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Les Palestiniens de Burin vivent sous la
pression des colons Publié par la Croix le 4 Août 2010
En Cisjordanie, les
psychologues de Médecins sans frontières soignent les traumatismes de
villageois de Burin et Iraq Burin, soumis à la pression des colons
israéliens. Insomnie, instabilité non
contrôlée des émotions, angoisses, asthénie, dépression, syndromes
post-traumatiques, énurésie… De retour de Cisjordanie, Frédéric Ullmann,
coordinateur de projet pour Médecins sans frontières, énumère la liste des
problèmes psychologiques des patients pris en charge par cette ONG. Les
malades sont des Palestiniens des villages de Burin et Iraq Burin, deux
localités de la région de Naplouse situées au pied des collines. Depuis les
champs, les habitants aperçoivent les colonies israéliennes de Bracha et
Yizhar installées sur les hauteurs. Entre voisins israéliens et
palestiniens, le dialogue est nul et le conflit fréquent. « À trois
reprises en trois mois, j’ai dû évacuer nos médecins des villages attaqués
par des individus venant des colonies, raconte Frédéric Ullmann. Des colons
arrivent à l’improviste, jettent des pierres sur les maisons, coupent des
oliviers, mettent le feu aux champs… Tantôt l’armée israélienne intervient
pour décourager les assaillants, tantôt elle laisse faire. Quand les
Palestiniens déposent plainte auprès des autorités militaires, cela n’aboutit
à rien. » Les témoignages mettant en
cause les colons ultra-orthodoxes de Bracha et Yizhar ne manquent pourtant
pas. Il y a les vidéos des villageois palestiniens formés au maniement de la
caméra par des ONG israéliennes. Il y a des reportages du quotidien israélien
de gauche Haaretz. Il y a enfin les rapports onusiens. D’après le bureau de
coordination des Nations unies (Ocha), Bracha et Yizha représentaient près de
la moitié de toutes les attaques de colons (respectivement le tiers et le
cinquième) recensées en Cisjordanie lors des quatre premiers mois de cette
année. Ces incursions se
traduisent le plus souvent par des actes de vandalisme contre les cultures,
les véhicules, les lieux de culte et même un cimetière. « Selon les
villageois de Burin et Iraq Burin, il s’agit d’une stratégie de harcèlement
pour leur faire abandonner leur terre, rapporte Frédéric Ullmann. Les
colonies de Bracha et de Yizhar ne cessent de grignoter de l’espace. Un mètre
par-ci, un mètre par-là… Elles sont bien défendues par des colons en armes.
Les Palestiniens, d’ailleurs, ne contre-attaquent pas. Ils redoutent les
représailles de l’armée. » Dans leurs discussions avec
les patients, les psychologues de MSF notent que les villageois craignent la
fréquence de ces actions, leur caractère imprévisible. « L’insécurité
engendre une angoisse permanente, notamment chez les femmes et les enfants,
explique Frédéric Ullmann. Ils ont le sentiment d’être livrés à eux-mêmes,
sans savoir vers qui se retourner. Ils ne croient plus en rien et surtout pas
en leurs représentants politiques. On les sent désabusés, privés de ressort.
Profondément las. » Lors des consultations, les
praticiens notent, à l’inverse, un recul de l’angoisse provoquée par les
difficultés aux barrages militaires ou les heurts avec l’armée israélienne.
Les autorités israéliennes ont fortement allégé leur dispositif dans la
région de Naplouse, et les check-points se franchissent en quelques minutes
aujourd’hui. L’armée s’est faite plus discrète, voire invisible dans les rues
de Naplouse. « La vie dans la commune semble normale, note Frédéric
Ullmann. C’est à la campagne que la tension persiste. » |