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Camouflet d'Israël au vice-président américain Jérusalem Correspondant La visite du vice-président américain, Joe Biden, à
Jérusalem, venu à la faveur de la reprise du dialogue de paix indirect entre
Israël et les Palestiniens pour faciliter les contacts, tourne à la crise
bilatérale israélo-américaine. Mardi 9 mars, le jour même où il commençait
ses consultations, le gouvernement du premier ministre Benyamin Nétanyahou a
annoncé qu'il avait autorisé la construction de 1 600 nouveaux logements dans
la colonie ultraorthodoxe de Ramat Shlomo, située à Jérusalem-Est. A l'aune des relations très privilégiées unissant les deux
pays, la double condamnation de cette escalade dans la colonisation, rendue
publique par la Maison Blanche et par une déclaration écrite de Joe Biden,
est une réaction diplomatique forte, très inhabituelle de la part des
Etats-Unis. Soulignant ainsi le mécontentement américain, M. Biden et
son épouse sont arrivés avec une heure et demie de retard au dîner offert,
mardi soir, par M. Nétanyahou. "Je condamne la décision du gouvernement d'Israël de
projeter de nouvelles unités de logement à Jérusalem-Est. La substance et le
moment de cette annonce, en particulier avec le lancement des pourparlers de
proximité (avec les Palestiniens), sont justement le genre de mesure qui sape
la confiance nécessaire dont nous avons besoin en ce moment précis", a déclaré M. Biden. "Nous devons bâtir une atmosphère pour soutenir les
négociations, et non pas les compliquer", a insisté le vice-président
américain, ajoutant que "des actions unilatérales prises par l'une
des parties ne peuvent préjuger de l'issue des négociations". La Maison Blanche a publié un communiqué similaire, et le
secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a également condamné la
décision israélienne, rappelant que "les implantations violent la loi
internationale". Les Palestiniens ont réagi avec une relative modération.
Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a pris contact avec Amr
Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, les deux hommes se concertant
pour envisager "des mesures politiques urgentes et appropriées pour
répondre à l'escalade et aux provocations israéliennes". L'Autorité
palestinienne a dénoncé une "décision dangereuse qui menace les négociations",
et Saëb Erakat, principal négociateur palestinien, a insisté sur ce point : "Avec
une telle annonce, comment voulez-vous bâtir la confiance ? Cela détruit nos
efforts pour travailler avec George Mitchell (l'émissaire américain pour
le Proche-Orient)." La décision israélienne a été rendue publique par la
commission d'urbanisation du district de Jérusalem, qui est sous l'autorité
du ministre de l'intérieur, Eli Yishaï, par ailleurs président du parti
ultraorthodoxe Shass. Ramat Shlomo est une communauté de 20 000 colons
ultraorthodoxes située au nord de Jérusalem et du côté est de la "ligne
verte", soit la ligne de séparation entre Israël et la Cisjordanie
datant d'avant la guerre de 1967. Les entourages de M. Nétanyahou et du ministre de l'intérieur
ont rivalisé d'explications embarrassées pour tenter de justifier une
décision qui a été accueillie avec incrédulité par les diplomates américains
et européens. Les premiers ont ressenti comme un véritable camouflet pour M.
Biden l'annonce de cette décision contraire à la position de Washington sur
la colonisation, faite durant le séjour du vice-président à Jérusalem. Quelques heures avant, Joe Biden avait réaffirmé "l'engagement
absolu, total et sans réserve des Etats-Unis en faveur de la sécurité d'Israël".
Les conseillers de M. Yishaï ont cependant rappelé que le moratoire partiel
et temporaire sur la colonisation, annoncé par M. Nétanyahou, ne concerne pas
Jérusalem. L'explication d'une initiative intempestive des services
administratifs israéliens était jugée peu convaincante, mercredi, par
plusieurs commentateurs, qui évoquent une "gifle" à
l'administration américaine. Alors que Meir Margalit, élu du parti de gauche Meretz, a
estimé qu'il s'agit d'une réponse de M. Yishaï à la décision de M. Nétanyahou
d'ouvrir des négociations avec les Palestiniens, Akiva Eldar, éditorialiste
du quotidien Haaretz, avance cette explication : soit Benyamin
Nétanyahou "a décidé de faire échouer la reprise des négociations, y
compris au prix d'une crise avec l'administration Obama ; soit il a perdu le
contrôle sur l'une des questions les plus explosives du Proche-Orient". Laurent Zecchini Une
population de colons en constante hausse Cisjordanie.
Le nombre
de colons israéliens vivant dans ce territoire palestinien occupé a progressé
de 4,9 % en 2009. Ce chiffre est en légère diminution, puisque la population
des colons juifs avait progressé de 5,1 % en 2008. Statistiques.
Selon les
chiffres du ministère de l'intérieur rendus publics mardi 9 mars, 4,1 % des
Israéliens, soit 301 200 personnes (sur 7,4 millions d'habitants, en comptant
les Arabes israéliens), vivaient en Cisjordanie à la fin de 2009. Jérusalem-Est. La population juive
établie dans la partie arabe de la Ville sainte était estimée, début 2010, à
environ 200 000 personnes. |