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Article paru dans l'édition du
20 avril 2010
Cisjordanie : l'Autorité
palestinienne accuse Israël de chantage sur l'accès à l'eau
Par Laurent Zecchini Shaddad Al-Attili, ministre de l'eau de l'Autorité palestinienne,
savait d'avance que le refus israélien d'accepter toute référence aux
"territoires occupés" palestiniens rendrait très aléatoire
l'adoption d'une stratégie de l'eau à Barcelone, lors de la conférence de
l'Union pour la Méditerranée (UPM) qui s'est tenue le 13 avril. La veille de
son départ, il faisait part de sa colère : "Nous ne sommes pas un
Etat, nous ne sommes pas un "territoire occupé", nous ne sommes
donc rien ?" De retour à Ramallah, il
est amer face à cette "nouvelle crise" et ne voit pas à quoi
pourrait servir le sommet des chefs d'Etat de l'UPM, prévu en juin. "Nous
avons travaillé huit mois pour mettre au point une stratégie de l'eau,
ajoute-t-il. C'est une honte que l'Espagne ait accepté de rouvrir le
projet de texte final accepté par 41 délégations !" S'agissait-il, de toute
façon, d'un échec annoncé ? Le 7 avril, le ministre israélien des
infrastructures, Uzi
Landau, avait déclaré que si les Palestiniens "continuent à
déverser leurs eaux usées et à polluer les rivières et la nappe aquifère,
Israël cessera de leur fournir de l'eau". Les autorités israéliennes
affirment que 73 % des eaux usées par les Palestiniens ne sont pas traitées,
alors que 70 % des eaux utilisées par les quelque 300 000 colons vivant en
Cisjordanie le sont. Or, si les Palestiniens
acceptent que leurs villages soient reliés au réseau national israélien, ils
refusent qu'il en soit de même pour les "blocs de colonies" situés
en Cisjordanie, parce que ce serait reconnaître l'annexion. Shaddad Al-Attili
rappelle, en outre, que les autorités israéliennes refusent toutes les
demandes palestiniennes de création d'usines de retraitement des eaux usées.
Au sein de la commission conjointe sur l'eau, elles conditionnent l'octroi de
permis aux Palestiniens à leur approbation des projets pour les colonies. "Quinze ans après
l'accord intérimaire d'Oslo, je dois encore demander la permission à Israël
pour creuser un puits en Cisjordanie ! Non seulement Israël nous vole l'eau à
laquelle nous avons droit, mais nous sommes obligés d'acheter la sienne
!",
tempête M. Attili. RESSOURCES SUREXPLOITÉES L'inégalité de l'accès à
l'eau est une donnée fondamentale du conflit israélo-palestinien. Depuis la
guerre de 1967, les Palestiniens n'ont pas accès aux eaux du Jourdain et
l'Etat juif exploite 80 % des ressources de la principale nappe phréatique
cisjordanienne, n'en concédant que 15 % aux Palestiniens. S'il est vrai que
ceux-ci surexploitent les ressources à leur disposition, la consommation par
habitant de Cisjordanie est de 22 m3 par an, contre 120 m3
pour un Israélien. Or cette disparité ne peut
que s'aggraver : la population palestinienne progresse d'environ 3,4 % par an
contre 1,8 % pour Israël (en comptant les Arabes-Israéliens). A cette
pression démographique s'ajoute l'augmentation des besoins engendrée par la
croissance économique que connaît la Cisjordanie : l'Etat juif affirme
encourager cette "paix économique", mais n'en tire aucune
conséquence pour l'accès à l'eau, condition du développement. |