Article paru le 30 Janvier 2010 – Page 13
L’Union européenne face à Israël, une occasion manquée
d’influer sur le cours des événements.
Par Keltoum Staali,
collaboratrice de la Revue Recherches internationales
Jérusalem, le rapport
occulté,présentation de René Backmann.Éditions Salvator, 2009, 122 pages, 12
euros.
Dans son dernier ouvrage consacré au conflit
israélo-palestinien, René Backmann évoque des rapports restés confidentiels,
élaborés par des diplomates européens en poste à Jérusalem et à Ramallah.
L’auteur s’interroge sur les responsabilités de l’Union européenne par
rapport à la mort du processus de paix au Proche-Orient. Ces documents,
résultats d’entretiens et d’investigations sur le terrain, ont été finalisés
en novembre 2005 puis complétés en décembre 2008 par les chefs de mission.
Ils contiennent des éléments d’information et d’analyse qui auraient pu
nourrir un débat et une réflexion au sein du Parlement européen et permettre
la définition d’une politique européenne commune. Ces documents occultés,
publiés cependant sur le site d’un quotidien britannique, montrent que les
chancelleries européennes étaient parfaitement informées de la réalité de la
vie quotidienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Elles n’ignoraient pas non
plus le programme de colonisation, les discriminations et harcèlements subis
par les Palestiniens, de même que la démolition de leurs maisons. En fait,
ils sont restés lettre morte, puisqu’une partie des représentants des États
membres, Javier Solana en tête, ont refusé de les entériner (Allemagne,
Italie, Pays-Bas…), entre autres pour ne pas interférer dans les élections
israéliennes de mars 2006. Pourquoi l’UE, qui aurait pu faire un usage de ces
rapports au moment où Israël sollicitait un statut préférentiel, a-t-elle
hésité à rappeler à l’État hébreu qu’il devait respecter les engagements pris
dans le cadre de la feuille de route ? Pourquoi l’UE,
dont les positions se fondent sur les principes énoncés dans la
résolution 242 des Nations unies appelant au « retrait des forces
armées israéliennes des territoires occupés », a-t-elle renoncé à tenir
un discours de fermeté vis-à-vis d’Israël ? Les lecteurs
trouveront dans cet ouvrage l’intégralité des rapports que la diplomatie
européenne n’a pas voulu prendre en compte, laissant passer une occasion
historique d’influer positivement sur le cours des événements dans cette
région du monde tourmentée.
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