LeMonde.fr avec AFP et Reuters
Jérusalem : Nétanyahou juge "déraisonnables"
les exigences des Palestiniens
23 mars 2010 19h51
A quelques heures d'un entretien très
attendu à la Maison Blanche avec Barack Obama, le premier ministre israélien
Benyamin Nétanyahou est resté inflexible sur la question de Jérusalem. Devant
des dirigeants démocrates et républicains du Congrès, il a estimé mardi 23
mars que l'insistance des Palestiniens à obtenir un gel de la colonisation
juive est "déraisonnable" et de nature à retarder le processus de paix.
"Nous ne devons
pas être piégés par des exigences illogiques et déraisonnables", a-t-il lancé, avant d'ajouter que
l'insistance des Palestiniens à obtenir un gel de la colonisation juive "pourrait
suspendre les négociations de paix pour un an encore". La veille au soir, il avait déclaré devant l'Aipac, le principal groupe
d'influence américain pro-Israël : "Le peuple juif a construit Jérusalem
il y a trois mille ans et le peuple juif construit Jérusalem aujourd'hui [...]. Jérusalem n'est pas une colonie. C'est
notre capitale."
Alors que Benyamin Nétanyahou doit être reçu
à la Maison Blanche à 17 h 30 (22 h 30 à Paris), ces déclarations creusent un
peu plus le fossé entre l'administration Obama et le gouvernement israélien à
propos de Jérusalem. La diplomatie américaine a ainsi réagi aux propos du
premier ministre israélien en réaffirmant que le statut de Jérusalem ne
pourra être résolu que par la "négociation".
"COMPROMIS"
"Au final, les
deux parties auront à faire des compromis sur Jérusalem, les réfugiés, les
frontières et un certain nombre d'autres dossiers", a déclaré Philip Crowley, le porte-parole
du département d'Etat, réaffirmant que la question cardinale autour de
Jérusalem était celle de son "statut final". M. Crowley a également fait part du "désaccord" des Etats-Unis envers l'idée selon laquelle
construire à Jérusalem n'est pas différent de construire à Tel Aviv, à
l'inverse de ce qu'a affirmé récemment Benyamin Nétanyahou.
L'annonce il y a deux semaines d'un projet
de construction de 1 600 nouveaux logements pour des colons juifs à
Jérusalem-Est a incité les Palestiniens à suspendre leur accord pour des
pourparlers indirects sous l'égide de l'émissaire d'Obama au Proche-Orient,
George Mitchell. Elle a également suscité une crise sans précédent depuis
vingt-cinq ans dans les relations israélo-américaines, la secrétaire d'Etat
Hillary Clinton l'ayant jugée insultante pour les efforts de paix américains.
La rencontre avec Obama dira peut-être si
cette crise est durable mais M. Nétanyahou, venu aux Etats-Unis pour
s'adresser à l'assemblée annuelle du principal lobby pro-israélien, s'est
montré ces derniers jours inébranlable.
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