Article paru le 26 Juillet 2010 – Page 9
Entretien avec
l'avocate, Lea Tsemel
Par
Pierre Barbancey
http://www.humanite.fr/25_07_2010-entretien-avec-lavocate-lea-tsemel-450541
Lea Tsemel est avocate israélienne au
barreau de Jérusalem. Elle défend tous ceux
qui s’opposent à l’occupation
et revendique le droit à manifester.
Comment la justice israélienne peut-elle
juger des personnes qui manifestaient dans les territoires palestiniens ?
Lea Tsemel. C’est très facile.
Israël a le contrôle de toute la Cisjordanie ainsi que de Gaza. Selon les
accords d’Oslo, les Palestiniens sont seulement en charge de la
sécurité
dans les zones A alors
que les zones B et C sont dévolues aux
Israéliens. Ce qui n’empêche pas Israël d’entreprendre
très
souvent des opérations
en zone A ! La zone où les
Français
ont été arrêtés se trouve en zone C, c’est-à-dire sous contrôle
israélien.
Que dire de l’attitude de la justice
israélienne vis-à-vis de ces groupes d’étrangers venus soutenir pacifiquement
les Palestiniens ?
Lea Tsemel. La question est
la
discrimination. Concernant la zone d’Hébron, où se déroulaient les
manifestations, les colons juifs ne sont absolument pas inquiétés.
Ils
font ce qu’ils veulent alors
que les manifestants palestiniens et ceux qui les
soutiennent
sont
confrontés à l’armée israélienne et que même les démonstrations dans les
villages arabes d’Israël
sont réprimées. Les groupes d’étrangers qui
rejoignent
les
Palestiniens sont traités comme
des Palestiniens et peuvent
être
arrêtés. La différence est
que les Palestiniens sont amenés devant une cour
militaire
alors
que les étrangers ou les Israéliens sont présentés devant
une
cour civile.
Comment les avocats israéliens peuvent-ils
travailler dans ces conditions ?
Lea Tsemel. C’est difficile. Nous
avons cependant réussi à obtenir
que les étrangers ne soient
pas expulsés immédiatement et qu’ils soient autorisés à rester dans le pays.
En revanche, il peut leur être interdit de retourner dans la zone
où
ils ont été arrêtés pendant un certain temps. C’est ce que nous refusons.
Nous posons la question de savoir s’il y a eu une infraction ou non. Parce
que nous posons en réalité la question du droit à manifester. Mais l’armée
israélienne et la police, aux ordres des colons à qui elles obéissent, ne
nous autorisent pas à exercer ce droit légal, celui de manifester. Nous
manifestons quand même.
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