|
|
|
Article paru dans l'édition du 23 avril 2010Le "camp de la
paix" juif tente de renaître en Europe
Par Gilles Paris J Street était déjà pris, ce sera donc J Call. Le 3 mai, à Bruxelles, devrait
être créé officiellement un mouvement européen de personnalités juives pour
une paix entre Israéliens et Palestiniens. La similitude avec le mouvement à
la fois pro-israélien et pro-paix américain créé en avril 2008 n'a rien de
fortuit : comme J Street, les fondateurs de J Call s'alarment du blocage
complet des discussions entre les deux camps et soutiennent une intervention
des principaux parrains internationaux pour débloquer un processus politique
totalement encalminé. "L'existence d'Israël
est à nouveau en danger,
écrivent-ils dans "l'appel à la raison" lancé pour
rassembler les rescapés européens du "camp de la paix", autrefois
identifié à la gauche israélienne et qui s'est progressivement effrité avec
la seconde intifada palestinienne. En Israël, les partis sionistes classés à
gauche (Parti travailliste et Meretz) ont chuté à un étiage historique lors
des élections de 2009 en obtenant 16 sièges (sur 120) à eux deux. "Loin de sous-estimer
la menace de ses ennemis extérieurs [l'Iran], nous savons que ce danger se trouve aussi
dans l'occupation et la poursuite ininterrompue des implantations en
Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem-Est, qui sont une
erreur politique et une faute morale. Et qui alimentent, en outre, un
processus de délégitimation inacceptable d'Israël en tant qu'Etat." Cette prise de position
contre la colonisation, singulièrement à Jérusalem, et donc contre la
politique défendue par le gouvernement de Benyamin
Nétanyahou, tranche avec le légitimisme exprimé ordinairement par les
principales organisations juives européennes. Ainsi, le Conseil représentatif
des institutions juives de France (CRIF) défend la position israélienne de
refus d'un éventuel partage de Jérusalem. "L'alignement
systématique sur la politique du gouvernement israélien est dangereux car il
va à l'encontre des intérêts véritables de l'Etat d'Israël", estiment d'ailleurs les
fondateurs de J Call, qui pensent que "la survie d'Israël en tant
qu'Etat juif et démocratique" est "conditionnée par la
création d'un Etat palestinien souverain et viable" et qui appellent
"l'Union européenne, comme les Etats-Unis" à faire "pression
sur les deux parties". Si on se fie au précédent américain de J
Street, la création de J Call devrait alimenter les débats au sein des
institutions juives européennes. |