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« L'Egypte a touché
le fond », dénonce Mohamed ElBaradei Le Caire tente-t-il de fermer les tunnels, Les autorités égyptiennes prennent-elles les
moyens d'étrangler l'« économie des tunnels », qui permet à la bande de Gaza
de survivre au blocus imposé par Israël ? Le Caire a démenti avoir entrepris
la construction d'une barrière souterraine, constituée de plaques d'acier, le
long de la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza. Officiellement, il
s'agit de travaux de « maintenance ». Mais les photos montrant des grues, d'impressionnantes
foreuses et du matériel de génie civil, publiées par la presse israélienne,
accréditent l'idée que l'Egypte, régulièrement critiquée par Israël pour son
manque de zèle à détruire les tunnels de contrebande, a changé de politique.
Plusieurs témoins à Rafah, la ville frontalière, ont rapporté que ces travaux
ont pour but d'enfouir verticalement des plaques métalliques jusqu'à 20
mètres de profondeur. L'existence d'un tel projet, qui viserait à ralentir ou à
interrompre le flot des marchandises et des armes traversant la frontière par
les centaines de tunnels disséminés le long des 13 kilomètres du « corridor
Philadelphie », qui sépare le sud de la bande de Gaza de l'Egypte, n'est pas
confirmée officiellement par l'armée israélienne. Selon certaines
informations, les Egyptiens auraient d'autre part mis en place - avec l'aide
de techniciens américains -, des systèmes de détection acoustique pour
repérer les tunnels. Incrédulité du Hamas Les « tunneliers » gazaouis ont fait part de leur
détermination à contourner l'obstacle que tentent de mettre en place les
techniciens égyptiens. Rien n'indique à ce stade que l'Egypte veuille porter
un coup d'arrêt à l'« économie des tunnels », qui est indispensable au
gouvernement du Hamas à Gaza, tant sur le plan économique que politique, ni
qu'elle en ait les moyens : selon les accords de camp David, l'Egypte ne peut
déployer que 750 policiers sur la zone frontalière, ce qui est notoirement
insuffisant. Le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) a fait part de
son incrédulité quant à une volonté politique du Caire de porter un coup
aussi rude à Gaza, c'est-à-dire aux 1,4 million de Palestiniens pour qui les
tunnels sont un moyen de survie. Couper les vivres de Gaza revient à une «
déclaration de guerre » envers le Hamas, qui fait partie de la mouvance des
Frères musulmans, laquelle incarne l'opposition au régime du président
égyptien, Hosni Moubarak. Côté égyptien, l'« économie des tunnels » profite notamment
aux tribus bédouines du Sinaï. Or celles-ci représentent une opposition
turbulente, dont M. Moubarak doit tenir compte. Laurent Zecchini
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