International - Article paru le 4 janvier 2010
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dossier
“Guerre de Gaza >>
Evénement
Des pays arabes impuissants,
sans stratégie face à Israël
Paralysés par leurs divergences, les
régimes en place ne réagissent
même pas à la décision du Caire de construire un mur souterrain.
S’il est
bien un conflit qui a symbolisé l’impuissance des États arabes, c’est celui
de Gaza. L’histoire retiendra certainement que deux pays, l’Arabie saoudite
et l’Égypte, ont freiné des quatre fers toute proposition de réunion
d’urgence de la Ligue arabe. Calquant leur attitude sur celle qu’ils avaient
adoptée au moment où le Liban était attaqué par Israël, en juillet 2006, ces
deux têtes de pont régionales des États-Unis escomptaient faire d’une pierre
deux coups :
donner le temps à Israël d’en finir avec le Hamas, et faire prévaloir
l’initiative de paix égyptienne soutenue par Washington. Israël a non
seulement échoué dans son entreprise, mais ses dirigeants civils et
militaires ont été épinglés par le rapport du juge Richard Goldstone.
Ce n’est
finalement que le 20 janvier 2009, deux jours après l’arrêt des bombardements
israéliens sur Gaza, que les chefs d’État arabes se sont réunis à Koweït City
avant de se séparer sans parvenir à une déclaration commune. Illustration de
cette division, la tenue d’un contre-sommet à Doha, une semaine avant la
réunion de Koweït City, mais boycotté par les alliés de Washington (Égypte,
Arabie saoudite, Maroc, Koweït et Émirats arabes unis), réunion qui n’a
rassemblé que quelques pays ainsi qu’une délégation du Hamas et qui s’est
bornée à proposer « le gel » du plan de paix arabe adopté à
Beyrouth en 2002 (1). Même constat de paralysie de ces pays un an après. Sans
stratégie, attendant de Washington une offre qui ne vient pas ou qui tarde à
venir, incapables de se mettre d’accord lors du sommet qui s’est tenu fin
mars au Qatar sur l’aide à la reconstruction de Gaza, ils vont de nouveau se
réunir en Libye en mars prochain. Même la décision égyptienne de construire
un mur souterrain visant à rendre plus hermétique le blocus israélien de Gaza
n’a pas soulevé la moindre indignation d’un quelconque État arabe. Coupés en
trois mondes, comme le faisait remarquer Leila Shahid – Machrek, Maghreb,
Golfe – « et en proie à une crise d’identité réelle », les pays
arabes sont dans l’incapacité d’influer sur le cours des choses. Face à cette
situation, s’appuyant sur l’émotion suscitée dans les opinions arabes par les
atrocités israéliennes, les islamistes entreprennent de structurer patiemment
à leur convenance le champ sociopolitique, et de brouiller les repères en
réduisant le conflit israélo-palestinien à un affrontement ethnico-religieux,
confortant ainsi, de fait, le discours des dirigeants israéliens qui pointent
du doigt la menace islamiste.
Hassane
Zerrouky
(1)
Ce plan propose une normalisation
des
relations avec Israël en échange du retrait israélien des territoires occupés
depuis 1967 et la création d’un État palestinien
avec Jérusalem-Est
pour capitale.
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