8
décembre 2009 - L’Express Vous pouvez
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