|
|
|
Article paru dans
l'édition du 1er Septembre 2010 Le PIB par Palestinien est
inférieur de 30 % à ce qu'il était en 2000
Par Alain Faujas La lecture du rapport de la
Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced)
publié mardi 31 août sur l'assistance apportée en 2009 au peuple palestinien
ne rassure pas sur l'état de santé économique de celui-ci. Et ce, malgré des
statistiques presque flatteuses annonçant une croissance en hausse de 6,8 %
et un taux de chômage en baisse de 1,6 %. Après une année 2008
marquée par la crise économique, l'amélioration aurait dû être plus
substantielle si les acteurs économiques palestiniens n'avaient été pénalisés
par les bouclages pratiqués par les autorités israéliennes, par la
dégradation de l'appareil productif et par l'obligation de recourir à des
devises étrangères (shekel, dollar ou dinar jordanien) qui rendent
prohibitifs les coûts des transactions. Mais la construction du mur
de séparation, l'implantation de nouvelles colonies israéliennes et la
confiscation des terres palestiniennes ont fait aussi sentir leurs effets
délétères. Le taux réel de chômage
dans les territoires occupés serait de 30% et le produit intérieur brut (PIB)
par habitant y demeure inférieur de 30 % à ce qu'il était en 2000, avant
l'Intifada. Selon les auteurs, "la situation est bien pire à Gaza [+1
% de croissance] qu'elle ne l'est en Cisjordanie [+8,5 %], où l'économie
souterraine et informelle a connu un essor sans précédent pour compenser
l'effondrement du secteur productif". UN TERRITOIRE CORSETÉ L'économie des territoires
occupés est largement dépendante de celle d'Israël. Leur déficit commercial à
l'égard de leur plus proche voisin représente 65 % de leur déficit total. Il
a atteint 2,6milliards de dollars (2 milliards d'euros) en 2009, soit un
chiffre supérieur aux 2,4 milliards de dollars d'aide internationale versés
annuellement aux Palestiniens. Cette aide profite donc indirectement et en
priorité… à Israël. Le rapport affirme que – quoique
"vitale" – l'aide des donateurs au peuple palestinien "ne
sera économiquement efficace que lorsque les autorités israéliennes lèveront
les mesures de bouclage et le blocus de Gaza". Deux calculs le
prouvent. D'abord, l'addition des coûts indirects de la guerre, du blocus de
Gaza et des bouclages en Cisjordanie se situe entre 600 et 800 millions de
dollars par an, soit 13 % du PIB. Si l'on y ajoute les coûts des dégâts
causés par l'intervention militaire israélienne à Gaza en 2008-2009, les
pertes totales s'élèvent à 3,1 milliards de dollars pour la période
2008-2010. D'autre part, la Cnuced a
calculé qu'une injection de 1,6 milliard de dollars d'aide à l'investissement
public entre2010 et 2012 entraînerait une hausse annuelle du PIB palestinien
inférieure à 1 % en moyenne, si le corset sécuritaire était maintenu tel
quel. En revanche, la même somme
dépensée, cette fois, dans un contexte d'apaisement avec levée du blocus de
Gaza et assouplissement du bouclage de la Cisjordanie générerait une
croissance annuelle de 14 % et pourrait créer 80 000 emplois par an. |