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Qui sont les Français pro-palestiniens ? La tragédie de la flottille pour Gaza (neuf morts et plusieurs
dizaines de blessés après un assaut israélien) a mis en évidence, en France,
le caractère très composite du mouvement pro-palestinien. Ce mouvement
repose, au niveau de la représentation politique, essentiellement sur la
gauche, l’extrême gauche et les écologistes. Il s’agit d’ailleurs des partis
(Verts et Parti communiste) qui ne sont plus invités, depuis quelques années,
au dîner annuel organisé par le Conseil représentatif des institutions juives
de France (Crif), car jugés trop radicaux. A
droite, des gaullistes "historiques" sont très sensibles à la cause
palestinienne. Quant au Parti socialiste, il figure à part, compte tenu de
son lien historique avec le Parti travailliste israélien, même si certaines
personnalités socialistes, comme la sénatrice Monique Cerisier-ben-Guiga
(représentante des Français à l’étranger), ne font pas mystère de leur
engagement pour la cause palestinienne. Le caillassage essuyé par Lionel
Jospin, alors premier ministre, en février 2000, à l’université palestinienne
de Bir-Zeit, en Cisjordanie, en avait témoigné. Le chef de gouvernement
socialiste avait suscité l’ire palestinienne pour avoir repris à son compte
la position israélienne sur le Hezbollah libanais. A cette époque, Israël
occupait toujours une "zone de sécurité" taillée dans le sud du
Liban. Pour le
Parti communiste, très engagé notamment pour la libération du
franco-palestinien Salah Hamouri,
condamné à la prison pour terrorisme par une cour militaire et détenu en
Israël depuis 2005, l’engagement pro-palestinien s’inscrit dans celui,
historique, pour les autodéterminations. Il s’agit d’un marqueur partagé avec
d’autres formations européennes similaires (comme les députés allemands de
Die Linke, présents sur le bateau turc Mavi-Marmara de la flottille de Gaza). DÉNONCIATION
DE L’AXE DIPLOMATIQUE ISRAËL-ETATS-UNIS Dans les
années 1970 et 1980, cette gauche pouvait trouver des partenaires naturels
dans les partis post-marxistes représentés au sein de l’Organisation de
libération de la Palestine (OLP), les Front populaire et démocratique de
libération de la Palestine (FPLP, FDLP), aujourd’hui en nette perte de
vitesse. Sur
cette question, la position de l’extrême-gauche (Lutte ouvrière et Nouveau
parti anticapitaliste) est assez similaire, avec la dénonciation de l’axe diplomatique
entre Israël et les Etats-Unis. C’est en grande partie du fait de leur
ancrage historique à gauche, du moins pour une partie d’entre eux, que les
Verts prennent également position en faveur du mouvement national
palestinien. José
Bové, alors dirigeant de la Confédération paysanne, avait spectaculairement
brisé, en mars 2002, le siège par Israël de la Mouqata’a à Ramallah, le
quartier général dans lequel fut retranché le chef de l’OLP, Yasser Arafat,
de décembre 2001 jusqu’à sa mort, en novembre 2004. José Bové, par le passé,
a parfois présenté Israël comme une "sentinelle
de la colonisation libérale". CONTRE
LE BOYCOTTAGE DU HAMAS Toutes
les formations françaises défendent la solution des deux Etats, c'est-à-dire
la création d’un Etat palestinien viable aux côtés d’Israël. Sans reprendre
les mots d’ordre du Mouvement de la résistance islamique (Hamas) ni légitimer
le recours à la violence, les partis pro-palestiniens français se sont élevés
contre le boycottage du Hamas par les Occidentaux après sa victoire aux
élections législatives de 2006, considérées comme régulières. La
composante politique de la mouvance pro-palestinienne se double d’un réseau
dense d’associations et d’organisations, qu’il s’agisse de mouvements de
défense des droits de l’homme (Ligue des droits de l’homme), d’associations
de collectivités locales (Association des villes françaises jumelés avec des
camps de réfugiés palestiniens) ou d’ONG comme le Comité de bienfaisance et
de secours aux Palestiniens (CBSP), dont sont membres la majorité des
Français présents dans la flottille de Gaza. Le CBSP, qui a son siège en
France, est interdit aux Etats-Unis pour ses liens supposés avec le Hamas. Ces
associations sont notamment regroupées dans la Plateforme des ONG françaises
pour la Palestine, qui compte 41 membres et observateurs. Il faut mentionner
également le rôle de la Campagne civile internationale pour la protection du
peuple palestinien (CCIPPP), impliquée dans des opérations comme celle de la
flottille et qui coordonne des missions d’observation de volontaires
bénévoles dans les territoires palestiniens, en lien avec d’autres
organisations internationales. Gilles Paris |