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Israël a échappé à la récession Jérusalem Envoyés spéciaux Israël a de bonnes
chances d'adhérer en 2010 à l'Organisation de la coopération et de développement
économiques (OCDE). C'est ce qu'a dit Angel Gurria, son secrétaire général, à
la suite de sa visite effectuée mardi 19 janvier, à Jérusalem. S'il y a une
chose dont peut se féliciter le gouvernement de Benyamin Netanyahu, c'est la
manière dont l'Etat juif a traversé la crise économique mondiale. Au
printemps, Stanley Fischer, le gouverneur de la banque d'Israël, prévoyait
une récession de 1,5 %. Le pays a affiché une croissance de 0,5 % quand la
zone OCDE a régressé de 3,5 %. Pour 2010, la banque centrale prévoit une
croissance comprise entre 3,5 % et 4 %. Autres indicateurs encourageants
: un taux de chômage de 7,7 % contre 8,2 % pour les pays de l'OCDE et un
déficit public limité à 4,1 % du produit intérieur brut (PIB) Un bémol
toutefois : une inflation de 3,8 %, ce qui a conduit la banque centrale
israélienne à intervenir. En janvier, elle a relevé son taux d'intérêt de 1 %
à 1,25 % : la troisième hausse depuis septembre. Par ailleurs, le pays accuse
certaines pesanteurs et insuffisances. L'OCDE joue un rôle majeur en matière
de lutte contre la corruption, or c'est précisément là une des faiblesses de
l'économie israélienne : les marchés internationaux concernant l'industrie de
défense sont entachés de corruption, et le gouvernement, sous la pression de
l'institution militaire, ne fait pas grand-chose pour y remédier. Dans un rapport publié mercredi
20 janvier, l'OCDE souligne une autre faiblesse : l'aide sociale. Un peu plus
de 20 % des foyers israéliens vivent en dessous du seuil de pauvreté (11 %
pour la moyenne des pays de l'OCDE). La pauvreté est concentrée chez les
Arabes-Israéliens qui représentent 20 % de la population, dont le taux de
pauvreté atteint 50 %, ainsi que chez les juifs ultra-orthodoxes (8 % de la
population), qui connaissent un taux de pauvreté de 60 %. L'économie israélienne est donc
à bien des égards déséquilibrée, et ce largement parce qu'elle est
inséparable de la situation politique. Même si ce frein ne bride pas le
dynamisme économique du pays, une telle situation n'est pas sans conséquences
sur le niveau des investissements étrangers en Israël. Et notamment les
investissements français. Selon la Banque de France, le stock des
investissements directs à l'étranger (IDE) français était estimé à 1,2
milliard d'euros en 2008 - derrière la Belgique et la Suisse - contre quelque
60 milliards d'euros d'IDE étrangers. Et ces investissements sont dirigés
essentiellement vers l'immobilier résidentiel (60 %). L'industrie, les
transports et le conseil représentent 8,5 % chacun et le secteur financier
7,2 %. Certes de grandes entreprises comme Dassault, Veolia, Thalès ou encore
Decaux y sont implantées depuis longtemps. Mais en général, les entreprises
françaises sont extrêmement frileuses pour investir en Israël. "Il
existe un décalage énorme entre les relations politiques et les relations
économiques entre nos deux pays", avoue Anne-Marie Idrac, secrétaire
d'Etat au commerce extérieur. En visite en Israël, au mois d'octobre 2009,
elle s'était étonnée de ce paradoxe. "Il y a beaucoup à faire avec
les entreprises spécialisées dans la high-tech et le green tech." Le pays dépense chaque année
entre 5 % et 6 % de son PIB dans la recherche et développement (R&D)
contre 2,1 % pour la France. La concentration d'ingénieurs (140 pour 10 000
habitants) est aussi la plus élevée au monde. Et la haute technologie a
remplacé, en vingt ans, les agrumes comme première industrie nationale.
"Tant que l'on est au stade de la recherche fondamentale, les relations
entre les deux pays sont parfaites mais dès qu'il s'agit d'investir, il n'y a
pas grand monde", souligne-t-on à Bercy. Hormis quelques
investissements, comme dernièrement celui de Patrick Drahi, (détenteur du
groupe Numericable-Completel), dans l'opérateur de téléphonie mobile Mirs,
pour 170 millions de dollars, la plupart des start-up israéliennes passent
sous pavillon américain ou se font coter au Nasdaq. En 2008, Israël a levé 2
milliards de dollars de capital-risque (deux tiers venant des Etats-Unis) et
la plupart des géants américains, de Microsoft à Intel en passant par Google,
y ont ouvert des centres de R & D. En dehors des problèmes liés à
la sécurité du pays, la peur des réactions de certains pays arabes ou de
mouvements pro-palestiniens appelant au boycott serait l'une des raisons
invoquées pour expliquer la modestie de ces échanges. "On ressent ce
risque en effet, indique un entrepreneur français installé depuis plus de
vingt ans en Israël. J'ai beaucoup de mal à faire venir des entreprises
françaises. Et si certaines le souhaitent, parfois elles ne veulent pas
apparaître sous leur nom." Laurent Zecchini et Nathalie Brafman |