Article paru le 17
Décembre 2009
L’appel de Marwan
Barghouti
Par HASSANE
ZERROUKY
Le
dirigeant palestinien plaide à nouveau pour un accord de réconciliation
nationale entre le Fatah et le Hamas avant toute organisation d’élections.
Dans un entretien à l’AFP dont elle n’a publié
que des extraits, Marwan Barghouti, cinquante ans, emprisonné à vie en
Israël, qui avait déjà appelé à la « réconciliation nationale » le
20 novembre entre le Fatah et le Hamas, a lancé un nouvel appel en ce sens
avant toute tenue des élections. « Les élections présidentielle et
législatives doivent être organisées après la réconciliation et dans le
contexte d’un accord national complet », a-t-il expliqué.
« ÊTRE CRÉATIF ET NOVATEUR »
Mieux, il souhaite que le scrutin se déroule
simultanément en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, et dans la
bande de Gaza. « Sans cela, a-t-il prévenu, il sera difficile de tenir
des élections, cela n’en vaudra peut-être même pas la peine. » Sur ce
sujet, la commission électorale palestinienne a recommandé en novembre le
report des élections – initialement convoquées pour le 24 janvier prochain –
en raison de l’impossibilité de les organiser à Gaza, faute d’accord entre le
Fatah et le Hamas : ce dernier avait refusé en octobre de signer
l’accord de « réconciliation nationale » mis au point par l’Égypte.
Sur ses intentions politiques, le leader palestinien a assuré :
« Lorsqu’il y aura une réconciliation nationale et que nous serons en
mesure de tenir des élections en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à
Jérusalem, alors je prendrai la décision appropriée. » Un récent sondage
crédite Marwan Barghouti de 67 % d’intentions de vote en cas d’élection
présidentielle, loin devant Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas à Gaza.
Concernant la création d’un État palestinien,
Marwan Barghouti semble marquer sa distance avec la direction de
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), assurant que « le
problème n’est pas de choisir entre la résistance ou la négociation.
L’important, c’est de combiner les deux de façon créative et novatrice, et de
ne pas recourir à l’une en renonçant à l’autre ». Concernant les
relations avec Israël, il a expliqué que « si les négociations ont
échoué ces vingt dernières années, c’est à cause de l’absence d’un partenaire
israélien pour faire la paix et de l’absence d’un parrainage
international ». Il a regretté qu’en Israël, « il n’y ait pas un
Frederick de Klerk, qui a mis fin au régime raciste en Afrique du Sud, ni un
de Gaulle, qui a sonné le glas de la colonisation française en
Algérie ».
Cet entretien de Marwan Barghouti intervient au
moment où le Conseil central de l’OLP, réuni à Ramallah, a décidé hier de
prolonger les mandats du président Mahmoud Abbas et du Parlement palestinien
« jusqu’aux prochaines élections législatives, conformément à la loi
fondamentale ». Et moins de deux semaines après les informations
rapportées par le quotidien arabe El Hayat basé à Londres faisant état d’une
probable libération de Marwan Barghouti dans le cadre d’un accord d’échange
de prisonniers entre Israël et le Hamas. Une libération qu’Israël aurait
conditionnée par le départ en exil du dirigeant du Fatah, mais rejetée par
l’intéressé : « Marwan n’ira nulle part, il veut rentrer chez lui,
chez les siens, en Palestine », a déclaré son épouse, Fadwa Barghouti.
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