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logohuma-small.gif                                             Article paru le 10 Avril 2010 – Page 14

 

La mémoire d’Henri Curiel, communiste et tiers-mondiste, dans l’embrasement du Proche-Orient

Par Hassane Zerrouky

 http://www.humanite.fr/article2764324,2764324

 

Henri Curiel, Le Mythe mesuré à l’histoire, de René Gallissot,Éditions Riveneuve. 2010,25 euros.

Difficile de résumer en deux feuillets un livre aussi dense que celui consacré à Henri Curiel, assassiné le 4 mai 1978 à Paris. René Gallissot, historien du mouvement communiste international et du Maghreb colonial et post-colonial, essaie à travers les cinq chapitres constituant ce livre de restituer ce qu’ont été l’itinéraire mouvementé et la personnalité complexe d’Henri Curiel, juif égyptien, « un communiste à part », qui crée en 1943 le Mouvement égyptien de libération nationale (Meln), organisé autour de la librairie du Rond-Point au Caire, véritable centre de diffusion du marxisme et « de brochures d’instruction communiste » en arabe. Cette période de sa vie en Égypte constitue une des parties les plus intéressante du livre parce que s’y déroule sous nos yeux de lecteurs ce qu’a été cette Égypte d’avant l’arrivée de Nasser et, surtout, ce qu’a été l’apport de ces juifs progressistes égyptiens, issus de la grande bourgeoisie du Caire et d’Alexandrie dans la diffusion du marxisme, avant qu’ils ne soient expulsés du pays, sur fond d’exode forcé de la communauté juive égyptienne, après la création d’Israël.Expulsé d’Égypte, on retrouve Curiel en France, engagé aux côtés du FLN algérien. Après l’indépendance algérienne, avec l’aide de Ben Bella et le soutien de Ben Barka, avant que celui-ci ne soit assassiné en 1965 à Paris, il s’inscrit pleinement, via l’organisation Solidarité, dans le soutien actif aux mouvements anticolonialistes et de libération des peuples. Mais surtout il joue un rôle, bien avant l’heure, dans le rapprochement entre progressistes israéliens et palestiniens, notamment entre Uri Avnery et Issam Sartaoui, rapprochement qui aboutit à l’organisation d’une série de rencontres durant l’année 1976, année où le directeur adjoint de l’hebdomadaire le Point, Georges Suffert, fait paraître l’article qui présente Henri Curiel comme le patron des réseaux d’aide aux terroristes ! Ces années 1970, avec l’arrivée au pouvoir de Giscard d’Estaing en France, que Gallissot qualifie de « tournant giscardien », sont celles de « l’alliance triangulaire » France-États-Unis-Maroc face à ce qui est considéré comme « le triangle adverse » Algérie-URSS-Polisario. Une « alliance » sur fond d’attentats meurtriers contre les Algériens en France, de luttes souterraines entre services français et algériens et de préparation par le Maroc de la « marche verte », qui lui permettra, avec le concours de l’armée française et de l’Espagne franquiste, d’occuper le Sahara occidental en 1975. C’est dans ce contexte d’anticommunisme ambiant qu’a lieu l’assassinat d’Henri Curiel, revendiqué par un mystérieux commando Delta… Un livre à lire parce qu’il plonge le lecteur dans ces années 1970-1980 faites d’avancées mais aussi de coups fourrés et d’assassinats de progressistes et militants algériens, palestiniens, basques, communistes espagnols, africains. Des meurtres non élucidés.

 

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