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Article
paru dans l'édition du 10 février 2010 En Israël, les défenseurs des
droits de l'homme redoutent une
"chasse aux sorcières" Jérusalem Correspondant Les intéressés
parlent de climat de "chasse aux sorcières", et Gideon Levy, éditorialiste franc-tireur
du quotidien Haaretz,
n'hésite pas à dénoncer l'orientation "maccarthyste" du mouvement Im Tirtzu. Se drapant dans la
défense des "valeurs du sionisme", celui-ci a lancé une violente campagne
contre le New Israel Fund (Nouveau fonds israélien, NIV), une fondation qui
finance les principales organisations de défense des droits de l'homme
israéliennes, et sa présidente, le professeur Naomi Chazan. Selon Im Tirtzu, qui
a reçu le puissant soutien du quotidien populaire Maariv, le NIV finance les seize organisations non
gouvernementales (ONG) qui ont fourni "92 % des références négatives" contenues dans le rapport du juge
sud-africain Richard Goldstone, lequel accuse Israël d'avoir commis des "crimes de
guerre" lors de la guerre
de Gaza de décembre 2008-janvier 2009. Connu pour son orientation d'extrême
droite, Im Tirtzu est proche des milieux évangélistes américains. Il vient d'obtenir
une première victoire : Naomi Chazan, qui était depuis dix ans une
éditorialiste respectée du Jerusalem Post, a reçu un courriel lui annonçant que sa
collaboration était terminée. Mais la confrontation n'est pas finie : à la
Knesset, le Parlement israélien, plusieurs députés mènent une offensive
brutale, qualifiant les ONG visées de "traîtres" appartenant à une "cinquième
colonne". Une proposition de
création de commission d'enquête parlementaire a été déposée, dont le but
serait de dévoiler les sources de financement du New Israel Fund. Celui-ci,
qui a été créé en 1979, a son siège à Washington. Il reçoit des donations des
milieux juifs américains, et a versé depuis sa création plus de 200 millions
de dollars à de très nombreuses organisations partageant des idéaux de
démocratie et de justice sociale. On compte parmi
elles B'Tselem, Breaking the Silence, l'Association pour les droits civiques
en Israël, le Comité public contre la torture, Médecins pour les droits de
l'homme, Yesh Din, Adalah, Hamoked, etc., soit les principales organisations
qui défendent les droits des Palestiniens, donnent la parole aux soldats
israéliens muselés par la censure militaire et, d'une manière générale,
mènent le combat de la liberté d'expression. Mouvement de répression Au nom de treize de
ces organisations, B'Tselem a écrit au président Shimon Pérès, au premier
ministre, Benyamin Nétanyahou, et au speaker de la Knesset, Reuven Rivlin,
pour dénoncer une "campagne croissante et systématique". "Une démocratie ne doit pas réduire au
silence les voix critiques ; défendre les droits de l'homme est vital", souligne ce manifeste. Les organisations
humanitaires israéliennes redoutent que la campagne de Im Tirtzu s'inscrive
dans un mouvement plus général de répression, comme celle qui frappe les
militants palestiniens et israéliens qui protestent contre la "clôture
de sécurité" et les expulsions de familles palestiniennes du quartier
Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est. Laurent Zecchini |