Article paru le 15 Octobre 2010 – Page 13
Boycott des colonies pas
illégal
Par Françoise Germain-Robin
La plainte contre une sénatrice jugée
pour avoir appelé à ne pas acheter des produits des colonies israéliennes a
été déclarée irrecevable.
«Touchez pas à ma sénatrice !»,
«C’est Israël qu’il faut juger !», «Boycott des
colonies !» Ces slogans, criés par plusieurs
centaines de militants hier devant le tribunal correctionnel de Pontoise, ont
dû chatouiller les oreilles des juges devant qui comparaissaient Alima Boumediene-Thiery, sénatrice du groupe Vert, et
Omar Slaouti, membre de la direction du NPA. Le
tribunal a jugé la plainte irrecevable.
Les deux inculpés étaient poursuivis pour avoir
participé à une action parfaitement symbolique et pacifique :
coller des étiquettes dans un magasin mettant en garde les acheteurs
éventuels contre des produits venant des colonies israéliennes. Donc,
illégaux selon la loi européenne, puisqu’ils portent faussement l’étiquette
«Israël» alors qu’ils viennent de Palestine occupée.
La poursuite engagée pour «provocation publique à
la discrimination » était d’autant plus scandaleuse qu’Alima Boumediene-Thiery est une élue. C’est ce qu’ont
souligné des élus venus lui apporter leur soutien, dont la vice-présidente du
Sénat Catherine Tasca, Nicole Borvo
et Patrick Braouezec, Marie-Christine Viergeat et Patrick le Hyaric.
Elle est aussi inacceptable pour tous les autres,
simples militants des droits humains qui subissent le même sort dans toute la
France pour avoir osé dénoncer la colonisation israélienne. Un crime pour
l’auteur principal de ces plaintes, Sammy Gozlan,
qui dirige le BNVCA (Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme)
dont l’un des objectifs déclarés est de « défendre l’image
d’Israël », cet ancien commissaire de police n’hésitant pas à
poursuivre pour antisémitisme un rescapé de Buchenwald, l’ambassadeur
Stéphane Hessel, qui a lancé un appel vibrant à se dresser contre des
procédés qui relèvent du procès politique.
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