Article paru le 9 Janvier 2010 – Page 6
Tel-Aviv bloque les négociations
Par Bruno Odent
Selon la
presse israélienne, le cabinet Netanyahou a établi une fin de non-recevoir
aux propositions palestiniennes dans l’affaire des échanges de prisonniers.
Le pouvoir israélien semble avoir
refermé la porte sur les tractations visant à obtenir la libération de
prisonniers palestiniens, en échange du soldat Gilat Shalit. Ainsi un haut
responsable a confié hier au quotidien Yediot Aharonot que le premier
ministre, Benjamin Netanyahou, serait parvenu « à la limite extrême des
concessions » exigées par le Hamas. L’argument avancé pour refuser la
libération des prisonniers est toujours le même : « Le chef
du gouvernement n’entend pas permettre à des terroristes impliqués dans des
attaques sanguinaires de retourner dans leur foyer, au risque de remettre en
danger la vie des Israéliens. » Il sonne naturellement très étrangement,
à l’heure de l’anniversaire de la guerre contre Gaza qui a coûté la vie à près
de 2 000 Palestiniens et a conduit les habitants
de l’étroite bande de territoire à subir pendant près d’un mois la terreur
d’État israélienne.
L’entêtement de Netanyahou
La radio publique israélienne
confirme aussi ce refus de Tel-Aviv et avance qu’il touche en particulier
Marwan Barghouti, dirigeant du Fatah et personnalité qui paraît pourtant
capable de fédérer une réconciliation palestinienne, si nécessaire à
l’émergence d’un partenaire crédible dans de vraies négociations de paix. Le
cabinet Netanyahou semble donc déterminé à couper court, une fois encore, à
un tel scénario. Signe que les positions des extrémistes continuent de
s’imposer en son sein. Une tendance qui se vérifie aussi dans la persistance
israélienne à donner leur feu vert à l’extension des colonies, en particulier
à Jérusalem. Du côté du bureau du premier ministre, qui avait eu jeudi soir
des consultations avec de hauts responsables en charge du dossier, après
avoir reçu la réponse du Hamas, on se refusait hier matin à tout commentaire.
Netanyahou avait cependant déjà fait savoir, le 27 décembre, qu’il
« n’était pas du tout certain qu’un accord d’échange de prisonniers fût
en vue ». Et cet entêtement n’avait malheureusement pas suscité les
réactions internationales appropriées. Tant s’exprime ainsi une volonté
systématique de barrer la route au processus de paix.
Sur la liste de prisonniers
figure Salah Hamouri
Ces négociations indirectes entre
Israël et le Hamas sur l’échange de prisonniers ont été ouvertes il y a
environ deux mois. Elles sont placées sous le parrainage de l’Égypte, un
médiateur allemand étant chargé de faire passer les messages entre les deux
protagonistes. Parmi la liste de prisonniers figure Salah Hamouri, le jeune
Franco-Palestinien accusé par les autorités israéliennes de menées
terroristes pour avoir, prétendent-elles, comploté contre un rabbin
ultra-orthodoxe, Ovadia Yossef. Salah, qui est en prison depuis 2005, n’a eu
de cesse de clamer son innocence et dénonce, en fait, ce qui s’apparente à un
pur délit d’opinion. Sans, là encore, susciter la mobilisation que l’on
serait en droit d’attendre du Quai d’Orsay.
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