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http://medias.lemonde.fr/mmpub/img/lgo/lemondefr_pet.gif      Article paru dans l'édition du 15 décembre 2009

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« L'Egypte a touché le fond », dénonce Mohamed ElBaradei

Le Caire tente-t-il de fermer les tunnels,
seul moyen de survie de Gaza ?

Les autorités égyptiennes prennent-elles les moyens d'étrangler l'« économie des tunnels », qui permet à la bande de Gaza de survivre au blocus imposé par Israël ? Le Caire a démenti avoir entrepris la construction d'une barrière souterraine, constituée de plaques d'acier, le long de la frontière entre l'Egypte et la bande de Gaza. Officiellement, il s'agit de travaux de « maintenance ».

Mais les photos montrant des grues, d'impressionnantes foreuses et du matériel de génie civil, publiées par la presse israélienne, accréditent l'idée que l'Egypte, régulièrement critiquée par Israël pour son manque de zèle à détruire les tunnels de contrebande, a changé de politique. Plusieurs témoins à Rafah, la ville frontalière, ont rapporté que ces travaux ont pour but d'enfouir verticalement des plaques métalliques jusqu'à 20 mètres de profondeur.

L'existence d'un tel projet, qui viserait à ralentir ou à interrompre le flot des marchandises et des armes traversant la frontière par les centaines de tunnels disséminés le long des 13 kilomètres du « corridor Philadelphie », qui sépare le sud de la bande de Gaza de l'Egypte, n'est pas confirmée officiellement par l'armée israélienne. Selon certaines informations, les Egyptiens auraient d'autre part mis en place - avec l'aide de techniciens américains -, des systèmes de détection acoustique pour repérer les tunnels.

Incrédulité du Hamas

Les « tunneliers » gazaouis ont fait part de leur détermination à contourner l'obstacle que tentent de mettre en place les techniciens égyptiens. Rien n'indique à ce stade que l'Egypte veuille porter un coup d'arrêt à l'« économie des tunnels », qui est indispensable au gouvernement du Hamas à Gaza, tant sur le plan économique que politique, ni qu'elle en ait les moyens : selon les accords de camp David, l'Egypte ne peut déployer que 750 policiers sur la zone frontalière, ce qui est notoirement insuffisant.

Le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) a fait part de son incrédulité quant à une volonté politique du Caire de porter un coup aussi rude à Gaza, c'est-à-dire aux 1,4 million de Palestiniens pour qui les tunnels sont un moyen de survie. Couper les vivres de Gaza revient à une « déclaration de guerre » envers le Hamas, qui fait partie de la mouvance des Frères musulmans, laquelle incarne l'opposition au régime du président égyptien, Hosni Moubarak.

Côté égyptien, l'« économie des tunnels » profite notamment aux tribus bédouines du Sinaï. Or celles-ci représentent une opposition turbulente, dont M. Moubarak doit tenir compte.

Laurent Zecchini

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