Article paru le 29 Mars 2010 –
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Palestine. Le spectre d’une nouvelle guerre
Par Pierre Barbancey
Israël empêche
toute reprise du dialogue avec les
Palestiniens. Benyamin
Netanyahou cherche l’escalade
militaire avec l’Iran. Les
pays arabes haussent le ton.
Les nouvelles en provenance de Tel-Aviv sont de plus
en plus alarmantes. Alors qu’Israël connaît sa crise la plus grave avec les
États-Unis depuis plusieurs décennies, que la communauté internationale, pour
une fois unanime, condamne la poursuite de la colonisation à Jérusalem et en
Cisjordanie, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou accuse
maintenant les Palestiniens de « durcir leurs positions » (sic),
tout en se disant prêt à poursuivre les contacts avec les États-Unis pour
favoriser une reprise du dialogue. « Ils [les Palestiniens – NDLR] ne
montrent pas le moindre signe de modération », explique Netanyahou.
Bruits de bottes
De retour de sa visite à Washington, il a réuni
vendredi son cabinet de sécurité pour élaborer la réponse d’Israël aux
pressions américaines croissantes sur la colonisation. Aucun détail n’a
filtré de cette réunion des sept principaux ministres, mais Netanyahou avait
réaffirmé auparavant qu’il n’y aurait « aucun changement dans la
politique d’Israël concernant Jérusalem, qui est celle menée par tous les
gouvernements israéliens depuis quarante-deux ans ». Ce qui, en soi,
n’est pas faux. Mais ses prédécesseurs étaient plus discrets.
Surtout, il apparaît plus précisément aujourd’hui
que la politique israélienne est susceptible de remettre en cause les
intérêts américains dans la région et représente un danger pour les soldats
américains engagés au Moyen-Orient. Barack Obama a besoin de résoudre le
conflit israélo-palestinien. Pas dans un avenir lointain, mais d’ici deux
ans. Pas plus. Reste maintenant à savoir s’il s’en donnera les moyens.
D’autant que la récente intervention de sa secrétaire d’État, Hillary
Clinton, devant la conférence de l’Aipac (The American Israel Public
Committee, puissant lobby pro-israélien) est plus ambiguë. « Nous ne
pouvons pas échapper à l’impact de la communication de masse », a-t-elle
souligné, reléguant les divergences à un simple accroc entre amis, réservant
ses flèches au Hamas et à l’Iran, appelant de ses vœux des sanctions contre
Téhéran.
La question qui est pourtant maintenant posée est la
suivante : comment contraindre Israël à stopper la
colonisation ? L’impasse est telle que les pays
arabes, réunis en sommet en Libye (lire ci-dessous), se mettent à
« discuter de la possibilité existante d’un échec total du processus de
paix ». D’autant que pour les Palestiniens, il n’est plus question de
reprendre des pourparlers, mêmes indirects. Le premier ministre qatarien,
Hamad Ben Jassem, estime qu’il est temps que « la communauté
internationale assume ses responsabilités », évoquant pour la première
fois des sanctions internationales contre Israël.
Le spectre d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient se
profile. Israël tente par tous les moyens de précipiter une action militaire contre
l’Iran et parle ouvertement de « liquider le régime militariste
pro-iranien du Hamas qui contrôle la bande de Gaza ». Invité de la Ligue
arabe, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays possède
des accords de coopération avec Israël, a prévenu :
« Si Jérusalem brûle, cela signifie que la Palestine brûle. Et si la
Palestine brûle, cela veut dire que le Proche-Orient brûle. »
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