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logohuma-small.gif                        Article paru le 18 Janvier 2010 – Page 14

 

« La politique du chaos profite à Israël »

Entretien réalisé par Françoise Germain-Robin

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Bichara Khader analyse la situation nouvelle au Proche-Orient et la raison pour laquelle Netanyahou peut profiter de la faiblesse des réponses de Washington et de Bruxelles.

Chercheur, spécialiste du Proche-Orient, professeur à l’université de Louvain-La-Neuve en Belgique, Bichara Khader, d’origine palestinienne, répond aux questions de l’Humanité.

Comment expliquez-vous que l’Égypte participe à l’isolement de Gaza en construisant un mur d’acier et en bloquant les convois de solidarité ?

Bichara Khader : Pour la majorité des Arabes, la politique égyptienne est indéchiffrable. En réalité, le régime de Moubarak est préoccupé par sa propre survie, qui passe par la consolidation des liens avec Washington, le maintien du dialogue avec Israël et la mise au pas des Frères musulmans. Moubarak ne veut rien faire qui puisse donner une légitimité au Hamas. Ainsi a-t-il humilié en début d’année des pacifistes de 43 pays, interdits de passage vers Gaza. Sa politique contribue objectivement au châtiment collectif des Gazaouis. Cela explique la colère qui gronde dans le monde arabe.

Pourtant, il ne réagit guère…

Bichara Khader : Cela fait belle lurette que la Ligue arabe a perdu toute crédibilité. Aujourd’hui, le monde arabe est une addition de 22 États gouvernés par des régimes autoritaires davantage préoccupés par la pérennisation de leur pouvoir que par la défense des causes communes, comme celle de la Palestine.

La solution de deux États souverains vous paraît-elle encore possible ?

Bichara Khader : Les Israéliens ont déjà installé plus de 500000 colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Dans les faits, ils ont accaparé plus de 50 % de la Cisjordanie. Ce qui est possible, c’est un État palestinien à souveraineté réduite, sur un territoire fragmenté, sans contrôle ni sur son espace aérien, ni sur ses ressources hydriques, ni sur les frontières extérieures. Nous sommes loin d’une solution juste et équitable, fondée sur la légalité internationale. C’est pourtant vers cela que l’on s’achemine. Les Israéliens préfèrent à la limite un régime d’apartheid imposé qu’un État binational qui, au vu de la démographie, donnerait une majorité aux Palestiniens.

Comment expliquez-vous l’échec d’Obama à faire cesser la colonisation ?

Bichara Khader : On a trop misé sur Obama. Son discours du Caire, le 4 juin 2009, a donné l’impression qu’il allait prendre la question à bras-le-corps et faire plier l’allié israélien. J’avais applaudi, en manifestant mes doutes, que les mois écoulés confirment. Israël a trop d’appuis au Congrès. Et les États-Unis sont trop préoccupés par les séquelles de la crise financière, trop obnubilés par l’Irak et l’Afghanistan pour se concentrer sur la question palestinienne. Les divisions palestiniennes ne facilitent pas la tâche. Netanyahou sait tout cela. La géopolitique du chaos joue en sa faveur. Mais pour combien de temps ?

 

 

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