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Le Monde.fr                                          Article paru dans l'édition du 24 Mars 2010, page 6

Devant l’Aipac, Mme Clinton réaffirme l’engagement des Etats-Unis envers Israël

Par Corine Lesnes

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/03/23/devant-l-aipac-mme-clinton-reaffirme-l-engagement-des-etats-unis-envers-israel_1323080_3222.html

 

Il n'y a pas beaucoup de rassemblements où l'apparition de George Bush sur les écrans déclenche des applaudissements enthousiastes. Celui de l'Aipac est de ceux-là. Plus de 7 500 personnes ont assisté, cette année, à la conférence de l'American Israel Public Affairs Committee, le lobby pro-israélien à Washington, un record de participation.

Du temps de George Bush et du vice-président Dick Cheney, les relations étaient sans nuage. Après l'élection de Barack Obama en 2008, l'Aipac s'est prudemment doté d'un président originaire de Chicago, Lee Rosenberg, ex-financier de la campagne d'Obama. Dès son premier discours, dimanche 21 mars, il a pris ses distances. "Des alliés se doivent de gérer leurs divergences en privé", a-t-il affirmé. "L'Histoire montre que quand l'Amérique fait publiquement pression sur Israël, elle fournit un prétexte à ceux qui veulent faire dérailler le processus de paix", a-t-il ajouté.

L'Iran devait être le thème central mais les esprits ont surtout été occupés par la "crise qui n'en est pas une" entre l'administration Obama et le gouvernement de Benyamin Nétanyahou à propos des nouvelles constructions à Jérusalem-Est annoncées pendant la récente visite en Israël du vice-président Joe Biden. Pour beaucoup, la "crise" est une exagération médiatique, ou malintentionnée. "S'il y a une crise, elle est en Iran", a dit Harold Blix, un retraité de Floride, venu avec son épouse et leur petit-fils de 16 ans "qui s'est déjà inscrit pour l'an prochain".

Mais d'autres reconnaissent les difficultés, comme Don Durbin, un homme d'affaires républicain de Philadelphie: "Les relations sont mauvaises. Il y a un manque de confiance. Les Etats-Unis ont l'impression que, pour avoir la coopération des Arabes contre l'Iran, ils doivent résoudre le conflit israélo-palestinien. C'est une erreur."

Aaron Kushner, un jeune venu de Boston, plutôt partisan de Barack Obama, est désolé du malentendu: "Personne ne doute qu'Obama soit attaché à Israël et à la paix. Mais c'est un problème de méthode. Ce n'est pas bon de mettre un coin dans les relations entre Israël et les Etats-Unis. Le monde arabe pense qu'il y a un fossé entre les alliés. C'est parce qu'ils ne comprennent pas ce que c'est que d'avoir la liberté de s'exprimer. Mais cela renforce une impression de faiblesse."

"GESTES CONCRETS"

Un faux communiqué, repris lundi par la radio publique, a fait croire que l'Aipac s'était rallié aux positions de la gauche et soutenait la demande américaine d'un gel de la colonisation. Le piratage a été vite éventé. Dans l'épreuve de force sur les implantations, l'Aipac soutient clairement Benyamin Nétanyahou. Le message du jour a été livré par le directeur exécutif, Howard Kohr: "Jérusalem n'est pas une implantation." Il a été répété avec force par M. Nétanyahou dans son discours du soir: "Jérusalem n'est pas une colonie. C'est notre capitale ! Le peuple juif bâtissait Jérusalem il y a trois mille ans. Il bâtit Jérusalem aujourd'hui."

Dans l'après-midi, Benyamin Nétanyahou a rencontré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton pendant une heure en tête à tête. Il a dîné avec le vice-président Joe Biden. Il devait s'entretenir avec Barack Obama, mardi soir, leur quatrième rencontre en un an – et la deuxième sans photo ou conférence de presse. De ces entretiens pourrait sortir une promesse du dirigeant israélien de faire des "gestes concrets" pour rétablir la confiance en vue du démarrage, plusieurs fois retardé, des négociations indirectes avec les Palestiniens.

Dans son intervention devant l'Aipac, Mme Clinton a pris soin de dire les mots qui rassurent sur l'engagement "solide comme le roc", "sans défaut", "éternel" des Etats-Unis en faveur de la sécurité d'Israël. Elle a rappelé que l'aide pour la sécurité (3 milliards de dollars pour 2011) était en augmentation de 225 millions. Mais elle a aussi répété la position du gouvernement américain, telle qu'elle figurait déjà, en des termes inhabituellement clairs, dans le dernier communiqué du Quartet (Etats-Unis, UE, Russie et ONU), sur le retour aux frontières de 1967. Elle n'a pas caché que "les nouvelles constructions à Jérusalem-Est et en Cisjordanie affectent la confiance mutuelle et mettent en danger la négociation indirecte, première étape vers de véritables pourparlers".

A ceux qui "doutent de la persévérance du président Obama", elle a proposé de considérer l'exemple de la réforme du système de santé votée dimanche après plus d'un an d'efforts (ce qui lui a valu quelques huées malgré les consignes de s'abstenir de manifestations d'hostilité).

Dans les couloirs, les délégués étaient ravis d'avoir entendu que l'administration souhaitait des sanctions "cuisantes" contre l'Iran mais plutôt amers sur l'attitude actuelle de Washington. "Elle n'a rien dit sur Jérusalem, la capitale, a déploré Helen Bix, dont la famille a fui l'Allemagne quand elle avait 3 ans. Les Etats-Unis doivent montrer des convictions. On ne peut pas toujours demander plus à Israël. On a déjà quitté le Liban deux fois. On a quitté Gaza…" Le républicain Don Durbin regrette qu'"Israël soit trop dépendant des Etats-Unis; cela le place en position d'être bousculé", dit-il, en rêvant d'un partenariat avec l'Inde, la Chine ou la Russie…

 

 

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