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logohuma-small.gif                                            Article paru le 4 Septembre 2010 – Page 6

Annonces cosmétiques au sommet de Washington

Par Pierre Barbancey

http://www.humanite.fr/03_09_2010-annonces-cosm%C3%A9tiques-au-sommet-de-washington-452825

 

Benyamin Netanyahou et Mahmoud Abbas, réunis lors d’un sommet sous l’égide de Barack Obama, s’engagent à se retrouver en Égypte, à la mi-septembre, dans l’objectif d’un accord-cadre.

Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, se sont engagés, lors de la première journée de « négociations », à se rencontrer toutes les deux semaines dans l’année qui vient pour rechercher la paix au Proche-Orient. Le prochain rendez-vous est prévu les 14 et 15 septembre, dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh. Une annonce cosmétique qui a surtout servi le président américain Barack Obama. Il s’est dit « encouragé » par l’attitude des deux dirigeants à Washington, au cours de leurs premiers pourparlers de paix depuis vingt mois.

 

Vers un accord-cadre

Netanyahou et Abbas se sont mis d’accord, jeudi, sur une méthode après environ 80 minutes de discussion. Selon George Mitchell, l’émissaire américain pour le Proche-Orient, ils estiment que « la prochaine étape logique serait de commencer à travailler à un accord-cadre en vue d’un statut permanent ». Pour Mitchell, « l’objectif d’un accord-cadre sera d’établir les compromis nécessaires, qui leur permettront de donner corps – et de faire aboutir – à un traité global qui mettra fin au conflit et établira une paix durable pour Israël et les Palestiniens » (sic).

Selon Nabil Chaath, un responsable palestinien, Abbas et Netanyahou se seraient entendus pour « discuter en premier de la question des frontières ». Mais, si l’on en juge par les déclarations préliminaires devant la presse, c’est plutôt un dialogue de sourds qui a prévalu. « Reconnaissez Israël comme l’État-nation du peuple juif », a demandé le premier ministre israélien à Mahmoud Abbas. « Cessez complètement la colonisation et l’embargo à Gaza », lui a répondu ce dernier. « Si Netanyahou annonce le 26 une reprise des activités de colonisation, nous nous retirerons des négociations. Notre position est claire et ferme », affirme Nabil Chaath.

 

Pression américaine

Qui croit vraiment à ces négociations directes? Chez les Palestiniens, on fait remarquer que la conférence d’Annapolis, en novembre 2007, était déjà censée régler la question. Mais lorsque les discussions ont été interrompues, à cause de l’opération militaire contre Gaza, aucune étape n’avait été franchie. Aujourd’hui, c’est pire: Netanyahou est l’un des pires faucons qu’Israël ait connu, le blason de Mahmoud Abbas est terni et le Hamas, secondé par des groupes armés, jette de l’huile sur un feu déjà bien fourni par l’occupation. Pour Samir Awad, professeur de sciences politiques à l’université de Birzeit en Cisjordanie, « les Palestiniens et les Israéliens n’accordent pas beaucoup d’intérêt aux négociations, qui n’ont repris que sous la pression américaine ».

Enfin, l’Europe, une fois de plus, montre sa pusillanimité et se contente d’approuver un processus que d’aucuns considèrent comme mort-né. Depuis le début de l’année, Nicolas Sarkozy a fait part à plusieurs reprises de sa volonté de relancer ce dialogue direct, annonçant une « initiative » franco-américaine pour « l’automne ». Sans doute au sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM), programmé pour la fin novembre sous coprésidence franco-égyptienne. Mais sans pressions sur Israël, c’est-à-dire sans la mise en place de sanctions, on voit mal les incantations internationales changer la donne au Proche-Orient.

 

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