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Article paru dans l'édition du 24 Mars 2010, page 6
Devant l’Aipac, Mme Clinton réaffirme l’engagement des
Etats-Unis envers Israël
Par Corine
Lesnes Il n'y a pas beaucoup de rassemblements où l'apparition de George Bush sur
les écrans déclenche des applaudissements enthousiastes. Celui de l'Aipac est
de ceux-là. Plus de 7 500 personnes ont assisté, cette année, à la conférence
de l'American
Israel Public
Affairs Committee, le lobby pro-israélien à Washington, un record de
participation. Du temps de George Bush et
du vice-président Dick
Cheney, les relations étaient sans nuage. Après l'élection de Barack Obama en
2008, l'Aipac s'est prudemment doté d'un président originaire de Chicago, Lee Rosenberg,
ex-financier de la campagne d'Obama. Dès son premier discours, dimanche 21
mars, il a pris ses distances. "Des alliés se doivent de gérer leurs
divergences en privé", a-t-il affirmé. "L'Histoire montre
que quand l'Amérique fait publiquement pression sur Israël, elle fournit un
prétexte à ceux qui veulent faire dérailler le processus de paix",
a-t-il ajouté. L'Iran devait être le thème
central mais les esprits ont surtout été occupés par la "crise qui
n'en est pas une" entre l'administration Obama et le gouvernement de
Benyamin
Nétanyahou à propos des nouvelles constructions à Jérusalem-Est annoncées
pendant la récente visite en Israël du vice-président Joe Biden. Pour
beaucoup, la "crise" est une exagération médiatique, ou
malintentionnée. "S'il y a une crise, elle est en Iran", a
dit Harold Blix,
un retraité de Floride, venu avec son épouse et leur petit-fils de 16 ans "qui
s'est déjà inscrit pour l'an prochain". Mais d'autres reconnaissent
les difficultés, comme Don Durbin, un
homme d'affaires républicain de Philadelphie: "Les relations sont
mauvaises. Il y a un manque de confiance. Les Etats-Unis ont l'impression
que, pour avoir la coopération des Arabes contre l'Iran, ils doivent résoudre
le conflit israélo-palestinien. C'est une erreur." Aaron Kushner, un jeune
venu de Boston, plutôt partisan de Barack Obama, est désolé du malentendu: "Personne
ne doute qu'Obama soit attaché à Israël et à la paix. Mais c'est un problème
de méthode. Ce n'est pas bon de mettre un coin dans les relations entre
Israël et les Etats-Unis. Le monde arabe pense qu'il y a un fossé entre les
alliés. C'est parce qu'ils ne comprennent pas ce que c'est que d'avoir la
liberté de s'exprimer. Mais cela renforce une impression de faiblesse." "GESTES CONCRETS" Un faux communiqué, repris
lundi par la radio publique, a fait croire que l'Aipac s'était rallié aux
positions de la gauche et soutenait la demande américaine d'un gel de la
colonisation. Le piratage a été vite éventé. Dans l'épreuve de force sur les
implantations, l'Aipac soutient clairement Benyamin Nétanyahou. Le message du
jour a été livré par le directeur exécutif, Howard Kohr: "Jérusalem
n'est pas une implantation." Il a été répété avec force par M.
Nétanyahou dans son discours du soir: "Jérusalem n'est pas une
colonie. C'est notre capitale ! Le peuple juif bâtissait Jérusalem il y a
trois mille ans. Il bâtit Jérusalem aujourd'hui." Dans l'après-midi, Benyamin
Nétanyahou a rencontré la secrétaire d'Etat Hillary
Clinton pendant une heure en tête à tête. Il a dîné avec le vice-président
Joe Biden. Il devait s'entretenir avec Barack Obama, mardi soir, leur
quatrième rencontre en un an – et la deuxième sans photo ou conférence de
presse. De ces entretiens pourrait sortir une promesse du dirigeant israélien
de faire des "gestes concrets" pour rétablir la confiance en
vue du démarrage, plusieurs fois retardé, des négociations indirectes avec
les Palestiniens. Dans son intervention
devant l'Aipac, Mme Clinton a pris soin de dire les mots qui rassurent sur
l'engagement "solide comme le roc", "sans
défaut", "éternel" des Etats-Unis en faveur de la
sécurité d'Israël. Elle a rappelé que l'aide pour la sécurité (3 milliards de
dollars pour 2011) était en augmentation de 225 millions. Mais elle a aussi
répété la position du gouvernement américain, telle qu'elle figurait déjà, en
des termes inhabituellement clairs, dans le dernier communiqué du Quartet
(Etats-Unis, UE, Russie et ONU), sur le retour aux frontières de 1967. Elle
n'a pas caché que "les nouvelles constructions à Jérusalem-Est et en
Cisjordanie affectent la confiance mutuelle et mettent en danger la
négociation indirecte, première étape vers de véritables pourparlers". A ceux qui "doutent
de la persévérance du président Obama", elle a proposé de considérer
l'exemple de la réforme du système de santé votée dimanche après plus d'un an
d'efforts (ce qui lui a valu quelques huées malgré les consignes de
s'abstenir de manifestations d'hostilité). Dans les couloirs, les
délégués étaient ravis d'avoir entendu que l'administration souhaitait des
sanctions "cuisantes" contre l'Iran mais plutôt amers sur
l'attitude actuelle de Washington. "Elle n'a rien dit sur Jérusalem,
la capitale, a déploré Helen Bix, dont la
famille a fui l'Allemagne quand elle avait 3 ans. Les Etats-Unis
doivent montrer des convictions. On ne peut pas toujours demander plus à
Israël. On a déjà quitté le Liban deux fois. On a quitté Gaza…" Le
républicain Don Durbin regrette qu'"Israël soit trop dépendant des
Etats-Unis; cela le place en position d'être bousculé", dit-il, en
rêvant d'un partenariat avec l'Inde, la Chine ou la Russie… |