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Article paru dans l'édition du 19 août
2010 Le Parlement libanais accorde plus de droits
civiques aux Palestiniens Le Liban a corrigé une
injustice historique, qui empoisonnait ses relations avec les réfugiés
palestiniens installés sur son territoire, en accordant à ces derniers des
droits civiques de base. Le texte approuvé mardi 17 août par le Parlement
devrait leur permettre d'accéder à une forme de protection sociale ainsi qu'à
de nombreuses professions que la loi leur interdisait jusque-là d'exercer. Les Palestiniens, dont le nombre au Liban approche 400 000, soit 10 % de la population, seront désormais traités comme tous les travailleurs étrangers. Alors que les restrictions en vigueur les condamnaient à vivoter dans le secteur informel, ils pourront être embauchés en toute légalité au sein d'une entreprise. "C'est un pas dans la
bonne direction, estime Nadim Khouri,
responsable de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights
Watch au Liban. Cela doit s'accompagner de réformes administratives et de
campagnes de sensibilisation auprès des employeurs." Le docteur Ali
Zein, une figure de la société civile, proche de la gauche palestinienne
durant la guerre civile (1975-1990), applaudit également cette première. "C'est
la légalisation d'une situation de fait, car beaucoup de patrons embauchaient
des Palestiniens au noir. Mais c'est très important de légaliser. Si un
Palestinien veut ouvrir une usine, il n'y a en principe plus de
problème." La nouvelle loi ne lève pas
tous les obstacles dressés devant les Palestiniens, arrivés au Liban depuis
la création d'Israël en 1948 et qui vivent pour la moitié d'entre eux dans
des camps surpeuplés et insalubres. Comme tous les étrangers au Liban,
l'accès aux professions libérales nobles, comme médecin ou avocat, leur est
interdit par les ordres qui régissent ces corps de métier. Leur capacité de
voyager à l'étranger est soumise à un dédale de règlements. L'élément le plus
audacieux du projet de loi, l'accès à la propriété privée, a dû être
abandonné du fait du tollé qu'il risquait de provoquer. Dans un pays mosaïque,
parcouru de tensions confessionnelles, dont la survie passe par un savant
dosage des pouvoirs entre sunnites, chiites et chrétiens, toute mesure
susceptible de mener à une naturalisation des Palestiniens, et donc à un
accroissement du poids de la communauté sunnite, suscite une levée de
boucliers immédiate. "Il y a tout un passif, dans le conscient et
l'inconscient collectif libanais à l'égard des Palestiniens, dit
Scarlette Haddad, journaliste au quotidien L'Orient-Le Jour. Beaucoup
de Libanais estiment qu'ils ont voulu créer un Etat dans l'Etat et qu'ils
sont responsables de la guerre civile." "UN TABOU EST
TOMBÉ" Signe malgré tout d'une
relative détente, le projet de loi porté par le gouvernement du sunnite Saad
Hariri a remporté les suffrages de la quasi-totalité des partis. L'opposition
des formations chrétiennes, traditionnellement hostiles aux Palestiniens,
s'est diluée dans les deux blocs à majorité chiite et sunnite qui dominent la
politique libanaise. Les Kataëb et les Forces
libanaises ont suivi la consigne du Courant du futur, le mouvement du premier
ministre Hariri dont ils sont les alliés. Quant au Courant patriotique libre
du général Michel Aoun, il s'est rangé à l'avis de son imposant partenaire,
le mouvement chiite Hezbollah, qui, en tant que champion autoproclamé de la
cause palestinienne, ne pouvait qu'approuver la loi. Une alliance de circonstance,
donc, a permis d'ouvrir une brèche dans le mur de discriminations auquel les
Palestiniens du Liban sont confrontés. "Un tabou psychologique est
tombé, dit Scarlette Haddad. La suite devrait être plus facile." Benjamin Barthe |